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La première partie (1 heure) comporte :
Une genèse de la Révolution française comme produit des contradictions d’un Ancien Régime non-capitaliste incapable de se réformer face à une pression géopolitique anglaise capitaliste croissante, à partir d’une lecture des travaux du « marxisme politique » (ceux de George Comninel, de David McNally, de Stephen Miller et de Xavier Lafrance) ;
Une présentation de Daniel Guérin et de Bourgeois et bras-nus, une histoire des luttes sociales et politiques des classes populaires urbaines face aux gouvernements (y compris « de gauche ») de la Première République (1792-1794), à contre-courant de l’historiographie réactionnaire, libérale, républicaine et même marxiste-jacobine ;
Une sociologie des classes populaires parisiennes, des « sans culottes » de 1789 aux communards de 1870, et une description de leurs aspirations à une démocratie directe ;
Une discussion des idées de Grachus Babeuf et du rapport de Guérin aux avant-gardes révolutionnaires ;
Une analyse du rôle des guerres « révolutionnaires » dans la modification du rapport de force entre bourgeois et sans-culottes et entre factions politiques à partir de 1792 ;
Une critique des lectures déterministes et objectivistes de la Révolution française et des aveuglements au sujet de Robespierre, communes aux républicains de gauche et aux léninistes ;
Une analyse des dynamiques politiques de 1793-94 : ascension au pouvoir des Montagnards aux dépens des Girondins, élimination des Enragés, déchristianisation et son arrêt, élimination des hébertistes puis des dantonistes, renversement de Robespierre du fait de l’élimination de sa base populaire et de son autoritarisme ;
Une conclusion au sujet de l’intérêt de relire Bourgeois et bras-nus aujourd’hui.
La deuxième partie (30 minutes) comporte :
Un rappel du rôle actif des femmes au sein du processus révolutionnaire, en dépit de leur relégation juridique comme « citoyennes passives » ;
Une analyse féministe matérialiste de l’idéologie patriarcale des révolutionnaires (modèle d’une femme au foyer éduquant vertueusement ses enfants mâles futurs citoyens, contre l’anti-modèle de l’aristocrate centrée sur son plaisir et non sur ses enfants, celui des femmes savantes et celui des « femmes monstres » indépendantes et politiquement actives) ;
Une analyse des stratégies féministes de cette époque (clubs féminins révolutionnaires – notamment en non-mixité –, pétitions, implications diverses en politique institutionnelle et extra-institutionnelle, pédagogies dégenrées…), des victoires de 1792 (droit au divorce et égalité de genre dans l’héritage), du backlash révolutionnaire anti-féministe et sexuellement répressif des années 1793-94 (interdiction des clubs féminins révolutionnaires et rappel à « l’ordre nature ») et de la contre-révolution du Directoire (interdiction des rassemblements publics de femmes et stigmatisation des « tricoteuses ») et de Napoléon ;
Une conclusion au sujet des demandes de femmes sans-culottes d’une démocratie directe, au-delà du seul suffrage.
La troisième partie (30 minutes) comporte :
Une description de la société haïtienne, colonie française de plantation alors appelée Saint-Domingue, en 1789 ;
Une histoire des débats en France en 1789-91 au sujet de l’abolition de l’esclavage et des droits des Noirs libres ;
Un rappel de l’importance des rivalités géopolitiques franco-britanniques aux Caraïbes et du processus de fabrication de « la race » et de ses segmentations aux Antilles françaises ;
Une histoire du processus d’(auto)émancipation des esclaves de l’insurrection de 1791 à l’abolition de 1793-94, en lien avec l’affrontement franco-britannique ;
Une analyse intersectionnelle des transformations des rapports de genre post-abolition ;
Une analyse critique du « néo-colonialisme » et de l’assimilationnisme raciste du Directoire (1794-1799) ;
Un rappel de l’importance du « tournant consulaire » avec l’arrivée au pouvoir en 1799 de Bonaparte, héraut d’une restauration autoritaire des hiérarchies de classe, de genre et de race au travers (respectivement) du livret ouvrier, du Code Civil de 1804 et du rétablissement de l’esclavage notamment à Haïti ;
Une brève histoire de l’expédition de 1802 en vue du rétablissement de l’esclavage et de son échec à Haïti, finalement indépendante en 1804 ;
Une conclusion au sujet du conflit entre « l’universalisme » abstrait, mystificateur et unidimensionnel des dominant-e-s et l’universalisme concret, conflictuel, pluriel et des dominé-e-s.
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