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Publié le 12 juillet 2005 | Maj le 25 mai 2020

Le CAR lance un appel à la mobilisation populaire pour le 14 juillet, à partir du palais de justice à Bastia.


Conférence de presse du lundi 11 Juillet 2005 : Contre la répression, pour les droits de l’homme et pour la liberté, le Comité Anti Répression appelle à manifester à Bastia le jeudi 14 juillet à partir de 18 heures au palais de justice.

Cet appel prend tout naturellement sa source dans la répression politique qui ne cesse de sévir contre le mouvement national et dont l’une des traductions iniques demeure la soixantaine de déportés en France. En l’occurrence le rapprochement à Borgu de Ghjaseppu PERALDI, s’il met en relief la crédibilité de l’une de nos
principales revendications ces dernières années, à savoir le rapprochement, ne saurait être un « blanc - seing » pour les tenants de l’actuel gouvernement français.
Le CAR attend de ce gouvernement une réelle lisibilité politique de ses intentions.

Le rapprochement de Ghjaseppu PERALDI doit être suivi d’autres gestes aussi significatifs et démonstratifs d’une nouvelle volonté : celle d’apprécier politiquement une aspiration du droit universel à la différence.
Malheureusement l’actualité rappelle une évidence : celle de la continuité d’une répression qui vise à affaiblir, intimider, sinon neutraliser celles et ceux qui ont pour la Corse une conception identitaire et universelle du devenir.

La récente descente matinale de la D.N.A.T sur Bastia a mis en évidence ce contre quoi le CAR a mis en garde il y a peu : l’utilisation de conversations physiques prétendues captées et enregistrées dans des établissements de boissons et utilisées comme moyens d’interrogatoires. Les méthodes autoritaires du non moins arbitraire et cynique PERBEN continuent de sévir. Chacun doit impérativement comprendre la dangerosité des manipulations auxquelles toute personne auditionnée ou en garde à vue peut être amenée à subir.

L’interpellation puis l’incarcération d’un membre de la F.D.S.E.A. à Paris rappelle également la continuité des méthodes Courroye dont l’instruction honteuse et instrumentalisée s’est traduite par les lourdes condamnations que l’on connaît, totalement disproportionnées en matière judiciaire et pénale avec les faits reprochés.

La situation est évidente : la Corse n’est vue à Paris que sous le prisme déformant d’un pseudo combat anti-terroriste, alors que nombreuses sont les voix pour demander un rapprochement général et la mise en place d’un véritable dialogue prélude à l’amorce d’une solution politique.
Aujourd’hui, plus d’une soixantaine de prisonniers politiques sont toujours exilés, emprisonnés et éparpillés dans les différentes prisons de France. Bien loin d’une solution politique, l’Etat français continue à lancer de la poudre aux yeux en rapatriant un prisonnier politique par an en Corse, pour faire croire qu’il applique ses propres lois ou les directives européennes. Et pendant ce temps, la répression toujours plus forte, toujours plus lâche, s’abat froidement sur des patriotes sincères. Les années de prison distribuées se comptent désormais en siècles, et chaque mois la liste des prisonniers politiques s’agrandit.

L’Etat français tente depuis plus de deux siècles de nous priver de notre culture et de notre Histoire, mais il est un fait que chaque corse sait. Si la Corse a été souvent conquise, elle n’a jamais été soumise, et le peuple corse n’est pas peuple à baisser la tête devant l’adversité ou encore moins, sous les coups de bâton !

Nous avons choisi symboliquement la date du 14 juillet pour manifester notre colère dans les rues de Bastia car c’est l’occasion pour nous de rendre hommage aux Nationaux corses qui ont accompli il y a 250 ans, un véritable exploit, réussir à organiser un Etat indépendant et démocratique, à une époque où les Français se prosternaient devant un roi de droit divin, et les autres européens devant des empereurs ou des monarques.

Le 14 juillet 1755, à la cunsulta du couvent Sant’Antone di a Casabianca, Pasquale de’ Paoli est élu général (unique) de la Nation Corse. Le lendemain, Paoli est accueilli en triomphe par la cunsulta. L’indépendance est proclamée, au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Celui qui deviendra u babbu di a patria est chargé de rédiger une constitution pour la Corse qui en fera la première démocratie de type moderne en Europe. Une démocratie qui feral’admiration des philosophes français, et une constitution qui inspirera celle des Etat Unis d’Amérique de 1787.

Lors de cette cunsulta qui se terminera le 15 juillet 1755, il est décidé que « si des troupes de quelque puissance que ce soit, sans exception », venaient en Corse pour combattre, il y serait opposé « la force à la force », même au prix du sacrifice de toute la nation. De plus, la cunsulta décrète également « une guerre perpétuelle » à la République de Gênes et « à toute puissance qui l’assurerait de sa protection », c’est-à-dire à la France entre autres.

Cette déclaration est de toute première importance, et ce n’est pas un hasard si à l’image du reste de cette période, cette partie importante de notre Histoire est passée sous silence. En effet, cette cunsulta légitime tout simplement tous ceux, qui encore aujourd’hui, combattent pour la liberté de la nation corse, ils ne font que continuer à mettre en application les décrets de cette cunsulta ! Ce n’est pas une guerre de 10 ans, de 20 ans ou de 100 ans qui a été décrétée, mais bien une guerre perpétuelle ! Elle cessera quand la Corse sera de nouveau libre.

Dans une lettre à son père le lendemain de cette cunsulta, Pasquale de’ Paoli dira que son premier soucis est de « punir les délits, empêcher les ligues et de maintenir l’union ». Une leçon à retenir pour tous, l’union avant tout et une preuve de plus de l’attachement des Corses à la Justice.
C’est donc bien ce 14 juillet 1755 qui mériterait d’être fêté en Corse bien plus que le 14 juillet 1789. Mais, aujourd’hui, en 2005, notre Histoire est toujours passée sous silence par le système scolaire qui est devenu un outil de propagande de l’Etat français et de francisation à outrance de notre jeunesse. De Napoléon, on en entend parler à l’école, mais de Paoli et de l’indépendance, que nenni ! « Cacher cette indépendance que je ne saurais voir » pourrait-on presque entendre.

Depuis des temps immémoriaux, le peuple corse est épris de liberté et de justice. Mais malheureusement, à part lorsque la Corse était gouvernée par des Corses au XVIIIe siècle, nous n’avons jamais eu droit ni à la Justice ni à la liberté. Contrairement à ce que certains voudraient faire croire, ce n’est pas la révolution française de 1789 qui a changé cet état de fait, au contraire, elle l’a institutionnalisé. Et ce n’est pas un hasard si dès 1793 la Corse se détournait de cette révolution alors qu’elle y avait adhéré de manière enthousiaste croyant voir enfin triompher les idées que Paoli et les nationaux avaient mis en pratique quelques décennies plus tôt.

La Corse a été dépouillée de sa langue, de sa culture, de son code familial et terrien, de son organisation politique multimillénaire, de ses liaisons méditerranéennes, de ses statuts, de ses coutumes, en un mot de son Histoire dont le pouvoir français exigea qu’elle commençât en 1789. La Corse, nation libre et ouverte au monde au siècle des Lumières, a été plongée et maintenue, délibérément maintenue, dans l’ère du sous-développement.

La Corse n’a jamais connu d’autre état de droit que celui imposé par la violence.
L’Etat français est fidèle en cela, depuis plus de deux siècles, à sa désormais trop habituelle attitude répressive envers le peuple corse. Malgré les murs des prisons, les lourdes condamnations, les dures déportations, le quadrillage policier aux méthodes sophistiquées, et la surdité et l’aveuglement des gouvernements français, notre mobilisation demeure intacte.

Le CAR continuera avec toutes les forces progressistes et citoyennes à s’élever et dénoncer l’arbitraire qui régit le quotidien de notre terre, arbitraire sur lequel un grand nombre d’élus de l’ordre républicain français préfèrent se taire par avilissement sinon par lâcheté. Après le 14 juillet, il y aura encore d’autres actions, d’autres mobilisations, autant de gestes démonstratifs qui nourrissent ce qui manque pour notre pays : la liberté d’être avec toute sa projection citoyenne. Après le 14 juillet le CAR continuera inlassablement à réclamer là où toute voix peut s’entendre la nécessité de traiter globalement et humainement la question des prisonniers politiques corses.

LE COMBAT POUR LES DROITS DE L’HOMME ET DU PRISONNIER POLITIQUE CONTINUE !!!

Incù elli, accant’à elli, dimu di nò à l’inghjustizia culuniale !
Eviva u populu corsu !
Libertà per i patriotti !


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