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ITALIE  
Publié le 16 août 2004 | Maj le 24 octobre 2020 | 1 complément

ITALIE : Escalade de la répression contre le mouvement anarchiste autonome


Depuis plusieurs mois maintenant, le mouvement anarchiste autonome italien est sujet à une répression sans précédent dans l’histoire du pays. Depuis la fin du mois de juillet, les perquisitions dans les domiciles, centres sociaux autogérées, squatts... se multiplient au nom de l’article 270/270 bis du 15 décembre 2001 qui prévoit une peine de prison de 7 à 15 ans pour « toute association ayant pour finalité terrorisme ou contestation de l’ordre démocratique ».

Comme j’ai pu moi même m’en rendre compte durant mon séjour en Sardaigne ces dernières semaines, et comme me l’ont expliqué des « compagni » sur place, une véritable chasse à l’anarchiste a été déclaré par l’Etat italien, et aujourd’hui, le simple fait de participer à une manifestation même non violente peut avoir de lourdes conséquences, comme par exemple ce qui eut lieu à Cagliari le 22 octobre 2003, lors d’une manifestation de solidarité pour Massimo Leonardi, arrêté à Rome pour avoir tenté de virer du cortège un flic infiltré dans la manifestation. Ce jour-là, les « carabinieri » chargèrent violemment le cortège et les ruelles de la ville furent le théâtre d’une véritable chasse à l’homme qui déboucha sur l’interpellation de douze personnes, alors qu’aucune action violente n’avait été effectuée contrairement à ce qui a été annoncé dans la presse locale le lendemain des événements. En effet, depuis plusieurs mois maintenant, une véritable propagande médiatique est mise en place par les autorités, tentant de légitimer la répression sur le mouvement anarchiste italien, comme le montre clairement l’article que j’ai traduit, et paru cette semaine dans le journal « Panorama » (sorte de « Paris Match », « Nouvel Obs » italien), article que j’ai personnellement trouvé effrayant, tant par le ton employé que par les erreurs qu’il contient. J’ai également traduit un texte publié par le collectif du CSOA « Torre Maura occupata », qui résume bien cette escalade répressive qui atteint des sommets depuis le début de l’été.
Aux dernières nouvelles, que l’on m’a communiquées, deux des « compagni » en grève de la faim depuis leur arrestation du 27 juillet se trouvent depuis mardi dernier à l’hôpital, sous perfusion.

ARTICLE PARU DANS PANORAMA DU 12 AOUT 2004.

Terrorismo : après les dernières arrestation de Rome.

VIEILLES IDEOLOGIES
NOUVEAUX « BOMBAROLI » (poseurs de bombes)

Une structure agile et réelle, un renouvellement constant de militants. Voilà la recette secrète des groupes « anarcho insurectionnalistes », pour qui les heures sont désormais comptées.

Anarchie organisée. Ceci semble être un oxymore, mais c’est bel et bien la réalité, mise en évidence par les dernières enquêtes concernant le terrorisme de matrice anarchoinsurectionnaliste. Un tournant qui pourrait donner de nouvelles armes juridiques pour la lutte contre les bombaroli qui sont en train d’incendier toute l’Italie de Tente à Cagliari. Le juge chargé des enquêtes Gugliemo Muntoni, concernant quatre anarchistes laziale a pris des mesures quasi historiques, qui au nom de l’article 270 bis, pourrait ouvrir un nouveau chapitre de la lutte antiterroriste. Pour la seconde fois, un groupe d’anarchistes risquerait d’être jugé comme organisation terroriste, après les dispositions prises par le procureur général Antonio Marini et qui entraîna l’arrestation de huit insurectionnalistes dont l’idéologue Alfredo Maria Bonnano, 57 ans. Au mois d’avril dernier la cour de cassation a confirmé la sentence. ... Depuis plusieurs mois, des dizaines d’investigateurs de la Digos (police politique italienne) et de la Ros (organe appartenant aux « carabinieri »), appellent et interceptent des centaines de personnalités suspectes, dans toute l’Italie en particulier à Turin, Rovereto, Gênes, Bologne, Pise, Pescara, Viterbe, Latina, Naples, Cagliari et Versilia. Une carte de l’anarchoinsurectionnalisme de plus en plus détaillée, qui pourrait envoyer très vite d’autres personnes en prison. Tout comme le noyau historique de Bonnano né à la fin des années 80, les nouveaux « bombaroli » ont besoin de s’autofinancer par des braquages ou sequestration de personnes, qui leur permet d’effectuer des « actions directes », ou la mise en place de bombes. En revanche, ceux ci continuent à se resserrer en groupuscules liés sur des rapports d’amitié et parenté quasi imperméable.

Le juge Muntoni, parle de : « groupes affinitaires, organisés localement et basés sur des rapports de forte intimité, de connaissance et de confiance entre eux... »... On peut citer comme exemple la très jeune Fédération Anarchiste Informelle qui a revendiqué en décembre 2003, l’explosion contre les institutions européennes. ...
Bonanno, le gourou de l’ecoterrorisme, Marco Camenisch, le braconnier Giovani Barcia, Michele Pontolillo et Claudio Lavazza (condamné en Espagne pour l’homicide de deux policiers) sont désormais prêts à devenir des icônes révolutionnaires à vénérer. ...

Depuis quelques mois, les anarchistes purs et durs sont revenus sur le devant de la scène. Les problèmes ont débuté suite à l’arrestation d’un des nouveaux promoteurs du mouvement, Massimo Leonardi [1], condamné en comparution immédiate suite aux incidents de rue le 4 octobre 2003 à Rome. Le juge Muntoni a consacré un chapitre entier concernant Leonardi, 30 ans et tatoueur de profession, et qui constitue un mandat de capture à peine caché. Celui ci est en ce moment réfugié dans sa Sardaigne natale [2]. Cependant, celui ci ne lâche pas prise si l’on en croit ses déclarations faites sur le site No global Indymedia : « Flics, vous n’avez pas encore assez payé, vous devez payer et vous paierez oeil pour oeil, dent pour dent ! ». ...

A la liste des personnalités émergentes, on peut également citer Simone Dolciotti, 29 ans surpris récemment à Rimini en train de crever les pneus d’une voiture de police. Celui-ci a été également aperçu plusieurs fois lors des réunions de la coordination européenne anticarcerale et contre la répression, point de rencontre des anarchistes de toute l’Europe. Dolciotti est un vrai globe trotter de l’insurectionnalisme, il vit en Camping car à travers toute l’Europe (Espagne en particulier), et l’Amérique latine pour parfaire son réseau de contacts. C’est lui le trait d’union entre les groupes des diverse villes, tout comme ces quelques laziale et ecoterroristes du cercle Silvestre de Pise, accusés ces dernières semaines d’être les initiateurs des Cellules d’offensive Révolutionnaires, groupe parabrigadiste de Toscane, ayant il y a plus d’un an dépôsé des bombes contre les partis de centre droit [3].

Enfin, parmis les protagonistes du nouveau milieu, on peut également citer Danilo Cremonese, de Bologne, et cerveau du fanzine militant « Croix noire anarchiste ». Un journal aux contenus radicaux comme le confirment la chronologie ponctuale des engins explosifs en Italie et la page sur la liste des « compagni » incarcérés. Véritable fer de lance de la propagande clandestine.


Par faute de temps, je n’ai pas pu traduire les articles concernant les dernières arrestations de la fin du mois de juillet, notamment le communiqué de Torre Maura (Rome) et de la Fraria (Cagliari). Je m’en occuperai très prochainement. Pour ceux qui sont intéressés et qui lisent l’italien, il y plus de précisions sur le site indymedia Italia. Ciao.

SOLIDARITE AVEC TOUS NOS « COMPAGNI » ANARCHISTES ITALIENS !!!

LIBERTA PER TUTTI !

Notes

[1Egalement chanteur du groupe punk/hc « Tear me Down ».

[2A noter que celui ci n’est nullement « réfugié » puisqu’il doit signer tous les vendredi, samedi et dimanche au commissariat de Cagliari après avoi eccopé de deux mois de prison ferme.

[3Le parti de « centre droit » comme il le dit est en réalité le parti « Forza Italia » de Berlusconi.


Proposé par Portosardu
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  • Depuis le début de l’année, le gouvernement mafio totalitaire du Cavaliere Berlusconi, a clairement déclaré la guerre au mouvement anarchiste autonome, comme en témoigne les dernières perquisitions et arrestations qui se sont accélérés ces dernières semaines. Voici la traduction du communiqué des membres du « Torre maura occupato » de Rome suite aux événements du 27 juillet, ainsi que le récit des arrestations de Cagliari ayant eu lieu quelques plus tôt et qui entraîna la fermeture du local du collectif anarchiste « Fraria ».

    Communiqué sur les arrestations et les perquisitions du 27 juillet.

    NOUVELLE ATTAQUE REPRESSIVE AU MOUVEMENT ANARCHISTE.

    Entre la nuit et l’aube du 27 juillet 2004, selon les dispositions prises par les subsituts du procureur Vitello et De Falco, s’est déroulée une énième opération répressive visant le mouvement anarchiste. Actuellement, environ une centaine de personnes ont été soumises à des perquisitions, dont 34 entrent dans le cadre de l’enquête sur « les associations subversives, terrorisme et remise encause de l’ordre démocratique » (270/270 bis). Les mandats visaient diverses habitations personneles dans des zônes variées du pays, dont Rome, Viterbe, Soriano nel Cimino, Latina, Torre del Greco, Cavanese, Trente... Ainsi que plusieurs espaces occupés : L’ataneo di Dragoncello, Bencivenga 15 Occupato, Torre Maura Occupato, à Rome, La Rosalia, le Cesenatico, le Casello, le Confino Squat, à Turin. L’enquête a été finalisée à l’appel des autorités suite aux attentats sur l’institut scolastique Cervantes à Rome (17/06/2003), à la caserne des carabiniers de la rue S. Siricio à Rome, ou le marechal Sindona perdit deux phalanges, et au tribunal de Viterbe. L’opération a mené à une perquisition considérable de matériels informatiques, par la collaboration étroite entre police et carabinieri. A Torre maura occapato, c’est la troisième perquisition de l’année, et nous avons assisté au retour en scène des célèbres ROS (déjà remobilisés la semaine dernière pour l’arrestation de quelques « compagni » à Trente), qui étaient un peu restés dans l’ombre depuis la fin du procès Marini ou, en 1996, ils interpellèrent une ciquentaine de personnes et qui déboucha sur la condamnation définitive de six personnes. Une dizaine de carabinieri nous ont réveillé à 5 heures du matin entrant dans les locaux après nous avoir montré le mandat concernant la fouille du dit « CSOA Torre Maura ». Durant le contrôle, ceux ci se sont arrêtés sur de la documentation diverse, et ce jusqu’à neuf heures environ. Ceux ci ont saisi des lettres et cartes postales, en partie les correspondances avec des détenus. A la différence de la l’incursion de février dernier, les journalistes n’ont pas anticipé l’arrivée de la police, mais ils se sont néanmoins distingués par leur comportement sans gêne tipique de leursoigneux travail de soutien aux forces de l’ordre. Après les avertissements lancés les mois précédents, les déclarations du ministre de l’intérieur Pisanu lors d’une entrevu pour le journal « La Repubblica », dans laquelle il vante sa détermination, après le succès obtenu sur les « nouvelles Brigate Rosse », de renouveller les attaques sur le mouvement anarchiste, énénements qui ouvrit le chapitre à une nouvelle enquête dans des proportios gigantesques. Par des écoutes téléphoniques et la pose de micros souvent au contenu dérisoire , ils cherchent à valider l’hypothèse déjà avancées par le procureur générale Antonio Marini, de l’existance d’une organisation basée sur deux niveaux, l’un public et l’autre clandestin, et ainsi procéder à l’arrestation d’un nomlbre illimité de personnes pour délit d’association subversive. Le concept d’association basée sur l’affinité, souvent exprimé par entre anarchistes, indique un type de relation sur la base d’intérêts et de modalités partagés. Ce concept, étudié par les enquêteurs, ne peut pas entrer dans le cadre de la loi en vigueur concernant les bandes armées « à l’ancienne », grégaires et hiérarchisées, mais Pisanu s’apprête à travailler sur le sujet par la mise en place d’une loi « sur mesure » et plus adéquat au mode d’organisation calqué sur la pensée anarchiste opposé à toute forme de hiérarchie et autorité. Derrière une opération de grande échelle, « justifiée » par l’enquête concernat quelque attents, se cache en réalité l’intention de l’Etat de réprimer le mouvement anarchiste et toutes ses formes d’expression, dans le cadre d’un projet d’extirpation de toute tendance conflictuelle et d’anéantissement de toute volonté de radical changement qui prévoit la destruction du pouvoir.

    ... QUE DANS LA REPRESSION SE RENFORCE LA SOLIDARITE SANS LEADER NI « NIVEAUX » NI BONS NI MAUVAIS... ANARCHISTES ! LIBERTA PER SERGIO, SIMONE, MARCO, DAVIDE LIBERTA PER TUTTI !!!

    TORRE MAURA OCCUPATA Roma 28/07/2004.

    .CAGLIARI :

    FINIE LACAMPAGNE ELECTORALE COMMENCE LA CAMPANGNE D’ARRESTATION.

    Le 12 juin dernier, ont été arrêté à Quartu S. Elena (CA), trois compagni anarchistes du collectif « Fraria » de Cagliari. Luca, Vinicio et Carlo ont été arrêtés dans des conditions encore à clarifier, accusés d’avoir placé un engin incendiaire au committé électoral de Mauro Pili et Giorgio La Spisa (Forza Italia). Dans l’après midi se sont multipliés les perquisitions, notament au siège de la Fraria, qui a été fermée pour touble à l’ordre publique par le préfet de Cagliari E. Orru, ainsi qu’au domicile de sept autres personnes du collectif. Agendas, tracts, drapeaux, ordinateurs ont été saisis... Suite à ces journées d’arrestations et perquisitions, les diverses groupes et collectifs ont manifesté leur solidarité, sans néanmoins susciter des débats et polémiques au sein du mouvement sardo.

    Comme me l’ont raconté des personnes du collectif « Fraria », des caméras et micros ont été retrouvé au siège du collectif qui se trouve dans le centre historique de Cagliari, ainsi que dans le véhicule d’une des membres. Hallucinant !

    SOLIDARITE AVEC LES ANAR TRANSALPINS ! Porto sardu.

En complément...

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Rome : début du procès des anarchistes italiens inculpés-ées dans l’opération CERVANTES

Le 30 novembre s’est tenu à Rome la première audience du procès de l’opération Cervantes, nom donné à une vaste opération répressive contre le mouvement anarchiste italien, à qui le gouvernement a choisi le doux sobriquet "d’anarco-insurrectionnaliste". Neuf personnes étaient concernées par ce procès : Davide, Stefano, Massimo Del Moro, Claudia, Marco, Danilo, Valentina, Massimo, Sergio. Le verdict a été donné, et finalement cinq personnes sont sorties de prison, et ont obtenu l’assignation à résidence pour une période d’un an et demi. Néanmoins, Danilo, Valentina et Massimo restent incarcérés jugés « socialement dangereux » par le tribunal.

ITALIE  
Publié le 5/12/2005

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