Résumé et contexte :
Dans la nuit du 28 au 29 décembre 2022, Mehdi est tué par son codétenu du centre de semi-liberté de la Talaudière (Saint-Étienne).
La presse locale n’en parle que le 1er janvier. Pourquoi cet article du Progrès insiste-t-il à ce point sur la « brièveté » de l’acte et la rapidité de l’intervention ? Sur le fait que le meurtre ait eu lieu « à mains nues » ? Pourquoi raconte-t-il que les surveillants sont intervenus grâce aux caméras... alors qu’il n’y a pas de caméras en cellule !
Peut-être parce que ces « infos » étaient celles délivrées par le procureur. En fait, les autres prisonniers, enfermés dans leurs cellules, ont appelé aux fenêtres et tambouriné pendant près d’une heure avant intervention.
Sur les réseaux sociaux, la famille et des compagnons d’enfermement prennent la parole et évoquent la lenteur d’intervention, le manque d’explication, le manque d’écoute et de soutien.
Un rassemblement a lieu le 2 janvier en centre-ville.
L’enterrement de Mehdi et un grand hommage ont lieu le 3. C’est alors qu’un autre média local insiste sur l’appel au calme lancé par la maman.
Dans ce contexte délicat, les prisonniers du centre de semi-liberté, certains proches amis de Mehdi, traumatisés et directement touchés par ce drame, veulent continuer de parler et dénoncer l’attitude de l’administration pénitentiaire (AP).
Un rassemblement a lieu devant le centre de semi-liberté (CSL) en fin d’après-midi, des personnes viennent soutenir les prisonniers et dialoguer avec eux, puis bloquent la porte pour retarder leur entrée...
Rebelote le lendemain, 4 janvier : pendant que des personnes solidaires bloquent la porte du CSL, des prisonniers racontent comment ils ne dorment plus, sont traumatisés et pas écoutés... Ces quelques heures arrachées à l’AP sont l’occasion de dialoguer plus globalement, sur la justice, la prison, le racisme de la justice...
Le CSL est une prison dans laquelle les prisonniers sont placés en général pour finir leur peine. Il y a quelques années, ils seraient simplement sortis de prison, maintenant on rallonge leur peine avec cette soi-disant « alternative à l’enfermement ». Ils sont autorisés à sortir à certains horaires en journée, pour travailler ou autres activités. Le soir ils dorment enfermés en cellule, où ils restent aussi le week-end - sans parloir.
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- Interview du 04 janvier 2023 avec des prisonniers du centre de semi-liberté de la Talaudière
L’administration pénitentiaire tarde malheureusement souvent à secourir des personnes enfermées en danger (pour raison de santé ou autre...), et comme elle et les syndicats de surveillants sont les seuls à avoir accès aux médias, ils racontent ce qui les arrange...
C’est pourquoi les paroles des prisonnier.e.s sont rares et précieuses. On salue aussi leur organisation et leur solidarité !
Rejoignez les rassemblements de solidarité, tous les jours à 16 h30 devant la maison d’arrêt.
PS : Laissez plutôt vos voitures en bas du chemin ;-)
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