A la sortie de cette réunion, j’ai interviewé plusieurs personnes dont un certain nombre semblaient fortement déçues. C’était le cas de Marie Hélène, professeur à la retraite, habitante de Saint-Étienne depuis 50 ans :
« J’ai participé à la première réunion de « Cœur d’histoire » et cela m’intéressait à priori mais là , je sors extrêmement déçue. Les discours que nous avons entendus, ce soir, sont sans intérêt, complètement creux. Le maire a dit que nous allions remettre des commerces alors que les commerces ferment ! J’ai l’impression que les élus sont à mille lieux des préoccupations des gens. Je trouve hallucinant que le maire pense qu’il va faire évoluer la ville en mettant du design et en ignorant les problèmes des habitats vétustes. Je suis choqué que ni M. Berger ni M. Perdriau n’aient parlé des Stéphanois.es. On dirait que pour eux la beauté des monuments est plus importante que le bien être des gens. J’aurais également aimé entendre parler de « mixité sociale ». Cela n’a pas été le cas. Il est important que les élus atterrissent : à Saint-Étienne, tout le monde n’habite pas dans des appartements de grand standing. Un quart de la population vit au dessous du seuil de pauvreté et de nombreux appartements mériteraient d’être rénovés. Vraiment, je suis très déçue ! »
Plusieurs autres personnes que j’ai croisées m’ont également confié leurs déceptions, partageant sensiblement la même vision que cette dame. Certains comme Loïc ou Philippe ajoutant qu’il leur semblait que la plupart des personnes qui avaient participé aux « ateliers thématiques » de « Cœur d’histoire » étaient principalement des partisans de l’équipe municipale en place et qu’il fallait se méfier des techniques de la municipalité stéphanoise qui donnaient l’impression d’ateliers participatifs alors que les décisions concernant tel ou tel projet étaient déjà prévues d’avance et que les Stéphanois.es n’avaient plus qu’à les valider.
Cédric, un syndicaliste d’une cinquantaine d’années, a confirmé cela en ajoutant :
« Si la démarche de Cœur d’histoire était plutôt intéressante au départ, il n’y avait eu que 300 participants sur les quatre débats. Au regard de tous les habitants de Saint-Étienne, c’est très peu et je ne crois pas que ces personnes aient été réellement représentatives de la population stéphanoise. Les concertations avec les gens étaient faussées puisque la municipalité avait déjà décidé des projets à mettre en place avant les consultations et les participants aux ateliers de « Cœur d’Histoire » n’avaient plus qu’à valider les décisions prises par la mairie. On nous a parlé de la Comédie de Saint-Étienne mais le projet est déjà en cours, de l’IGH Boivin (construction du grand ensemble) mais la mairie nous a présenté un projet déjà bien abouti et je pourrais multiplier les exemples, les halles Mazerat (les affiches du projet sont déjà sorties), etc. A chaque fois, les décisions ont été prises sans consulter les citoyens ! Ce qui m’a choqué durant les ateliers auxquels j’ai participé, c’est que l’équipe organisatrice nous a proposé des sortes de jeux où les couches populaires étaient complètement occultées. Nous avons été plusieurs à souligner cette absence qui n’a pas été prise en compte ».
De toutes les interviews que j’ai réalisées auprès d’un certain nombre de personnes que j’ai retrouvées à la sortie de la réunion synthèse de ce projet (je ne mets pas tous les commentaires des uns et des autres car ils se rejoignaient sensiblement), il est clairement ressorti que le projet « Cœur d’histoire » ne s’adresse pas à tous les Stéphanois.es mais seulement à une clientèle relativement aisée de la population.
Il est important de noter que, sous la pression, en amont de cette réunion (avec une pétition de toutes les organisations syndicales de la Loire) et durant celle-ci où les syndicats de la Loire s’étaient déplacés, le maire de Saint-Étienne, M. Perdriau, est revenu sur son projet de « chasser les organisations syndicales de la Bourse du travail de Saint-Étienne ». Un certain soulagement !
Article publié sur le site de Sainté debout.
Compléments d'info à l'article