Saint-Étienne. Entre le 28 aout et le 3 septembre, le 115 a reçu 674 appels pour des hébergements d’urgence. 236 ménages sont identifiés. 223 n’ont pas eu de solution. 143 dormaient à la rue. 83 enfants.
Lundi 4 septembre, 9h00. Diana et Samuel se présentent dans une des écoles du centre ville de Saint-Étienne, avec leur maman. La famille a passé l’été dans la rue, après sa sortie forcée de l’Hébergement d’Urgence pour Demandeur.euses d’Asile -HUDA- de la ville voisine. La maman ne le sait pas, mais elle vient d’arriver dans un établissement où les parents et les enseignant.es ont monté il y a presque 10 ans un comité de soutien qui héberge aujourd’hui encore 3 familles de l’école. Malheureusement, le comité n’a plus de logement à disposition et peine à en trouver des nouveaux.
Mercredi 13 septembre, 16h30. La famille s’approche timidement du portail de l’école. La nuit dernière a été froide et humide, l’été touche à sa fin. La maman demande un refuge aux enseignant.es. Dans l’urgence, un Airbnb est réservé pour 3 nuits. Le temps de se reposer pour les un.es et de chercher une solution pour les autres. Mais des solutions, il n’y en a pas. Le 115 répond toujours par la négative, la préfecture connait la famille mais estime qu’elle ne répond pas aux critères de vulnérabilité, l’inspection académique ne peut rien faire, les associations sont saturées et les propriétaires frileux·euses.
Lundi 25 septembre, 18h00. Des parents d’élèves occupent l’école, bâtiment municipal, afin de mettre la famille à l’abri. Une banderole est installée, la presse contactée. La salle des maitre·sses servira de cantine, le gymnase de dortoir. Gaël Perdriau, toujours maire de la ville, explique dans un courrier adressé aux parents, que l’école n’est pas un "local de sommeil". Les parents s’organisent tout de même pour être présent.es dans l’école en dehors du temps scolaire, et ce jusqu’à ce que la préfecture trouve une solution d’hébergement pour cette famille. 2 enfants mis·es à l’abri.
Et les autres ? Pourtant, la France est signataire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Aussi, le Code de l’Action sociale et des familles stipule « Toute personne en situation de détresse a accès, sans aucune condition de régularité de situation, à tout moment à un hébergement d’urgence. » Monsieur le Président Macron, qui file aujourd’hui encore sa longue métaphore de la guerre, disait dans son discours du 27 juillet 2017, « La première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus. C’est une question de dignité, c’est une question d’humanité et d’efficacité là aussi. »
L’efficacité, c’est celle des parents qui ont décidé que l’hébergement d’urgence auquel la famille a droit serait l’école. En attendant que la préfecture fasse mieux.
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