La course à la transition énergétique et au tout électrique passe par le lithium et l’Allier pour l’État français, désireux, comme d’autres gouvernements en Europe depuis plusieurs année (Portugal, Espagne, Suède, Allemagne, Autriche, Serbie) de relancer l’activité minière sur son sol. La commune d’Echassières et son sous-sol ont été désigné.es pour fournir le lithium nécessaire à la fabrication de 700.000 véhicules électriques par an. Ce projet, rendu possible par l’envolée du prix du lithium (de 17 à 78.000 dollars la tonne entre 2021 et 2023) et plus généralement des métaux dits « stratégiques » (cuivre, cobalt, nickel, tungstène, terres rares…) sur le marché mondial, est mené par société Imerys, déjà connue en Bretagne, en Andalousie ou en Amazonie pour ses pratiques désastreuses pour l’environnement et les populations locales.
On sait par ailleurs que la transition énergétique n’a de transition que le nom, qu’elle n’est qu’une accumulation supplémentaire de moyens d’une production énergétique qui ne saurait fonctionner sans l’apport de nos bons vieux combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon) dont la consommation n’a jamais été aussi haute qu’aujourd’hui. On sait aussi que la justification sociale et environnementale de la relocalisation des industries minières en Europe n’est qu’un leurre, car elle répond également à une logique cumulative. Une mine qui ouvre en Europe, ce n’est pas une mine qui ferme en Afrique, juste une mine de plus, car il s’agit de rassasier la demande toujours croissante de ces métaux sur le marché mondial (les principaux fournisseurs de lithium aujourd’hui étant la Chine, le Chili et l’Australie). On sait aussi, comme le montre l’exemple canadien (Minto), qu’une chute des prix de ces matières premières entraînerait la fermeture des sites, rendant l’argumentaire de l’emploi local très douteux à une échelle de cinq ou dix ans, tandis que les dommages causés sur le site, eux, perdureront.
La future mine de lithium doit être creusée sous l’actuelle carrière de kaolin du site de Beauvoir. Les principales craintes pèsent sur la quantité d’eau nécessaire au processus d’extraction du lithium (plusieurs centaines de millions de litres pour extraire une tonne), sur un site à la lisière de la forêt des Colettes (anciennement bois des Coulettes, c’est à dire « des sources qui coulent ») classé natura 2000, considéré comme l’une des plus belles hêtraies d’Europe et dans lequel se réfugient de nombreuses espéces protégées (drosera, triton crêté, rosalie des Alpes, sonneur à ventre jaune…). Les sources et nappes phréatiques seront donc largement endommagées, en plus d’être polluées par la mise en contact de l’eau avec des matières toxiques contenues dans la roche (sans parler des produits et de l’eau utilisé.es ensuite dans la phase de broyage et d’extraction du métal qui auront lieu sur un site qui reste encore à définir autour de la mine). Le tout dans un contexte de sécheresses généralisées et répétées dans le département ces dernières années. On pourrait également s’inquiéter du sort réservé aux stériles, ces déchets miniers dont on ne saura que faire et qui pollueront les sols, la concentration de lithium dans la roche étant au maximum de 2 %, 98 % de la roche extraite ne servant donc à rien).
Pour autant, la nouvelle préfète de l’Allier, Pascale Trimbach, fait de ce projet son objectif numéro un. Cette détermination s’inscrit dans les pas des déclarations de Macron au moment de l’officialisation du projet : « En France, on a pas de pétrole, mais on a du lithium ». La France doit être capable de produire 2 millions de batteries pour véhicules électriques d’ici à la fin du mandat présidentiel (ce qui nécessitera également la création de 3 « gigafactories » dans le Nord de la France, la première devant ouvrir très prochainement).
Qu’à cela ne tienne, la mobilisation s’est mise en route sur place, notamment par le biais de l’association « Stop Mine 03 » mais également avec « Préservons la forêt des Colettes » (déjà en lutte il y a quelques années contre un projet éolien) et d’autres personnes et/ou collectifs. Un premier rendez-vous public qui en appelle d’autres, avec un mot d’ordre : « lithium : ni ici, ni ailleurs » et une grosse détermination à mener la lutte, en lien avec les camarades portugais, chiliens, serbes ou suédois qui partagent le même sort.
Contre la prétendue transition énergétique, contre l’extractivisme sous toutes ses formes et dans tous les territoires, contre le capitalisme vert, jaune ou bleu. Pour une écologie décoloniale, féministe et anticapitaliste.
On vous tient au jus.
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