Mais, depuis le jeudi 21 mars, les choses se sont accélérées. L’expulsion révoltante du squat dit « la maison bleue », suivie de la fermeture du foyer « Les Lauriers » qui hébergeait 90 personnes cet hiver le lundi 1er avril, ont fait débordé le vase de l’exaspération. Une grande majorité des personnes qui avaient trouvé refuge dans ces locaux sont des demandeurs d’asile et l’état français a le devoir de les loger, d’autres sont extrêmement malades ou faibles (bébés en très bas age, personnes handicapées, etc.). Nous ne pouvions plus panser les défaillances de l’état par la seule solidarité individuelle et, lundi 1er avril à l’issue d’une réunion sans solution valable, nous avons décidé de rester dans les locaux de la Bourse du travail avec les personnes sans abri, sans demander l’accord préalable aux syndicats qui avaient accepté d’héberger notre réunion.
Cela fait donc une semaine que la Bourse du travail est occupée par des personnes sans-abri, chaque jour plus nombreus·es car envoyé·es par les services sociaux et les hôpitaux qui manquent de moyens. D’une petite quarantaine hébergée lundi, nous estimons à environ 110 le nombre de personnes qui y dorment tous les soirs (déjà 41 ont déposé des dossiers à la préfecture). Nous sommes bien conscient·es que la situation est explosive et qu’elle ne peut pas durer, mais c’est à l’état et à la municipalité de trouver des solutions à des problèmes qu’ils ont eux même créés. Nous ne ferons pas de propositions.
En fermant les logements d’urgence hivernale sans aucune solution d’hébergement derrière, en acceptant des procédures d’expulsions sur des maisons inutilisées qui appartiennent à des sociétés off-shore, en rendant les conditions d’asile de plus en plus inhumaines, ce sont bien les pouvoirs publics, et non pas les citoye·nes solidaires qui créent la situation actuelle. En refusant tout dialogue avec les occupant·es et en portant plainte contre l’occupation plutôt que de prendre leurs responsabilités, c’est bien le maire Gaël Perdriau et le préfet de la Loire, Richard Evens, qui cristallisent la situation. Il faut rappeler que la grande majorité des hébergé·es sont connu·es des pouvoirs publics et auraient donc dû être logé·es. D’autre part les organisations syndicales et les associations ont demandé à plusieurs reprises à être reçues par le préfet et le maire – aucune réponse ne leur a été faite à ce jour. M Ziegler a, de son côté, affirmé que le conseil départemental prend en charge les femmes enceintes et les jeunes enfants, ils sont pourtant nombreux à la bourse du travail à ne pas être pris en charge.
Pourtant, nous savons que des solutions existent.
L’ouverture annuelle du foyer des Lauriers, un moratoire sur les expulsions de squats dans les bâtiments inoccupés, la mise à disposition de locaux municipaux pour l’hébergement des personnes en exil, etc. Les pouvoirs publics pourraient avoir le courage d’un accueil digne et humain. Quand on sait que l’immigration ne représente en France que 0,3 % de la population et que Saint-Étienne, forte de ses 13 000 logements vacants, pourrait accueillir 17 % de ménages en plus et toujours avoir la place de loger tout le monde, on comprend que le refus de la Mairie de répondre au problème est purement politique. La métropole, qui dans le même temps fait des pieds et des mains pour attirer de nouveaux habitants fortunés dans son agglomération, se refuse au minimum de défense dans l’accueil des personnes qui en ont besoin.
Compléments d'info à l'article