Orphelin de père en 1896, après un séjour dans un orphelinat, Tyr s’initia en usine au métier de mouleur avant de devenir aide-forgeur en limes au Chambon-Feugerolles (Loire) ; illettré à seize ans, il apprit, le soir, après son travail, à lire et à écrire. En 1903, il fut condamné à huit jours de prison pour outrages à gendarmes. En 1906 et 1907, il assuma la présidence de la chambre syndicale des ouvriers métallurgistes et similaires qui, depuis 1901, concentrait l’ensemble des secteurs de la corporation au Chambon. Ce sont les longues et âpres luttes des boulonniers, en 1910 et 1911, qui en firent une des principales figures du mouvement ouvrier régional.
Orateur violent, homme d’action, entraîneur de foules, il fut l’âme, le leader le plus écouté et le plus influent au sein du comité d’une grève générale qui mit la ville en état de siège de décembre 1909 à avril 1910. Pendant de longs mois, émeutes, tentatives d’incendie, attentats contre les usines et les cafés se succédèrent.
Le point culminant du conflit fut atteint en mars 1910, dans la semaine du 11 au 16 ; le 14 mars, à la tête d’un cortège, Tyr invita la troupe à suivre l’exemple du 17e régiment de ligne et, pendant que l’officier faisait les sommations réglementaires, fit coucher à terre les manifestants ; la tragédie fut évitée de justesse. Le 15, Tyr fut arrêté et transféré à Saint-Étienne ; une colonne de quinze cents personnes en armes marcha sur la prison, et le procureur abandonna les poursuites envisagées pour complicité d’incendie, bris de clôture et violation de domicile. En octobre 1910, Tyr assista au XVIIe congrès national corporatif — 11e de la CGT — tenu à Toulouse.
La lutte reprit en mars 1911 : une demande d’augmentation de salaires entraîna un lock-out général. Pendant cent soixante-quatorze jours, un millier de boulonniers furent privés de travail. Encore une fois, Tyr fut au premier rang d’une lutte très dure, marquée par de violents heurts et des attentats à la dynamite ; il fut soupçonné et inquiété par la police. Malgré l’appui, sur place, de Péricat, Yvetot, Bourderon et Merrheim, les ouvriers durent s’avouer vaincus, et leur échec brisa le syndicat.
Tyr qui, en même temps, militait dans le groupe « Germinal » des jeunesses syndicalistes de Saint-Étienne et avait participé, en 1910, à la création d’une formation libertaire au Chambon, fut mis à l’index par le patronat. Père de quatre enfants, sans travail, il s’en alla à Paris, où Torcieux lui procura du travail et où il devint secrétaire permanent du syndicat des mouleurs de la Seine.
Pendant la guerre, Tyr fut mobilisé comme ouvrier métallurgiste à l’arsenal de Lyon ; il y continua son action syndicale et fut, de ce fait, muté à Paris où il mourut prématurément de tuberculose en 1919. Il avait été délégué au XIe congrès de la CGT (1910).
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