Actualité et mémoire des luttes à Saint-Étienne et ailleurs
ACTUALITÉS CAPITALISME - GLOBALISATION / TRAVAIL - PRÉCARITÉ
Publié le 15 avril 2006 | Maj le 23 janvier 2017 | 1 complément

EuroMayDay 2006


Le premier mai, i.e. MAYDAY, le jour de congé global des travailleurs rebelles depuis plus d’un siècle, le réseau Euromayday organisent les Parades Mayday des temporaires, temps partiels, contractuels et autres jeunesses précaires, main dans la main avec le militants syndicaux et collectifs d’activistes sociaux dans plus de vingt villes européennes majeures.

Travailleurs/euses flexibles et temporaires, migrant-e-s sans papiers, étudiant-e-s, intermittent-e-s, intérimaires, chercheurs/euses, licencié-e-s ou employé-e-s rompu-e-s au temps partiel, salarié-e-s à l’emploi discontinu, artistes sans statut, chômeurs/euses volontaires ou non, stagiaires, travailleurs/euses du sexe, parfois tout cela en même temps. Nous sommes la nouvelle réalité du travail européen, nos vies expriment la généralisation de la précarité et des nouvelles formes d’exploitation. Nous sommes au centre du processus de production de richesses et malgré cela nous sommes invisibles aux yeux du pouvoir, nous n’avons ni poids ni avenir dans les formes traditionnelles de représentation politique et sociale.

Nous sommes les contorsionnistes de la flexibilité et les survivants de la précarité issus de douzaines de collectifs dans nos villes et organisés en réseau transeuropéen afin de défendre nos droits sociaux collectifs et d’en produire d’autres. Nous n’avons plus confiance ni foi en ceux qui, à la cime des gouvernements, syndicats, partis politiques ou institutions culturelles, prétendent parler en notre nom et prennent des décisions concernant nos vies, alors qu’ils ignorent les revendications et répriment les pratiques de transformation sociale.

Mais nous nous organisons pour lutter, pour vivre, pour nous réaliser. Les MayDay, les parades du 1er mai des précaires, existent en Italie, Allemagne, Danemark, Espagne, Suède, Hollande, Finlande, France, Slovénie, Angleterre, Grèce ... et gagnent chaque année en puissance. Nos luttes commencent à surgir dans l’espace social européen et à y imprimer des traces indélébiles. Au-delà de nos expériences de combat particulières et fugitives, le mouvement anti-CPE réactive à grande échelle une créativité et une radicalité absentes depuis trop longtemps, il participe à l’émergence d’une nouvelle génération et d’un nouvel imaginaire en Europe. Cette conscience émergente, notre conscience, c’est celle qui ne craint pas la précarité, qui accepte de vivre avec, qui veut vivre cette multiplicité des expériences et des possibles. Qui veut la vivre, pas la subir. C’est pourquoi nous luttons, nous conspirons, nous inventons, parce que nous ne voulons pas mendier, nous voulons prendre, nous voulons avoir et être.

Nous ne voulons pas de l’illusion définitivement disparue du plein-emploi et du CDI pour tous. Nous voulons nous loger, dormir, apprendre, fonder les familles que nous souhaitons, produire et accéder à une information et une culture diversifiées, jouer, échanger librement des savoirs, bien manger, prendre soin de notre santé, respecter notre environnement, nous déplacer et nous installer librement, participer à la vie de la cité, créer de nouveaux espaces publics et de nouvelles manières de vivre en société.

Nous voulons des nouveaux droits collectifs en relation avec nos réalités de vie, et nous les voulons pour tous, indépendamment de nos mérites, emplois ou nationalités.

Nous demandons l’égalité sociale pour tous, la fin de la précarisation du travail et de toutes les formes de flexploitation, après deux décennies de dérégulation du marché du travail qui ont provoqué une paupérisation diffuse et n’ont pas réduit le chômage. Nous demandons la liberté de mouvement pour les migrants et la sécurité de revenu pour tous comme étapes fondamentales vers une Europe sociale réelle.

Nous voulons une égalité sociale qui nous permette de vivre, pas un marché de l’emploi basé sur la discrimination et l’esclavage. Les fruits du système social européen devraient être distribués indépendemment du travail et de la nationalité, pour que l’ensemble des précaires puissent
en bénéficier. Nous sommes déterminés à rompre le lien entre revenu et travail, entre revenu et nationalité, comme pré-conditions de base pour créer une politique réellement démocratique, libertaire et égalitaire à l’âge de la globalisation guerrière.

Nous nous battons pour l’accès généralisé au logement et à la mobilité, libre téléchargement et télédéchargement pour tous, libre accès et partage de la culture et de l’information. Nous pratiquons la liberté d’expression et la dissidence, nous participons aux conflits sociaux et grèves, nous construisons nos propres médias pour démasquer les versions sponsorisées de la réalité, qu’elles le soient par les Etats ou les transnationales.

Nous paraderons le jour du MayDay pour reconquérir nos vies et nous battre contre l’Etat social actif ou contre d’autres solutions autoritaires productrices d’inégalités et de crise du Welfare. Nous voulons donner corps à travers nos conflits à un nouveau système social et à une société plus horizontale, démocratique, où l’immatériel, le service, l’affectif, le travail flexible ne sont pas sujet à une exploitation sans merci, au chantage et à l’impossibilité d’exister. Personne ne veut être condamné au même travail pour toute sa vie. Mais personne ne veut passer sa journée entière à se demander comment payer la prochaine facture tout en jonglant avec trois jobs.

L’année dernière, les parades Euromayday ont rassemblé plus de 200 000 précaires de toutes sortes et ont organisé des actions de protestations contre la précarité et d’autres formes de domination sociale dans les rues d’une douzaine de villes européennes. Pourquoi l’a-t-on fait ?

Parce que nous sommes précaires, precari, precari@s : nous sommes les sans-emplois, les femmes, les jeunes, les banlieusards du travail salarié, les intermittents, les étudiants, les stagiaires, les migrants, les travailleurs flexibles temporaires en réseaux.

Pour donner consistance à nos formes de vie et à toutes les autres, nous lançons un appel aux groupes et collectifs de la MayDay ou non pour qu’ils nous rejoignent avec leur héros, icône, logo, personnage ou marionnette symbolisant leur précarité, leurs subjectivités, leurs revendications et leurs rêves ... Pour une Europe libre, ouverte et radicale : précaires de ce monde et des autres unissons-nous !

MayDay ! MayDay ! MayDay !

P.-S.


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  • Aujourd’hui, 2 juin 2004, fête du patriotisme artificiel et militaire, nous, précaires et cognitaires d’Italya, forts des cent mille du MAYDAY et de la bénédiction arc-en-ciel de SAINT PRECAIRE, présentons cette charte des droits sociaux, à diffuser et à revendiquer en tout lieu, pour en faire le fondement d’une nouvelle constitution matérielle pour la société italyenne. Nous la proposerons à nos sœurs et frères intermittents et précaires d’Europe au cours de l’été, afin d’aboutir à une MAGNA CARTA commune à toutes et tous les Flex Workers de l’Union.

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