La classe créative, ce serait d’une part celleux payé.es pour créer (les chercheurs, ingénieurs, artistes, architectes...), d’autre part des professionnels qui gagnent leur vie grâce à leur expertise (les juristes, financiers, médecins...). C’est surtout, explique Florida, un état d’esprit, une communauté aux contours flous, une nouvelle élite ultra-diplômée, hyper open mind et mobile !
Le meilleur dans la classe créative, c’est que les uns attirent les autres (t’as de l’artiste, tu vas voir débouler le médecin et le trader !) et que l’ensemble attire le pognon et contribue à la « régénération » de la ville... Magique !
Vous n’avez pas de classe créative ? Qu’à cela ne tienne, vous pouvez créer un environnement « créatif » dans votre ville ! Pour cela, rien de plus simple, il suffit de cibler les attentes de ladite « classe créative » : elle aime le centre-ville, qu’il conviendra de retaper avec des chouettes bâtiments, de la nature, des pistes cyclables aussi ; elle aime la culture, donc vive les musées, les lieux de concert, les festivals et fêtes urbaines ; elle adoooore les friches industrielles, et ce à toutes les sauces : coworking, incubateur, friche culturelle, cantine ; et puis bien sûr, elle aime le design...
En 2007, la ville de Saint-Étienne passe commande à Max Rousseau, sociologue à l’Université Jean Monnet, d’une enquête sur « sa » classe créative. Le constat est sans appel : « non seulement l’apport réel à l’économie locale des professionnels exerçant des métiers créatifs est discutable, mais leurs valeurs, hétérogènes, ne permettent pas de les considérer comme un groupe social homogène. […] Enfin, ils ne semblent pas susceptibles de s’investir dans les politiques de régénération locales hormis s’ils peuvent espérer en retirer un profit personnel » [1]. Malgré tous les efforts consentis, la magie n’opère manifestement pas... Pire, il craint que la politique menée favorise « l’exclusion physique de classes populaires dont les intérêts ne sont d’ores et déjà plus guère pris en compte par les systèmes de gouvernance urbains », sur fond de rénovation urbaine finalement fort traditionnelle. Ça, au moins, c’est du concret !
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