Cet article comporte, un témoignage qui n’engage que moi même (je ne suis ni étudiant ni enseignant), le communiqué de presse des étudiants en lutte ainsi qu’un appel à la manifestation unitaire du jeudi 5 mars 2009.
Hier, Mardi 3 mars, des membres du personnel administratif de la direction de la faculté son venus perturber la grève, empêchant de fait le déroulement de la rencontre avec les acteurs du secteur de la santé (hôpital, planning familiale, etc.) qui devait avoir lieu l’après midi à 15h.
Mardi matin, les étudiants ont décidés de bloquer l’accès au site du personnel administratif. L’administration à de suite réagit en déclarant une fermeture administrative de la fac, une manière douce et sournoise de casser le mouvement de grève entamé depuis plusieurs semaines.
Le Vice-président du Conseil scientifique, Jean Yves Cottin, était présent sur les lieux et a opéré un barrage au corps aux portes d’entrée de la fac. Il était accompagné par son bras droit du moment « gras-double ».
Ce dernier n’a pas hésité, sur ordre implicite de Monsieur Cottin, à faire usage d’une certaine violence pour repousser les étudiants qui souhaitaient rentrer dans la fac pour rejoindre le reste des grévistes à l’intérieur.

*Jean Yves Cottin (à gauche) et "Gras-double (à droite), dans le fond, nous apercevons les autres membres de l’administration
Monsieur Cottin a par ailleurs tenu à la presse locale de France 3, un discours mensonger et hypocrite. Disant qu’il n’y avait plus « qu’une dizaine d’étudiants, une poignée d’irréductible à l’intérieur » et « qu’il ne se passait plus rien sur le site tréfilerie ».
Alors que dans les faits, il y avait une bonne cinquantaine d’étudiants-es à l’intérieur et une trentaine d’étudiants-es à l’extérieur. Cela peut sembler peu, mais cela reflète la moyenne nationale des étudiants mobilisés et comme le rappelait un gréviste : « la majorité des étudiants de tréfilerie ont voté pour la grève et pour le blocage, mais une fois le vote terminé, ces mêmes étudiants rentrent chez eux, alors que sur le site nous avons besoin de monde pour occuper le lieu et pour prendre des décisions sur les modalités de blocage ».
En effet, contrairement à ce que peuvent prétendre certaines personnes de la direction, la faculté est bel et bien animée. En plus des AG et des réunions pour organiser le mouvement, des débats et des rencontres ouverts à tous sont organisés dans l’après midi dans les amphis.
Lors de la soirée festive organisée le mardi 3 mars, il y avait environ 150 à 200 personnes présentes dans la faculté.
Voir le programme de l’université solidaire ici
Dans le reportage diffusé sur France 3 au jt de 19h jt ici, on peut voir et entendre monsieur Cottin qu’un « deal avait été fait entre l’équipe de direction, l’administration et les bloqueurs » et que ce serait ces derniers qui n’auraient pas respecté leurs engagements.
Mais comme le soulignait une étudiante « cela fait au moins 10 jours que des gens du personnel administratif viennent fouiner dans les halls de la fac pour essayer de trouver quelque chose à nous reprocher, un tag un peu trop voyant, une affiche collée ou que sais-je encore ».
Il est d’ailleurs vraie, que les grévistes sont confrontés à une infantilisation constante de la part de certains enseignants et certains membres de l’équipe de la présidence. La direction essaye aussi, avec une certaine maitrise de la manipulation, de diaboliser certains modes d’action des grévistes et de diviser les étudiant-s-es entre eux/elles.
J’affirme que les grévistes que j’ai côtoyés durant cette journée, me sont apparus comme parfaitement adultes et responsables. Malgré quelques tensions inévitables lors des polémiques et discussions abordées en AG, les tours de parole des uns et des autres sont parfaitement respectés.
Un coin cuisine est tenu dans le hall central de la fac pour les repas du soir et même si il y a effectivement un peu d’alcool lors des soirées organisées pour décompresser, tout ce passe dans une bonne ambiance.
Durant toute la journée de ce mardi 3 mars, l’entrée était interdite à tous les grévistes et personnes soutenant le mouvement. Seuls les membres du personnel administratif pouvaient rentrer.

La trentaine de personnes bloquées, attendaient de pouvoir recueillir quelques informations de l’intérieur, pour savoir quel tournure prendrait le mouvement.
Pendant ce temps là , de nombreuses discussions prenaient forme et divers points de vue ce faisaient entendre :
« si les grévistes bloquent totalement la fac, le mouvement n’est plus légitime », « c’est dommage, ils ont prit une décision entre étudiants alors que dès le début, nous étions sur un mode de fonctionnement collectif, puisque des enseignants et des personnel BIATOSS étaient aussi engagés dans le mouvement », « l’administration était à l’affut de la moindre erreur de la part des grévistes, elle va sauter sur l’occasion pour casser le mouvement », « le problème c’est que le comité de grève doit parfois prendre des décisions rapidement et ne peux pas se permettre d’organiser une AG, c’est avant tout aux gens qui ont votés pour la grève de se tenir au courant et de participer à faire vivre le mouvement à la fac ».
Une info (que je n’ai pas réellement pu vérifier) est parvenue lors de l’Assemblée générale souveraine de fin d’après midi, annonçait que l’UNEF et les MJS ne se seraient pas opposés à ce que la responsabilité de la faculté soit rendue au préfet, ce qui peut se traduire potentiellement par une évacuation des grévistes par les forces de l’ordre.
Mais cette position ne serai pas étonnante sachant ce qu’a déclarée Lucienne Valle à la presse : « au non de l’unef, j’estime que le blocage tel qu’il a été mené jusqu’à présent, n’est pas une solution ».
L’unef condamne par ailleurs les occupations nocturnes, qui sont pourtant essentielles dans ce genre d’occupations, puisque la direction aurait aussitôt fait de réinvestir les lieux et de faire cesser la grève si les étudiants en grève avaient le malheur de quitter la fac en soirée.
On ce demande bien quelle légitimité peut bien encore avoir l’unef à participer à ce genre de mouvement ?

Quelques autres membres du personnel administratif tenaient à rester sur les lieux, ils appelaient leurs collègues qui arrivaient au compte goute pour grossir leurs rangs à l’intérieur afin de maintenir une présence : Jean Luc FOURY, Agnès MORINI, Hervé GOY, Serge RIFFARD, Alain FAYOLLE. Certains d’entre eux, dont A. Fayolle, nous ont assurés, communication oblige, ne pas être des anti-grévistes, ils étaient juste opposés au blocage.
En fin d’après midi ont eu lieu des propositions de « négociation » entre les grévistes et les représentants de la direction de la faculté. Les propositions de ces derniers étaient les suivantes :
- arrêt des occupations nocturnes
- quitter les lieux
- reprendre les cours dès mercredi
Les grévistes n’étaient pas dupent et ont bien comprit, malgré les efforts de communication de la direction, qu’il s’agissait là , ni plus ni moins, d’une demande d’arrêt du mouvement de lutte, qui leur était impossible d’accepter.
Certains grévistes refusaient purement et simplement de rentrer dans ce jeu de dupes, d’autres étaient prêt à remettre les négociations à plus tard.

*nous ne paierons pas leur crise - Grèce Générale

Les quelques banderoles accrochées sur le devant de l’Université Jean Monnet reflétaient encore ce soir, l’état d’esprit dans lequel se trouvent les étudiants grévistes, qui malgré la fatigue et les coups bas de la direction, ne sont pas prêt pour un retour à la normale.


Les chaises et bureaux entassés devant le portail de la faculté se veulent avant tout, sans vouloir parler pour les grévistes, un symbole du blocage plus qu’une barricade - avis aux réformistes qui voient la révolution dès qu’une banderole apparait.
Communiqué de presse des grévistes l’UJM daté du mercredi 04 mars 2009 :
La présidence de l’Université Jean Monnet (Saint Etienne) a hier délégué la responsabilité du site Tréfilerie au préfet de la Loire et a décidé la fermeture administrative de l’Université. Tréfilerie demeurant accessible, les étudiants grévistes restent mobilisés et assurent une occupation de jour comme de nuit. Nous dénonçons ces méthodes visant à casser purement et simplement le mouvement et exigeons une prise de responsabilité de la part de Khaled Bouabdallah, président de l’UJM.
Nous réitérons par ailleurs l’ensemble de nos revendications (abrogation de la LRU, retrait des réformes des concours et du statut des enseignants-chercheurs, maintien des postes et résorption de la précarité) et appelons ouvertement à la convergence des luttes. Il est plus que jamais nécessaire d’être solidaire face au démantèlement du Service Public tel qu’orchestré dans tous les secteurs par le gouvernement en place.
Les étudiants grévistes.
Jeudi 5 mars : journée d’action santé-social-éducation-recherche
Les différentes « réformes » engagées dans les secteurs de l’éducation, de la recherche, de la santé et de l’action sociale s’inscrivent dans le cadre de la RGPP (Révision générale des politiques publiques), en particulier la LRU et la loi Bachelot.
Demain jeudi 5 mars est une journée d’action nationale dans les secteurs de la santé et de l’action sociale, visant au retrait de la loi Bachelot. Demain est aussi une journée d’action à l’appel de la coordination nationale étudiante.
C’est pourquoi sur Sainté nous faisons une manif commune santé-social-éducation-recherche départ 10h à la Bourse du Travail et pour l’université, départ 9h à Tréfilerie, pour rejoindre ensuite le cortège commun.
Puis, à 14h AG commune à Tréfilerie.
Voir aussi l’article paru ce mercredi 4 mars 2009 sur le blog étudiants : UJM en lutte
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