Comme j’ai pu moi même m’en rendre compte durant mon séjour en Sardaigne ces dernières semaines, et comme me l’ont expliqué des « compagni » sur place, une véritable chasse à l’anarchiste a été déclaré par l’Etat italien, et aujourd’hui, le simple fait de participer à une manifestation même non violente peut avoir de lourdes conséquences, comme par exemple ce qui eut lieu à Cagliari le 22 octobre 2003, lors d’une manifestation de solidarité pour Massimo Leonardi, arrêté à Rome pour avoir tenté de virer du cortège un flic infiltré dans la manifestation. Ce jour-là, les « carabinieri » chargèrent violemment le cortège et les ruelles de la ville furent le théâtre d’une véritable chasse à l’homme qui déboucha sur l’interpellation de douze personnes, alors qu’aucune action violente n’avait été effectuée contrairement à ce qui a été annoncé dans la presse locale le lendemain des événements. En effet, depuis plusieurs mois maintenant, une véritable propagande médiatique est mise en place par les autorités, tentant de légitimer la répression sur le mouvement anarchiste italien, comme le montre clairement l’article que j’ai traduit, et paru cette semaine dans le journal « Panorama » (sorte de « Paris Match », « Nouvel Obs » italien), article que j’ai personnellement trouvé effrayant, tant par le ton employé que par les erreurs qu’il contient. J’ai également traduit un texte publié par le collectif du CSOA « Torre Maura occupata », qui résume bien cette escalade répressive qui atteint des sommets depuis le début de l’été.
Aux dernières nouvelles, que l’on m’a communiquées, deux des « compagni » en grève de la faim depuis leur arrestation du 27 juillet se trouvent depuis mardi dernier à l’hôpital, sous perfusion.
ARTICLE PARU DANS PANORAMA DU 12 AOUT 2004.
Terrorismo : après les dernières arrestation de Rome.
VIEILLES IDEOLOGIES
NOUVEAUX « BOMBAROLI » (poseurs de bombes)
Une structure agile et réelle, un renouvellement constant de militants. Voilà la recette secrète des groupes « anarcho insurectionnalistes », pour qui les heures sont désormais comptées.
Anarchie organisée. Ceci semble être un oxymore, mais c’est bel et bien la réalité, mise en évidence par les dernières enquêtes concernant le terrorisme de matrice anarchoinsurectionnaliste. Un tournant qui pourrait donner de nouvelles armes juridiques pour la lutte contre les bombaroli qui sont en train d’incendier toute l’Italie de Tente à Cagliari. Le juge chargé des enquêtes Gugliemo Muntoni, concernant quatre anarchistes laziale a pris des mesures quasi historiques, qui au nom de l’article 270 bis, pourrait ouvrir un nouveau chapitre de la lutte antiterroriste. Pour la seconde fois, un groupe d’anarchistes risquerait d’être jugé comme organisation terroriste, après les dispositions prises par le procureur général Antonio Marini et qui entraîna l’arrestation de huit insurectionnalistes dont l’idéologue Alfredo Maria Bonnano, 57 ans. Au mois d’avril dernier la cour de cassation a confirmé la sentence. ... Depuis plusieurs mois, des dizaines d’investigateurs de la Digos (police politique italienne) et de la Ros (organe appartenant aux « carabinieri »), appellent et interceptent des centaines de personnalités suspectes, dans toute l’Italie en particulier à Turin, Rovereto, Gênes, Bologne, Pise, Pescara, Viterbe, Latina, Naples, Cagliari et Versilia. Une carte de l’anarchoinsurectionnalisme de plus en plus détaillée, qui pourrait envoyer très vite d’autres personnes en prison. Tout comme le noyau historique de Bonnano né à la fin des années 80, les nouveaux « bombaroli » ont besoin de s’autofinancer par des braquages ou sequestration de personnes, qui leur permet d’effectuer des « actions directes », ou la mise en place de bombes. En revanche, ceux ci continuent à se resserrer en groupuscules liés sur des rapports d’amitié et parenté quasi imperméable.
Le juge Muntoni, parle de : « groupes affinitaires, organisés localement et basés sur des rapports de forte intimité, de connaissance et de confiance entre eux... »... On peut citer comme exemple la très jeune Fédération Anarchiste Informelle qui a revendiqué en décembre 2003, l’explosion contre les institutions européennes. ...
Bonanno, le gourou de l’ecoterrorisme, Marco Camenisch, le braconnier Giovani Barcia, Michele Pontolillo et Claudio Lavazza (condamné en Espagne pour l’homicide de deux policiers) sont désormais prêts à devenir des icônes révolutionnaires à vénérer. ...
Depuis quelques mois, les anarchistes purs et durs sont revenus sur le devant de la scène. Les problèmes ont débuté suite à l’arrestation d’un des nouveaux promoteurs du mouvement, Massimo Leonardi [1], condamné en comparution immédiate suite aux incidents de rue le 4 octobre 2003 à Rome. Le juge Muntoni a consacré un chapitre entier concernant Leonardi, 30 ans et tatoueur de profession, et qui constitue un mandat de capture à peine caché. Celui ci est en ce moment réfugié dans sa Sardaigne natale [2]. Cependant, celui ci ne lâche pas prise si l’on en croit ses déclarations faites sur le site No global Indymedia : « Flics, vous n’avez pas encore assez payé, vous devez payer et vous paierez oeil pour oeil, dent pour dent ! ». ...
A la liste des personnalités émergentes, on peut également citer Simone Dolciotti, 29 ans surpris récemment à Rimini en train de crever les pneus d’une voiture de police. Celui-ci a été également aperçu plusieurs fois lors des réunions de la coordination européenne anticarcerale et contre la répression, point de rencontre des anarchistes de toute l’Europe. Dolciotti est un vrai globe trotter de l’insurectionnalisme, il vit en Camping car à travers toute l’Europe (Espagne en particulier), et l’Amérique latine pour parfaire son réseau de contacts. C’est lui le trait d’union entre les groupes des diverse villes, tout comme ces quelques laziale et ecoterroristes du cercle Silvestre de Pise, accusés ces dernières semaines d’être les initiateurs des Cellules d’offensive Révolutionnaires, groupe parabrigadiste de Toscane, ayant il y a plus d’un an dépôsé des bombes contre les partis de centre droit [3].
Enfin, parmis les protagonistes du nouveau milieu, on peut également citer Danilo Cremonese, de Bologne, et cerveau du fanzine militant « Croix noire anarchiste ». Un journal aux contenus radicaux comme le confirment la chronologie ponctuale des engins explosifs en Italie et la page sur la liste des « compagni » incarcérés. Véritable fer de lance de la propagande clandestine.
Par faute de temps, je n’ai pas pu traduire les articles concernant les dernières arrestations de la fin du mois de juillet, notamment le communiqué de Torre Maura (Rome) et de la Fraria (Cagliari). Je m’en occuperai très prochainement. Pour ceux qui sont intéressés et qui lisent l’italien, il y plus de précisions sur le site indymedia Italia. Ciao.
SOLIDARITE AVEC TOUS NOS « COMPAGNI » ANARCHISTES ITALIENS !!!
LIBERTA PER TUTTI !
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