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Publié le 23 novembre 2006 | Maj le 30 avril 2020

Le procès des deux manifestants contre Minatec


Le procès des deux manifestants contre Minatec a eu lieu lundi 20 novembre 2006 dans l’après-midi, au Tribunal correctionnel de Grenoble. Deux cent cinquante personnes s’étaient déplacées en soutien. Verdict : les deux manifestants ont finalement été relaxés.

Voici un communiqué des deux manifestants suite au procès :

Notre relaxe marque pour nous la fin d’un cycle qui a débuté le 2 juin dernier dans un sordide fourgon de police pour s’achever hier dans une salle du Tribunal correctionnel.
De ce « voyage répressif », nous retiendrons le sadisme de certains policiers, la puanteur des cellules, l’humiliation de la fouille au corps et de la perquisition, la pression suite à notre refus de prélèvement ADN, la pénible et surréaliste ambiance du Tribunal, l’infantilisation face aux juges et au procureur ; mais aussi, et surtout, nous retiendrons la solidarité collective, le soutien par la présence et la pensée, tous les liens forts d’entraide partagés.

Cette relaxe doit beaucoup à la cinquantaine de témoignages
écrits reçus, aux 250 personnes qui sont venues nous soutenir au Tribunal et à la très bonne plaidoirie de notre avocat. Nous enverrons dans les jours qui viennent sur Indymedia Grenoble un récit détaillé de notre procès, histoire de partager les moments intenses vécus hier.

Ce verdict, s’il nous apporte un soulagement personnel, ne diminue cependant pas notre colère et notre volonté de changement social. Ce procès a été pour nous l’occasion de remettre en lumière les raisons pour lesquelles nous avons manifesté le 1er juin dernier : une recherche scientifique au service des profits industriels et de la puissance militaire ; une course au high tech qui méprise ses conséquences sociales et environnementales ; de nouvelles technologies de contrôle social qui feront l’omnipotence des Pinochet du futur.

Ce qui s’est passé en juin dernier préfigure une société techno-totalitaire, un Etat qui étouffe toute résistance par la force des CRS et de leurs grenades, de la BAC et de leurs flashballs, des RG et de leurs indics. Ou, plus insidieusement, une société qui éteint l’esprit critique par les campagnes de « com », les débats sans enjeux, les postures pseudo-critiques des décideurs politiques, les comités d’éthique oligarchiques, autant de dispositifs d’acceptabilité pour éviter le « scénario OGM » et éloigner la population des réels centres de décision, d’une réelle information.

Face à la destruction de notre environnement, face au pillage des pays du Sud, face à la misère psychique et aux inégalités sociales d’une France « à la pointe du progrès », nous n’avons pas besoin de Minatec et de ses frigos intelligents, de Minalogic et de ses écrans toujours plus plats, du Techno-Sillon-Alpin et de son tunnel sous la Bastille ; nous avons besoin de renouer avec la politique, la réflexion sur la société que nous voulons pour nous et nos enfants, la résistance en actes et en pensées.

De janvier à juin 2006, l’Opposition Grenobloise aux Nécrotechnologies a montré qu’en se regroupant à quelques dizaines, avec un budget ridicule, en organisant une soixantaine de réunions d’information et en diffusant des milliers de documents, il est possible de faire vaciller l’image lénifiante des nanos, construite à coup de centaines de milliers d’euros et de cabinets publicitaires ; de transformer l’inauguration pompeuse de Minatec en échec médiatique. L’inlassable travail d’enquête de Pièces et Main d’Oeuvre, mais également toutes les actions de résistance -occupation du chantier de Minatec en décembre 2004, nombreuses soirées d’information, diffusion de canulars comme le « Faux Métroscope », « Libertys » ou « Tunnelis »...- montrent qu’il est possible de résister au « système technicien » que dénonçait déjà Jacques Ellul dans les années 70.

Parce que nous refusons de rentrer dans la logique de l’Etat qui, en choisissant d’arrêter quelques manifestants sur mille, cherche non seulement à criminaliser les mouvements politiques, mais également à les personnifier, nous n’avons pas pris la parole publiquement devant les médias présents lors du procès (M6, France3, Le Daubé, Télégrenoble, l’AFP, etc.). Pour nous, ce procès était avant tout celui de Minatec ; le procès de l’Etat, des industriels et des militaires ; le procès d’une organisation sociale qui détruit le Bien commun.

Pour terminer, nous vous invitons à deux futurs procès : le 10 janvier 2007, pour soutenir les deux autres personnes inculpées lors des évènements contre Minatec ; et, vraisemblablement, notre possible futur procès pour « refus de prélèvement ADN ».

ci-joint, un commentaire vu sur indymedia grenoble :

5 heures dans la salle des Pas Perdus du Tribunal. Merci Madame la Présidente de l’audience, qui a refusé l’entrée du public debout (à genoux on aurait pu ?) dans la salle d’audience. Au bout de 5 heures de présence obstinée de ce public têtu, elle s’est souvenu qu’un procès est largement public. Puis elle a dit que le public c’était des jeunes (merci pour les moins jeunes qu’elle n’imagine que devant Les chiffres et les lettres, au mieux). Infantilisation ? Je la cite : « Vous là -bas vous avez ri, oui avec l’écharpe rouge(!), sortez ! ». La justice doit être sereine, c’est le syndrome Royal. Le procureur, paternel donc forcément plus conceptuel, s’est tourné vers nous pour parler d’un procès -je cite- « pédagogique ». De la manifestation traitée comme une poussée d’acné ou une dissertation hors sujet.
Jusqu’au bon vieux procédé fasciste : diviser pour régner : le procureur demande la relaxe pour l’un, une condamnation pour l’autre des co-inculpés, aussi co-locataires, en misant sur des débats tendus le soir-même pour la corvée de vaisselle.
Relaxe mais attention au retour de bâton le 10 janvier pour des plus anonymes, avec un motif d’inculpation plus polémique selon certains. Toujours diviser pour régner : les débatteurs, même dérangeants, d’un côté et les « casseurs » de l’autre. Il faudrait les mêmes medias et le public, mais en se préparant à être canalisés cette fois sur la place et les escaliers comme c’est déjà arrivé. Ce qui serait inacceptable.

Les deux manifestants jugés le 20 novembre dernier :
procesminatec[AT]no-log.org

au tribunal
tract

Proposé par mario
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