LA JUSTICE A DEUX VITESSES …
Elle applique un traitement différencié selon la classe et l’origine sociale de l’accusé.e ; criminalise certains faits (atteintes au capital et à la propriété privée) bien plus que d’autres (pillage de fonds publics, violence voire homicide dans le cadre du maintien de l’ordre) ; juge et condamne non pas à base de l’irréfutabilité des preuves mais à base d’un profil (« jeune de quartiers populaires », « noir » ou « arabe » de préférence).
Nahel, 17 ans, est abattu d’une balle lors d’un contrôle de police le 27 juin 2023. Sa mort provoque colère, révolte, pillages de magasins. La plupart des interpellé.es passent en comparution immédiate, une procédure accélérée qui permet de juger une personne dès sa sortie de garde à vue sans délai pour préparer une défense correcte.
Exemples de condamnations :
- 1 an de prison ferme et interdiction définitive de territoire français pour une personne interpellée devant le magasin Lacoste pillé à Saint- Étienne. Seule preuve de son implication : il a sur lui 4 paires de lunettes... d’une autre marque !
- 10 mois de prison ferme pour une canette de Red Bull (1,25€) pour un interpellé à la sortie d’un Monoprix pillé à Marseille ;
- 15 mois de prison dont 6 ferme et paiement d’indemnités pour un autre comparu à Saint-Étienne, accusé de violence envers agent, plus exactement de jet d’une « arme par destination », à savoir ... d’un copeau de bois (de ceux qui tapissent les bacs à fleurs).
La violence envers agent et la violence par des agents ni ne s’exercent à armes égales ni ne se payent au même tarif. Rares sont les flics qui sont condamnés. Quand ils le sont, les peines sont minimes. En 2012, 5 ans après les faits, le flic reconnu coupable d’avoir « involontairement » causé la mort d’Amine Bentounsi (d’une balle dans le dos !) est condamné à 5 ans de prison avec sursis et à 5 ans de suspension de port d’arme (sursis : dispense d’exécuter une peine à condition de ne pas récidiver). Il est toujours flic… et délégué syndical.
… LA LAMBORGHINI EN A SIX !
On ne verra pas un flic passer en comparution immédiate, pas plus qu’un politicien.e de haut rang . Entre immunités, raisons « de santé » et efficacité des avocats qui coûtent cher, les affaires traînent en longueur et les condamnations, rares, sont dérisoires. Faites confiance à la justice, l’enquête suit son cours ! En 2011, 4 ans après avoir été mis en examen et alors qu’il est cité dans 8 affaires de corruption depuis les années 1990, l’ancien président Jacques Chirac est condamné à 2 ans de prison avec sursis pour abus de confiance, prise illégale d’intérêts, délit d’ingérence et détournement de fonds publics : au moins 4,5 millions d’euros. L’argent permet tout aussi bien d’échapper à la justice : G. Perdriau, le maire de Saint-Étienne en fonction actuellement, mis en examen pour chantage à la sextape financé avec de l’argent public, peut éviter son placement en détention provisoire contre la modique somme de 60 000€ ! Liberté, égalité, fraternité, mon cul.
On brise une vitrine pour une paire de lunettes de luxe ? Les tribunaux crient au pillage. Pour cette même paire de lunettes, d’autres sortent leur carte bleue. La règle d’or du capitalisme ne peut être bafouée. C’est bien parce qu’il provient de l’exploitation institutionnalisée que l’argent doit conserver son monopole. Sa violence n’a pas d’odeur. Pendant que la justice fabrique « les nuisibles » qui remplissent ses prisons, elle garantit aux riches, aux dignitaires de l’État et à ses sbires le privilège de la délinquance légitime : tu peux tuer en travaillant lorsque tu portes un uniforme, tu peux piller lorsque ton capital te rend à même de piller en grand, tu peux voler lorsque ton rang transforme le vol en « détournement de fonds publics ».
Pleurez vos vitrines pendant qu’on enterre des vies !
La police tue, la justice trie, la prison broie.
LIBERTÉ POUR TOUTES LES PERSONNES INCARCÉRÉES
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