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Publié le 2 août 2003 | Maj le 4 mars 2018

José Bové a été libéré samedi en début d’après-midi de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone


Le leader de la Confédération paysanne était détenu depuis le 22 juin après sa condamnation à dix mois de prison ferme pour la destruction de plants de maïs transgéniques.
José Bové participera au rassemblement du Larzac du 8 au 10 août.

MAIS :

N’oublions pas ceux qui sont encore derrière les barreaux (René Riesel et d’autres. On peut l’étendre aussi aux militants récemments incarcérés et aux multiples opérations violentes de la police contre ceux qui mènent des actions directes contre le capitalisme.

N’oublions pas ceux qui vont bientôt les rejoindre (neuf militants de la Confédération paysanne ont été interpellés suite à une action de neutralisation d’un champ de mais transgénique le 22 juillet à Guyancourt (Yvelines) : Nicolas Duntze, Hubert Caron, Geneviève Savigny, René Louail, Léo Mertens, Pierre Machefert, et Dominique Macé). Et nous, et nous !
Samuel.

Comme tout cela ressemble à cela :

Joseph Ettor, un responsable de l’IWW, affirmait que « si les travailleurs du monde entier [voulaient] l’emporter, il leur [suffisait] de prendre conscience de leur solidarité, de croiser les bras pour que le monde soit paralysé. Les travailleurs sont plus puissants avec leurs mains dans les poches que tout l’argent des capitalistes. »

C’était une idée extrêmement puissante. Au moment même où la croissance capitaliste devenait fantastique et les bénéfices énormes, et au cours des dix années captivantes qui suivirent sa création, l’IWW représenta une menace pour la classe capitaliste.

Officiellement, l’IWW ne compta jamais plus de cinq ou dix mille membres en même temps. Les gens allaient et venaient, mais on peut néanmoins estimer à cent mille environ le nombre total des membres de l’IWW. Leur énergie, leur persévérance, leur force de conviction, leur capacité à mobiliser des milliers de personnes en un lieu et à un moment précis leur conféraient un poids dans le pays sans rapport avec leur effectif réel. Ils voyageaient partout et nombre d’entre eux étaient des travailleurs itinérants ou sans emploi. Ils militaient, écrivaient, discouraient, chantaient et pour finir propageaient leur idéal et leur message.

Ils furent la cible de toutes les armes dont le système pouvait disposer : la presse, les tribunaux, la police, l’armée, la violence de rue. Les autorités locales votèrent des lois pour les empêcher de s’exprimer mais les Wobblies défièrent ces lois. À Missoula (Montana), un pays de scieries et de mines, des centaines de membres de l’IWW arrivèrent dans des wagons de marchandises après que certains d’entre eux eurent été empêchés de s’exprimer. On les arrêta les uns après les autres, tant et si bien qu’ils finirent par encombrer cellules et tribunaux, contraignant la ville à abroger son arrêté interdisant la prise de parole en public.

À Spokane (Washington), en 1909, un arrêté fut voté qui interdisait les rassemblements sur la voie publique. En conséquence, un membre de l’IWW qui tenta néanmoins de s’exprimer fut arrêté. Des milliers de Wooblies convergèrent vers le centre-ville. Ils prirent la parole l’un après l’autre et furent arrêtés. Bientôt, six cents d’entre eux se retrouvèrent derrière les barreaux. Les conditions de détention étaient terribles et plusieurs personnes moururent dans leurs cellules, mais l’IWW retrouva sa liberté d’expression.

En 1911, la lutte pour la liberté d’expression se transporta à Freno (Californie). Le Call de San Francisco écrivit que c’était « une de ces étranges situations qui éclatent soudainement et sont difficiles à comprendre. Quelques milliers de gens, dont l’activité est de travailler avec leurs mains, se mettent en route et voyagent en fraude, affrontant les pires difficultés et risquant mille dangers pour venir se faire mettre en prison ».

En prison, ils chantaient, criaient et haranguaient à travers les barreaux de leurs cellules des groupes rassemblés à l’extérieur. Selon Joyce Kornbluh, qui a publié une remarquable collection de documents de l’IWW, Rebel Voices,

ils discutaient à tour de rôle de la lutte des classes et entonnaient des chants de l’IWW. Lorsqu’ils refusaient de se taire, le geôlier appelait les pompiers et ordonnait qu’on les arrosât avec les lances à incendie. Les hommes utilisaient leurs matelas comme boucliers et le calme ne revenait que lorsque l’eau glacée atteignait les genoux des prisonniers.

Lorsque les autorités de la ville apprirent que des milliers d’autres militants prévoyaient de s’y rendre, elles levèrent l’interdiction de s’exprimer dans les rues et relâchèrent les prisonniers par petits groupes.

La même année, à Aberdeen (Washington), même scénario : décret contre la liberté d’expression, arrestations, prison et, contre toute attente, victoire. L’un des hommes arrêtés, « Stumpy » Payne (Payne le Courtaud), charpentier, ouvrier agricole et rédacteur en chef d’un journal de l’IWW, écrivit au sujet de ces événements : "ils étaient là , dix-huit gars dans la force de l’âge, dont la plupart avaient parcouru aussi vite qu’ils l’avaient pu de longues distances sous la neige en traversant des villes hostiles, sans argent et affamés, pour rejoindre un endroit où l’emprisonnement était le plus doux traitement auquel ils pouvaient s’attendre. Un endroit où de nombreux autres avaient déjà été traînés dans la boue et quasiment battus à mort. [...] Pourtant, ils étaient là , riant comme des enfants devant ces événements tragiques qu’ils considéraient comme de simples blagues.

Qu’est-ce qui motivait ces hommes ? [...] Pourquoi étaient-ils là ? Le besoin de fraternité chez l’être humain est-il plus fort que la peur ou l’inconfort, et ce malgré l’énergie dépensée depuis six mille ans par les maîtres du monde pour extirper cette soif de fraternité qui habite l’esprit humain ?

Howard Zinn

Extrait [pages 378/379] de Une histoire populaire des États Unis, traduit par Frédéric Cotton, Agone, 2002.


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