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Publié le 2 octobre 2004 | Maj le 12 avril 2020

Panique dans les majors ! L’industrie culturelle a identifié son ennemi : le P2P. Elle doit maintenant l’éliminer.


C’est du moins ce que les rumeurs laissent entendre. On parle d’un dégraissage d’environ 150 personnes dans les maisons Warner, EMI-Virgin et Universal. On entend parler d’un projet de fusion entre BMG et Sony. On murmure un rapprochement entre EMI et Warner. On susurre qu’il sera mis un terme à la fin de cette année à un grand nombre de contrats d’artistes. Lesquels ? Tous ceux qui ne vendent pas 100000 albums. Pourquoi ? Ils ne sont pas assez rentable.

Au cours du premier trimestre 2004, le marché du disque a enregistré un chiffre d’affaires de 223.6 millions d’euros soit 21% de moins qu’en 2003 et 27% de moins qu’en 2002 pour la même période. Le tableau n’est pas noir pour tous les supports. les ventes de DVDs musicaux enregistre une hausse de +46%. Face à la chute de leur chiffre d’affaire, Les majors désignent un unique coupable : le P2P.

Qu’est ce que le P2P ?

Quelques années auparavant, les machines à la disposition du grand public avaient des capacités de calcul, de stockage et de communication très limites. Dans le même temps, les entreprises et les universités possédaient en revanche des machines beaucoup plus performantes. De ce déséquilibre est né le le modèle client-serveur. Les entreprises et universités mettait disposition la capacité de leurs machines, appelées serveurs, au service des machines des internautes, appeleés clients. C’est sur ce modèle qu’est construit le Web constitué de millions de pages reliées les unes aux autres par des liens hypertextes. Chaque internaute utilise un navigateur web pour interroger et visualiser les pages mises à disposition sur des serveurs.

À l’heure actuelle, les PCs à la disposition du grand public sont de plus en plus puissant et les débits des connexions internet de plus en plus élevé. David Gedye et Craig Kasnoff lors d’une discussion un soir de Noël lance l’idée de mutualiser ces capacités, souvent inexploitées, pour résoudre une grande énigme : sommes-nous seul dans l’univers ? Le projet SETI@HOME est lancé. Capitaliser la puissance de calcul inutilisée de millions de PCs leur permet de faire face à de graves problèmes financiers dans un projet à long terme pour lesquels aucun seuil de rentabilité ne peut être fixé à l’avance. De la capitalisation des capacités de calcul à la mutualisation des capacités de stockage, il n’y avait qu’un pas.

Napster a été le premier à franchir ce pas. Cette socité proposait de télécharger de la musique non pas sur leur serveur Web, mais directement chez d’autres utilisateurs. À cette intention, chaque utilisateur installe un logiciel qui lui est fournit pour prendre part aux Échanges de fichiers. Ce logiciel permet de se connecter à l’un des serveurs de Napster. Ces derniers conservent une liste de tous les ordinateurs connectés ainsi que les fichiers dont ils disposent. Quand un utilisateur cherche un fichier en particulier, il interroge l’un des serveurs qui le redirige vers les machines qui en disposent. L’échange s’effectue alors directement de poste à poste.
Parce que les serveurs de Napster mettait à disposition la liste des fichiers partagsé, la RIAA (Recording Industry Association of America) a mis fin aux activités de cette société. La parade ne se fit pas attendre.

Justin Frankel et Tom Pepper, deux développeurs de la socité Nullsoft (filliale d’AOL), mirent à disposition des internautes un logiciel d’échanges de fichiers. La socité AOL ne réagit que quelques jours plus tard et stoppa sa mise à disposition. Il était déjà trop tard. Ce logiciel avait été analysé par des hackeurs, reprogrammé et
distribué sous la forme d’un logiciel libre. Gnutella était né. Gnutella désigne un protocole de communication qui permet, comme Napster, de partager des fichiers. Toutefois, il n’y a pas de point central qui sert d’annuaire. En conséquence, il n’existe aucune société contre laquelle un procès peut être intenté. Cette architecture décentralisée est qualifie de P2P.

P2P est la contraction de pair à pair (peer-to-peer). Il désigne une architecture de communication au travers de laquelle les postes des utilisateurs sont reliés les uns aux autres sans faire appel à un serveur central. Les applications P2P les plus connues sont celles qui permettent de partager des fichiers (file sharing) quelque soit le type de média : textes, images, sons, vidéos et programmes. Programmer et utiliser une application P2P de partage des fichiers n’est pas, à ce jour, illégale. Seul le fait de télécharger ou de mettre disposition des fichiers soumis à des droits d’auteur peut être considéré comme une infraction. Certains fichiers peut être librement diffusés.

Quels sont les fichiers qui peuvent être librement diffusés ?

En premier lieu, les oeuvres qui sont du domaine public. Sont concernées toutes les oeuvres dont l’auteur est mort il y a plus de 70 ans et dont l’éventuel interprète est mort il y a plus de 50 ans (http://www.domaine-public.net/). En ce qui concerne les programmes, les logiciels libres peuvent être librement distribués (http://www.opensource.org/). Par exemple, les différentes distributions du système d’exploitation GNU/Linux sont des logiciels libres. Les sociétés qui les développent ne disposent pas toujours des infrastructures nécessaires à leur diffusion. Elles utilisent à cet effet les réseaux P2P. De même, le réseau Indymédia ne dispose pas d’une infrastructure suffisante pour distribuer les vidéos qu’il produit. Il utilise à cette intention des logiciels de partage de fichiers P2P (http://www.indypeer.org/). Freenet va encore plus loin. Ce logiciel libre P2P de partage de fichiers permet de publier et d’obtenir une information non-censurée (http://freenet.sourceforge.net/). Il garantit l’anonymat des rédacteurs et des lecteurs.

Les adeptes du P2P sont-il nombreux ?

30% des internautes franais ont déjà utilisé un logiciel P2P de partage de fichiers et 15% des internautes qui n’utilisent pas ce type d’application envisagent de le faire dans les 12 prochains mois. Le nombre d’utilisateurs de ces logiciels a augment de 5% entre 2002 et 2003. Toutefois, les français ne représentent que 8% du nombre total des adeptes de P2P dans le monde soit près de 10 millions de personnes. 55% d’entre eux résident aux états-Unis. Dans ce pays où la vague du P2P a été plus précoce, le nombre des adeptes du P2P a diminué de 7% entre 2002 et 2003. Peut-on alors véritablement corréler la chute des ventes de disque avec l’augmentation du nombre d’adeptes du P2P ?

La seule solution envisage : la répression.

L’industrie culturelle ayant identifier son ennemi, elle doit l’éliminer. Les « majors » équipent leurs CD de dispositifs anti-copie. Elle refuse ainsi à l’utilisateur d’exercer son droit à la copie privée. Impossible de copier son CD pour que sa copine l’utilise dans son auto-radio. Pire encore, l’orignal est parfois illisible sur certains ordinateurs ou auto-radios.

Les adeptes de P2P sont maintenant poursuivis. Pour l’exemple, Alexis a été réveillé le 18 août, à 6 h 20 du matin par des gendarmes qui sont venus lui confisquer son disque dur. Il risque jusqu’à trois ans de prison et 300 000 euros d’amende. Une mesure disproportionnée pour un fan de musique qui achetait en moyenne 2 albums par mois et qui utilisant les fichiers télécharger pour un usage privé dans le but de
les sampler.

Les questions qui devraient être posées.

Avant de désigner un coupable quelques questions méritent d’être posées. Qui a favorisé la mise en place de leurs produits dans les réseaux de distribution des magasins à 4 lettres au détriment de feux les petits disquaires ? Qui a transformé la promotion artistique en marketing ? Combien d’euros dépensés en espaces publicitaires ? Qui a signé des contrats en or avec Johnny, Goldman et Céline ? Qui a surexploité ses catalogues avec un nombre incalculable de compilations ? Qui a déjà externalisé les services d’imprimerie, de PAO et de services généraux, etc... Qui vend les graveurs de CD et la télé-réalité ? Comment expliquer qu’un vinyle qui coûtait environ 5,5 francs était vendu 90 francs et qu’un CD qui coûte 80 centimes est vendu 140 francs ?

Tout n’est pas si noir.

Les majors paniques et dans le mme temps les indpendants rompent avec cette logique mercantile. Plutôt que de travailler contre Internet, ils inventent avec lui de nouvelles solutions. Un nombre croissant d’artistes diffusent leur musique sur Internet gratuitement pour en assurer la promotion et faire le plein des festivals et des salles de concert.

Le bazar se moque de la cathédrale et encourage la curiosité.

P.-S.

Portfolio


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