L’action a impliqué une trentaine de personnes et s’est déroulée devant les locaux de France 3 en tant que représentant du groupe « France Télévisions ». Le directeur régional est venu à la rencontre des manifestants qui ont exprimé leur position et les raisons de leur présence. Il s’est engagé à transmettre la lettre ouverte de la campagne BDS France qui est adressée à Madame Ernotte, la présidente directrice générale de France Télévisions. Plus tard dans la soirée, le groupe s’est déplacé jusqu’à la gare de la Part-Dieu toute proche. Malgré le temps maussade et froid, leur présence a été remarquée avec les banderoles et les pancartes. Ils ont distribué la lettre ouverte à plus de 800 personnes et nombre d’entre-elles se sont arrêtées pour échanger sur le sujet.
France Télévisions est dotée d’une charte qui prône des engagements éthiques en matière de contenu des produits diffusés et qui vise, entre autres, à contribuer au respect des droits de la personne, notamment de sa dignité, et la lutte contre les discriminations, et à la promotion du vivre ensemble. La liste est longue des vicissitudes endurées par les populations autochtones de Palestine depuis l’incarnation du projet sioniste et devrait conduire naturellement France Télévisions à prendre ses distances avec cet événement s’il a bien lieu en Israël. En 2018, et à la même période que l’Eurovision 2018, des Palestiniens tombaient sous les balles israéliennes alors qu’ils manifestaient pour réclamer leur droit au retour sur les terres dont ils ont été chassés. Au total en 2018, 295 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie et à Gaza, et plus de 29 000 ont été blessés, parmi eux de nombreux estropiés. Ce bilan récent, ne suffirait-il pas à lui seul à remettre en cause la participation à l’Eurovision 2019 ?
Mais la Palestine c’est aussi plus d’un siècle de dépossession des palestiniens. Une colonisation incessante, une épuration ethnique qui commence en 1948 au moment du partage du territoire décrété par l’ONU et qui a vu l’amputation des terres palestiniennes. Un remplacement ethnique qui continue aujourd’hui par l’intermédiaire de lois organisant un traitement différencié des non-juifs et des juifs et précarisant toujours plus les palestiniens. C’est l’annexion illégale de territoires lors de la guerre de 1967, l’occupation-colonisation de la Cisjordanie, la construction illégale d’un mur de séparation en Cisjordanie, le maintien sous blocus de la bande de Gaza depuis plus de 10 ans, etc, etc. Plus récemment, un rapport pour l’ONU des universitaires américains Falk et Tilley a mis en évidence le caractère d’apartheid de l’Etat d’Israël au regard du droit international. Une accusation qui est censée pousser tous les acteurs étatiques, institutionnels ou civils à agir pour y mettre un terme. Peut-être que France Télévisions pourrait aussi y trouver l’inspiration pour ne pas participer à cet événement.
En attendant une décision responsable de la part de cet organisme, et qui serait conforme aux valeurs éthiques avancées, les initiatives pour réclamer l’annulation de la participation à cet événement se multiplient. 140 artistes se sont mobilisés et appellent au boycott de l’Eurovision 2019 si le concours a lieu en Israël tandis qu’une pétition européenne de même contenu a recueilli plus de 30 000 signatures.
De son coté, BDS appelle toutes les personnes de conscience à ne pas cautionner la tenue de cette Eurovision 2019 tant que les droits fondamentaux des Palestiniens ne sont pas respectés.
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