Depuis 2004, s’organise tous les ans, dans le Monde et en France, la Semaine contre l’Apartheid Israélien. En 2018, c’est l’universitaire états-unienne Virginia Tilley, co-auteure du rapport sur l’apartheid israélien qui nous avait présenté ses travaux à Saint-Étienne. En 2017, Tisetso Magama et Yannis Arab étaient à l’honneur. Ces intervenants tiennent des conférences dont l’objectif est de dénoncer l’apartheid et les crimes israéliens, mais aussi d’élever les consciences populaires sur ce qui se passe en Palestine et de soutenir le mouvement BDS. Ce mouvement pacifique appelle au Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre l’État d’Israël, tant qu’il ne se conformera pas au droit international.
Dénoncer l’apartheid israélien
Au regard du droit international, l’apartheid s’applique à des actes inhumains commis dans le contexte d’un régime institutionnel d’oppression systématique et de domination par un groupe ethnique. Pour être qualifié comme telle, une situation d’apartheid doit être la résultante d’une politique sciemment décidée et conduire à des violations des droits humains. Cette définition étend et englobe la vision traditionnelle de l’apartheid sud-africain souvent pris incorrectement comme référentiel.
Très loin du sionisme des débuts, déjà largement fantasmé, le foyer juif s’est progressivement transformé en un État juif et en une entreprise de domination ethnico-religieuse. Les grandes lignes directrices politiques et les législations qui en découlent sont orchestrées pour garantir une domination démographique et un contrôle des terres à même de perpétuer la domination des juifs sur les non-juifs. La Nakba de 1948 qui a engendré le déplacement de plus de 700000 palestiniens et la destruction de plus de 500 villes et villages palestiniens ; l’occupation-colonisation des territoires palestiniens ; le blocus de Gaza ; l’emprisonnement sous le régime de la détention administrative et l’emprisonnement des enfants ; le refus d’appliquer le droit au retour, résolution 194 de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, votée en 1948, et condition d’intégration d’Israël à l’ONU ; les répressions meurtrières des révoltes palestiniennes... Tous ces éléments forment une liste non-exhaustive de violations des droits humains commises par un régime d’oppression systématique et qui conduisent à la domination d’un groupe ethnique, ils constituent entre autres, le crime d’apartheid en Israël.
En 2018, le parlement israélien a voté la loi sur l’État Nation du peuple juif. Il s’agit d’une loi fondamentale a valeur constitutionnelle. Une telle loi revient à instituer au plus haut niveau de l’État une discrimination entre juifs et non-juifs, porte ouverte à toutes les dérives discriminatoires et racistes. Fruit d’une volonté politique qui conduira immanquablement à plus de violations des droits humains fondamentaux des non-juifs, cette loi entérine la situation d’apartheid en Israël. Sur sa lancée d’ethnicisation de l’État hébreu, Netanyahou a d’ailleurs déclaré il y a peu « qu’Israël n’était pas l’État de tous ses citoyens », en vertu de la loi loi fondamentale qu’il a lui-même fait voter. Difficile de mieux démontrer les périls que représentent une telle constitution.
Rappelons que le crime d’apartheid est considéré comme un crime contre l’humanité selon le droit international et que la qualification d’une telle situation doit conduire tous les acteurs publics ou privés à adopter toutes les mesures nécessaires pour y mettre fin.
Cesser d’armer la colonisation
La semaine IAW 2019 est aussi l’occasion de relancer la campagne BDS qui réclame un embargo sur les ventes d’armes israéliennes et la fin des coopérations militaires avec ce pays. En effet, les pays du Nord soutiennent Israël en procédant à des ventes d’armes et en aidant financièrement son industrie militaire. Les technologies militaires et l’armement israélien, testés sur les palestiniens et validés pour la guerre urbaine sont exportés un peu partout dans le monde, et notamment vers des régimes génocidaires ou autoritaires. Ainsi, non-seulement l’attitude des pays occidentaux vis-à -vis de l’État hébreu contribue à maintenir les palestiniens dans une situation d’oppression, mais en plus, l’armement israélien, cyniquement testé sur ces derniers, contribue à la répression de contestations populaires de par le monde.
Aussi, la campagne BDS continue à réclamer l’embargo militaire sur Israël et appelle toutes les personnes de conscience à relayer cette campagne.
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