Ce grand nombre de personnes à la rue a amené de nombreuses Stéphanois·es solidaires à occuper avec les exilés la bourse du travail. Au bout de 10 jours, les 120 occupant·es sont expulsé·es sans solution d’hébergement pour la plupart. Un bâtiment de l’université Jean Monnet est occupé dans la foulée pour ne laisser personne à la rue, il sera expulsé au bout de deux jours. Lors de cette l’expulsion, un camion grue de la ville de Saint-Étienne est amené sur place pour jeter les matelas, couvertures et duvets…
À la mi-avril, la maire de la Talaudière ouvre les locaux d’une piscine désaffectée pour mettre nombre d’exilés à l’abri.
L’ouverture d’un squat dans les anciens locaux de La Poste du quartier de Solaure fin avril aura permis d’améliorer quelque temps la vie des personnes dans les locaux de la piscine de la Talaudière.
Si certaines personnes ont trouvé des solutions de logement grâce au réseau citoyen ou ont été hébergées au compte goutte par le 115 et l’OFII [1], d’autres personnes sans-abri sont arrivé·es à la piscine de la Talaudière qui n’a jamais désempli. Une tentative de mobiliser les communes de Saint-Étienne Métropole a eu lieu pour trouver des solutions à plus large échelle (mais surtout à Saint-Étienne) ; sans succès. Le Droit au Logement inconditionnel n’est pas appliqué et la loi, garantissant un hébergement aux exilés en procédure de droit d’asile n’est pas respectée.
L’automne arrive, le froid aussi, mais le thermomètre ne descend pas en dessous de -5° et le plan froid tarde à être mis en œuvre. Les autorités savent pertinemment qu’en accord avec la Mairesse, il est prévu de quitter la piscine de la Talaudière au 31 octobre. Les conditions de vie auraient été intenables, même avec toute l’aide et la bonne volonté des solidaires.
Aussi, une partie du collectif des occupant·es de la bourse trouve un arrangement avec la propriétaire d’un hôtel inutilisé au Chambon-Feugerolles. Avec une association, nous signons un bail gratuit de cinq mois qui permet aux exilé·es de passer l’hiver. En soi, c’est une sorte de CADA qui accueille la quarantaine de personnes qui étaient à la Talaudière jusqu’au 31 octobre, sans distinction de nationalité ou de situation administrative. Les chambres sont trop remplies mais les conditions de vie sont bien meilleures qu’à la Talaudière. Le travail et les responsabilités qui incombent normalement aux autorités sont endossés par l’association et ses membres qui y viennent très régulièrement. Malgré les nombreux travaux et aménagements réalisés pour les normes et la sécurité, l’association est sommée par un arrêté municipal d’expulser les habitant·es et de fermer le lieu car il ne respecte pas les normes ERP (établissement recevant du public). Lors de ces 5 mois, une petite moitié des habitant·es trouvent des solutions de logements, souvent précaires. En parallèle, et malgré toutes les tentatives de dialogue, nous découvrons rapidement que la propriétaire de l’hôtel n’était pas aussi bien intentionnée qu’il n’y paraissait. Cet hôtel n’est qu’un bien immobilier parmi une centaine d’autres en sa possession.
Suite au coronavirus, la prolongation de la trêve hivernale repousse au 31 mai l’échéance prévue par le bail. Mais le confinement permet beaucoup moins aux solidaires de venir en aide aux habitant·es. Nous sommes absolument incapables de gérer les mesures à prendre si ce virus touchait des habitant·es.
Après quelques semaines d’organisation, le 115 met en place une mise à l’abri dans l’internat du lycée Fauriel ou iront – entre autres – les habitant·es de l’hôtel. Le danger lié au Corona virus aura amené les autorités à faire – temporairement – ce que nous réclamons depuis plus d’un an : des mises à l’abri en hôtel, appartement, et structure collective. Ceci reste totalement insuffisant au regard des besoins. Les personnes qui vivent en squat ne peuvent se permettre de quitter leurs habitations pour des hébergements qui prendront fin quand la menace du covid-19 s’éloignera.
Tout au long de cette année, l’action du collectif de la bourse s’est élargie sur nombre d’autres situations : soutien à d’autres lieux occupés, remontée d’infos alarmantes afin d’améliorer les situations, soutien aux familles dans la grande précarité.
En lien avec plusieurs associations, le collectif des occupant·es de la bourse exige toujours que des solutions pérennes soient mises en place pour tout le monde.
Les plans d’urgence prolongés, amplifiés et déjà saturés en cette période de coronavirus vont progressivement prendre fin. Actuellement nous constatons que certains acteurs institutionnels (particulièrement le département de la Loire) mettent à la rue des exilé·es. Ceci se fait au compte-gouttes, discrètement.
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