En avant-goût, l’édito du numéro :
Notre-Dame a brûlé. Des millions d’euros se sont précipités. Toute le monde l’a commenté, on aurait pu l’éviter.
Mais c’est vrai que nous aussi – si un « nous » militant.e stéphanois.e existe –, on est jalouses et jaloux de ces dons spontanés. On a bien bien pensé à brûler nos locaux. Sauf que, dans cette ville un peu vide, on en manque de bâtiments à nous. Des qu’on pourrait cramer pour pouvoir un peu plus flamber. Mais ici où 13 000 logements sont vacants, des gens doivent batailler pour dormir sous un toit tout pété. La solidarité, elle, est attaquée, réprimée, justiciée. Parce que l’ennemi intérieur, c’est me, c’est you, c’est nous et que nos actes sont sous contrôle.
Depuis notre dernier numéro, on a failli croire à une ville hors contrôle le temps d’un Carnaval de l’inutile, mêlé à un rassemblement régional des gilets jaunes et un appel de Désarmons-les. L’herbe a brûlé, nos quartiers ont dansé, les couleurs se sont mêlées, la Biennale a été annulée le temps d’une journée.
Mais, après l’échec de cette biennule, l’expérimentation sécuritaire devient de plus en plus l’argument marketing numéro un de Perdriau. Le contrôle à l’ancienne a encore de beaux jours devant lui : police et justice s’associent toujours pour mettre fin aux mouvements sociaux (p. 6) et aux tentatives solidaires (p. 8). Les caméras se sont multipliées, au stade comme à la ville (p. 11). Et comme si ça ne suffisait pas, ancien et nouveau mondes s’associent pour mettre nos rues sous écoute (p. 12). De beaux arguments pour convaincre Big Google d’installer son « atelier » à Sainté (p. 15).
Pourtant, la résistante et les solidarités s’organisent pour que l’on puisse encore jouer dans les rues (p. 19) sans drapeau tricolore au-dessus de nos têtes (p. 20). La science n’a pas encore mis fin à nos colères (p. 22) et Gilbert nous rappelle que le zbeul est possible dans cette ville (p. 23).
De quoi nous encourager à remettre un peu de bordel dans tout cet ordre !
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