Alors que les réunions pré-électorales se multiplient, on est pris par l’envie d’y aller avec du goudron et des plumes [1]. Du goudron, tiens, c’est aussi avec cela que l’équipe municipale mène campagne. Un article de Couac paru à l’automne dernier sur cet enrobé et sur d’autres revêtements à l’odeur d’élections...
Peinture et goudron : le prix de l’enrobé, l’odeur des élections
À Sainté comme ailleurs, en période pré-électorale, on fait dans l’affichage et le recouvrement de tout ce qu’il ne fait pas bon voir ni sentir. Mais les vieilles pollutions finissent toujours pas ressortir.
Vous l’avez vu vous aussi ? À Sainté, la rentrée est verdoyante, sur les affiches, dans les discours, et dans des mesures politiques qui, si elles n’étaient pas menées avec de l’argent public, nous arracheraient des larmes de rire. Ainsi depuis septembre, la Métro vous aide à réduire vos déchets en subventionnant l’achat de poules, de composteurs ou de lombricomposteurs. Mais vous pouvez aussi avoir le plaisir de pédaler sur des bandes cyclables aux peintures flambantes, grâce au tout nouveau « plan vélo 2019-2029 » doté de 31 millions d’euros, soit l’équivalent de 3 millions par an. Quand on sait que le budget communication pour la seule année 2019 est de 2,3 millions d’euros… Dès maintenant vous pouvez profiter de bandes cyclables en contresens dans des rues où une voiture passe déjà tout juste, de goudron flambant neuf dans des zones où il n’y a rien à faire (derrière le stade). Une des seules véritables pistes de la ville (séparée de la route, balisée par bandes et panneaux), se situe… cours Fauriel. Mais oui, le quartier le plus riche de la ville [2], où les trottinettes électriques peuvent désormais ramener du boulot ou de la gare leur jeune cadre dynamique ou quadra à la page, tout droit vers la salle de sport !
Mais sous les tonnes de goudron et de peinture déversées par la mairie pour briquer la vitrine électorale, les vieilles odeurs se font tenaces.
Ainsi sur le chantier du Steel, où une dépollution massive a dû avoir lieu sur ce site qui abritait autrefois une usine de distillation de béton puis un centre d’équarrissage et différentes installations classées pour la protection de l’environnement. Selon le site de l’Epora [3] : « les sondages [ont] notamment révélé la présence de solvants chlorés, hydrocarbures, métaux lourds et PCB liés aux activités anciennes de fabrication de goudron, découverts sous une dalle béton ferraillé d’environ 40 cm, avec à proximité des restes animaux ». Mais rassurons-nous, le projet sera « exemplaire sur les plans du design, de l’architecture et de l’environnement ». En attendant, ces longueurs ont obligé à repousser l’ouverture du centre commercial de fin 2019 à ...avril 2020. Plouf, un mois après les élections municipales qui ont lieu en mars.
Parfois sous la couche de goudron, on ne trouve pas de pollution mais… des pavés. C’était le cas rue Royet en cette rentrée. Dans ce quartier qu’il faut à tout prix ripoliner, les automobilistes peuvent désormais non seulement payer leur stationnement mais aussi rouler sur un enrobé flambant neuf. Les travaux ont révélé des pavés, qu’il a donc bien entendu fallu recouvrir…de peur qu’ils soient utilisés en manif ? On repense ici aux différentes « mesures de protection » prises dans des villes comme Valence pendant les plus grosses manifestations de gilets jaunes l’hiver dernier, avec là -bas aussi des plaques de goudron déversées dans les rues pour sceller les pavés.
Pollution à nouveau, mais plus loin. Le site Résistance verte nous informait récemment de la pollution dégagée par la centrale du Fay (entreprise Colas) à Saint-Jean-Bonnefonds. En 2015 et en 2016 déjà , les habitants s’étaient mobilisés pour dénoncer les poussières retombant des fumées de la centrale [4].
Un cruel manque de Steel…
« Les commerces deviendront complémentaires et non concurrents », « Givors a plus à craindre de ce projet que notre centre-ville », « Pas question de faire concurrence aux commerces du centre-ville », « Créer des synergies avec les magasins de Saint-Étienne et Saint-Jean-Bonnefonds ».
Alors qu’un certain nombre d’enseignes devant prochainement peupler les allées de Steel – le futur (et immense) centre commercial de la zone du Pont de l’âne, dont l’ouverture a été repoussée (voir ci-dessus) – viennent d’être révélées, nous reviennent en mémoire ces déclarations de la majorité, défendant becs et ongles son projet grandiloquent.
Comme l’a révélé le Déclin, dans un article daté du 2 juillet dernier, il faudra entre autres compter sur les chaînes de prêt-à -porter H&M, Mango et Promod. Soit trois enseignes déjà présentes en centre-ville... Pour ce qui est d’éviter la concurrence, c’est visiblement raté. Interpellé par l’opposition lors d’un conseil municipal, Gaël Perdriau s’est contenté d’un laconique : « Je ne suis pas le PDG de ces enseignes, ce n’est pas moi qui décide de leur stratégie. » Un aveu de faiblesse qui en dit long sur la vision portée par l’équipe municipale...
Compléments d'info à l'article