Pourquoi nous nous opposons au SIDO
Depuis deux ans nous co-organisons avec la coordination Stop 5G Lyon, Écran Total et d’autres collectifs unrassemblement de protestation devant le Salon de L’Internet Des Objets (SIDO).
Cette année, il se déroulera mercredi 17 et jeudi 18 septembre au Centre des Congrès de la Cité Internationale de Lyon.
Pourquoi chahuterait-on un salon professionnel qui, au premier abord, semble ne pas avoir grand-chose à se reprocher ?
Parce qu’en y regardant de plus près, le SIDO et ses entreprises de la tech’ trempent dans des eaux aussi troubles que meurtrières.
Collusion de l’industrie du numérique et de l’armement
En premier lieu, l’armée adore la tech’ et cette dernière raffole des marchés militaires : en 2023, une étude de notre part avait conclu que plus de la moitié des entreprises exposant au SIDO avait une activité liée au militaire. Et 2025 s’annonce tout aussi militarisé.
Conscient qu’il s’agit d’un sujet sensible, le salon cherche plutôt à masquer cette réalité dans une atmosphère feutrée et cool... Mais chaque année les échanges avec certains visiteurs critiques démontrent que dans cette industrie, personne n’est dupe.
Ensuite, il y a STMicroelectronics, « premium sponsor » du SIDO, dont l’extension de l’usine de Crolles en Isère est contestée par le collectif Stop Micro. Celui-ci lutte à la fois contre l’accaparement de l’eau et des terres et la numérisation à marche forcée imposée par l’industrie de la microélectronique.
STMicroelectronics fabrique et exporte également des puces à usage militaire. Ces dernières ont été retrouvées - malgré l’embargo de 2014 - dans les drones kamikazes russes et dans le matériel que l’armée israélienne utilise.
Deux autres « silver sponsors » Arrow et Vodafone, proposent dans leurs catalogues des technologies militaires.
La présence de la société Nicomatic est quand à elle exemplaire de ce que sont réellement cette industrie et le SIDO. Comme STMicroelectronics elle a violé en 2023 l’embargo vers la Russie. Comme STMicroelectronics elle a vendu des matériels militaires à Israël et se sert de ce pays comme centre d’innovation pour le militaro-civil.(1 et 2) Et, cerise sur le gâteau, Nicomatic est membre du cluster EDEN, lobby régional de l’armement dont de nombreux membres sont impliqués des ventes à des dictatures et des violations d’embargo.
Un salon au service de l’extractivisme
L’industrie de la microélectronique et du numérique, pour lesquelles le SIDO fait office de méga vitrine, se trouve au centre du crime écologique, social et économique qu’est l’extractivisme.
Plus on numérise la société et plus il faut extraire de minerais (cuivre, or ,étain, coltan, lithium, cobalt…) en ravageant des pays entiers, en exploitant les populations et richesses locales et en répandant guerres et massacres (RD Congo, Soudan, Sénégal...).
Pour le moment, Il s’agit principalement de pays du Sud, mais bientôt au nom de la « souveraineté » et du profit, cela se produira sous nos latitudes par exemple dans l’Allier, avec la mine de lithium d’Échassières.
Le green washing au secours du SIDO
Suite à nos précédentes actions, le SIDO s’est mis au green washing avec la complicité de la Métropole « écolo » de Lyon. Celle-ci est ainsi partenaire de « Impact by SIDO » pour des technologies soit-disant plus « responsables », mais surtout « profitables ». l’ADEME participe aussi à cette farce sinistre en intervenant sur les minerais critiques, la sobriété et les smart cities.
Des événements autour de l’« IA frugale », l’éthique, la traçabilité des minerais et autres tentatives se multiplient donc pour nous faire croire que l’avenir de l’écologie et la survie du monde résident dans la tech’. De notre côté, nous pensons que cette industrie, ses patrons et le technosolutionnisme qui leur sert de boussole sont en grande partie responsables de la crise écologique, sociale et guerrière que nous connaissons et certainement pas la solution.
Le tout technologique : vers une déshumanisation des villes et des services publics
Et ce n’est pas tout ! Au programme également : cybersécurité et smart city qui sont les deux faces d’une gestion techno-sécuritaire de la ville ; l’IA générative considérée comme « moteur d’évolution… en transformant les robots en agents intelligents » sans jamais préciser qu’elle est en train de décimer et de déshumaniser encore davantage les lieux de travail et les services publics !
Ne pas laisser faire
De tout cela et d’autres choses résulte notre refus du SIDO, de l’industrie du numérique et du monde qu’ils veulent nous imposer. Un monde de contrôle permanent, d’automatisation à outrance et d’exploitation férocegrâce à l’IA, la robotique, l’« internet des objets » et autres joyeusetés, afin de nourrir la méga-machine capitaliste par la guerre, la destruction de la nature et l’oppression des peuples.
Nous vous invitons donc à manifester à nos côtés votre refus du SIDO et du monde qu’il veut imposer.
Diverses activités sont prévues. Plus d’informations prochainement. Tenez-vous au courant.
L’appel " Pourquoi nous soutenons les inculpé·es du 15 juin 2021 ?" publié le 29 juin par les soutiens des inculpés du 15 juin 2021, appelle « à une désescalade de la numérisation imposée et... à ouvrir des espaces dans lesquels il soit possible de faire la critique du numérique en public. Nous appelons également à s’organiser pour résister à la numérisation. Pour cela, rejoignons les contestations des vitrines des technologies numériques :




Nous nous retrouvons pleinement dans cet appel et appelons au-delà du SIDO, à multiplier les actions et initiatives contre l’industrie du numérique.(3)
Coordination Régionale Anti Armements et Militarisme (CRAAM) - Écran Total Lyon - Coordination Stop 5G
Contact : craam chez riseup.net
Notes
1 – Guerre en Ukraine : comment la France contourne l’embargo sur la Russie. Les notes de l’Observatoire n° 7. Juin 2023 . Et « Dossier Russian Papers ». Benjamin Jung. Blast
2 – Guerre à Gaza : comment la France coopère avec Israël. Tony Fortin, Patrice Bouveret. Les notes de l’Observatoire n° 8. juin 2025
3 – https://www.terrestres.org/2025/06/16/organisons-nous-contre-linformatisation-de-la-societe
Compléments d'info à l'article