La cantine de ce mois ci est en soutien à Fabrice, incarcéré au QMC de Valence.
Il a récemment demandé du soutien avec cette lettre :
" Là il est 2H10 du matin et je pense à ma vie, à mes douleurs et mes souffrances depuis que je suis en prison en france et que la justice couvre tous ses matons dans leurs méfaits.
Quand j’ai compris que la vie serait dure pour moi c’est quand j’ai vu ma mère mourir de jour en jour pendant 2 ans, de 6 ans à 8 ans, à l’hôpital d’un cancer des os. Les 6 premiers mois elle commençait à ne pas trop manger elle maigrissait, les troisièmes 6 mois elle perdait ses dents et ses cheveux et elle sentait mauvais comme un cadavre en décomposition on mettait des masques pour la voir, les derniers 6 mois elle ne parlait plus parce que le cancer a atteint la gorge et le 3 novembre 1989 à 22H30 on nous a dit elle est morte et ça m’a fait mal.
Après j’ai passé 5 ans à la ddass dans les pires humiliations et tortures par des éducateurs et éducatrices qui nous punissaient en nous mettant à genou tout nus dans le gravier avec dans chaque main un dictionnaire et quand on baissait les bras ils nous frappaient moi et mon frère Eddy. Après à 13 ans on nous a placé dans une famille d’accueil beaucoup plus violente, on était leurs petits esclaves, on faisait tout, la vaisselle, nettoyer la maison, on tondait le gazon, on lavait les voitures et après on faisait nos leçons après l’école, ils nous frappaient avec des lianes sache le. À 16 ans je suis rentré en prison voilà mon enfance.
Là j’ai déjà passé 28 ans derrière les barreaux depuis l’âge de 16 ans jusqu’à 44 ans, pour des braquages, violences avec armes et des prises d’otages 3, et une tentative d’évasion en Guadeloupe pour mon frère Éddy. La police m’a donné une balle à l’épaule gauche et depuis le 8 août 2011 on m’a déporté en prison en france loin de ma famille, de ma culture et mes origines. Là mon calvaire a commencé j’ai passé 10 ans en isolement et 3 ans au quartier fermé de Vendin le vieil à être humilié et torturé par des matons casqués avec des boucliers, menotté à tous mes déplacements hors cellule et même traité de sale macaque et de sale nègre et que je pue.
Mais le pire c’est le 16 juin 2017 à 16H47 j’ai bloqué la douche pour un transfert en Guadeloupe à la centrale de saint Maur. Les matons et les ERIS ont failli me tuer avec 2 grenades LBD et là je suis handicapé sourd de l’oreille gauche et je porte un appareil auditif à la droite mais le pire c’est que ces bâtards ont déposé plainte contre moi pour tentative d’assassinat et là je me dis que vraiment nous les noires des outre-mer et guadeloupéens on n’a pas les mêmes droits que les autres détenus de france et si vous voulez savoir je ne crois pas que je sortirai vivant de tout ça sachez le. C’est grâce à la boxe thaï que je pratique depuis l’âge de 8 ans que j’ai pu tenir….
Si jamais des gens veulent m’écrire donne leur mon adresse…. "
Le repas est vegan et prix libre, à la Tablée au 15 rue Robert à Sainté.
Ce sera un brunch, avec du tofu brouillé, des haricots blancs à la tomate, des lentilles à l’orange, une salade concombre menthe, du smoothie, des roulés à la cannelle, du gâteau aux noix...
En prison, tout coûte cher.
La gamelle est souvent mauvaise, et doit être remplacée ou complétée par les cantines, produits surtaxés par rapport aux prix extérieurs. La télévision, le frigo, sont payants. Les appels téléphoniques sont hors de prix.
Il faut aussi souvent payer les avocats, les amendes, les parties civiles...
Tout ceci pèse très souvent sur les proches, car le travail en prison n’est pas accessible à tout le monde, et les détenu.es sont payé.es des miettes, pour le plus grand plaisir des entreprises qui les exploitent.
Il faut en plus ajouter le prix des déplacements au parloirs, et parfois de l’hébergement pour les personnes qui viennent de loin.
Pour toutes ces raisons, nous proposons une fois par mois une cantine en soutien, pour alléger la charge financière qui pèse sur des proches de détenu.es.
Compléments d'info à l'article