Plus récemment, en février 2021, la métropole a largement communiqué sur quelques consignes à vélo [2] installées dans la ville. Elle allait même jusqu’à titrer « C’est la vélorution ». Sérieusement, un plan vélo de 41 M€ qui accouche de 90 places, relève plus de l’arnaque que de la vélorution. La vélorution, ce serait des arceaux vélos à chaque croisement et dans chaque rue de la ville, ce serait des places gratuites accessibles à tous et toutes les cyclistes, peu importe leur classe sociale et leur quartier, ce serait une subvention à l’achat de cadenas, ce serait la liberté de garer son vélo dans n’importe quelle rue sans être pisté·e par une application mobile de surveillance [3].
D’ailleurs en circulant dans la ville si on compare le nombre de panneaux d’affichage faisant la promotion des consignes, au nombre d’arceaux ou de consignes à vélo, il devient évident que la métropole de Saint-Étienne cherche plus à verdir son image par une belle campagne de communication plutôt qu’à faciliter le parking vélos.
Non, neuf consignes vélos ne font pas une vélorution.
Sur son site internet la mairie se vante d’une zone 30 sur une grande partie du centre ville [4]. Mais, une fois dans la rue, sur ma bicyclette, je cherche la signalétique. Où sont les doubles sens cyclables ? Où est le respect des automobilistes ? Il y a bien quelques rues signalées comme étant à double sens cyclable, mais c’est loin d’être le cas dans toute la zone 30. Il y a bien quelques automobilistes courtois·es, mais il y a encore bien trop de chauffard·es pressé·es qui te crient dessus, qui te collent, qui ne comprennent pas ce que tu fais là ou même qui roulent sur ton vélo sans regret [5]. Pourtant, le code de la route prévoit que « lorsque la vitesse maximale autorisée est inférieure ou égale à 30 km/h, les chaussées sont à double sens pour les cyclistes ». [6]. À Saint-Étienne, nous sommes donc en mesure de nous demander si la zone 30 du centre-ville en est bien une – alors même que les aménagements cyclables sont une nécessité pour que tous et toutes puissent rouler en sécurité.
Quel choix reste-t-il aux cyclistes si ce n’est celui de descendre tracer dans leur rue l’aménagement cyclable dont ils ont besoin ?
Mais tout cela n’est pas limité à la commune de Saint-Étienne, aux portes de la métropole, le constat est similaire. Mi-mars une bagnole percutait un groupe de dix-huit cyclistes, adolescents pour la plupart, qui roulaient en groupe. Elle a blessé dix personnes dont une dans un état très grave. De son côté la presse locale euphémise la responsabilité des automobilistes mis en cause [7]. Pourtant tout le monde sait que l’automobile est potentiellement très dangereuse. Elle doit donc être utilisée avec un maximum de précaution. Améliorer la sécurité des routes de campagne passe aussi par le développement et l’utilisation des transports en commun. Et parfois cela nécessite de lutter contre le démantèlement des infrastructures ferroviaires existantes [8] ou encore contre le développement de nouvelles voies rapides [9], qui ont pour effet secondaire d’appeler toujours plus de bagnoles sur les routes.
Remettons en cause la place de l’automobile dans la société.
Nous remettons en cause la place de l’automobile dans toute la métropole de Saint-Étienne.
La pollution tue ici et ailleurs. Les affections respiratoires chroniques [10] sont autant un fléau que l’épidémie actuelle. Dans les deux cas c’est 2,6 millions de morts par an dans le monde. Entre mars et mai 2020, l’air était devenu un peu plus respirable quand les bagnoles étaient restées garées. Les déplacements à vélo, en plus de maintenir les distanciations physiques et de développer nos systèmes immunitaires, nous autorisent à nous déplacer en souriant aux passant·es et en sentant l’air glisser sur nos visages.
« Contre la morosité ambiante, contre la pollution, une seule solution : la vélorution. »
Et au milieu de tout ça, au gré des couvre-feux et des confinements, la vélorution s’organise à Saint-Étienne. Le confi nement nous enferme, la pollution nous asphyxie, le climat se dérègle.
Mais contre toute logique économique, écologique et sanitaire, la ville est toujours envahie par la voiture et ses nuisances. Aucune action d’envergure n’est mise en place par nos élus pour donner une vraie place au vélo. Aussi, nous, cyclistes, prônons la Vélorution.
Libérons les cyclistes enfermé·es dans leurs voitures.
Vélorution ! Derrière ce mot, se cache un mouvement international qui vise à donner aux déplacements cyclistes une place centrale dans les déplacements urbains.La vélorution rassemble les cyclistes en une masse critique. Ou, comment, les cyclistes attendent d’être assez nombreux·ses, de faire masse pour s’engager ensemble dans la circulation.La vélorution est auto-organisée, sans leader, organisateur·ice et sans affiliation de membre, initiée par un simple rendez-vous donné à un lieu donné.La Vélorution est festive.Nous refusons que Saint-Étienne se limite à demeurer la ville historique du vélo. Faire du vélo en ville se conjugue au présent.Nous contestons un espace public massivement dédié à la circulation et au stationnement de la voiture. Non, la ville n’appartient pas aux automobilistes.Nous prônons les vertus de la bicyclette, moyen de transport simple, écologique et efficace.Une fois par mois, retrouvons-nous, à la même heure et au même endroit et partons circuler ensemble dans la ville, à vélo, en skate ou à rollers.En général, le deuxième vendredi du mois, à 18h00, place Chavanelle.Prochain rendez-vous : vendredi 10 septembre 2021Plus d’info : https://mstdn.fr/@velorutionsaintetienne
Boîtes connectées, communication acharnée
Ces derniers mois, sont apparues en différents points de la ville plusieurs consignes à vélo, sous la forme d’énormes cubes métalliques aux notes design. Celles-ci, vendues comme des “grosses boîtes discrètes” selon le magazine de la ville, peuvent accueillir – seulement – 10 bicyclettes chacune et sont surmontées de panneaux solaires permettant le rechargement des vélos électriques. Elles constituent des “solutions ponctuelles” de stationnement, payantes et accessibles via… une application smartphone, comme chacune des pseudo-nouveautés de Sainté Smart City. S’inscrivant dans le “Plan Vélo” de la Métropole, l’initiative montre une fois encore la déconnexion des décideurs·euses vis-à-vis des besoins réels de la population concernée. Si ces consignes répondent peut-être à une problématique rencontrée par certain·e·s usager·e·s, il est clair que la majeure partie des cyclistes de la ville auraient préféré que l’argent investi dans ce système le soit pour un véritable aménagement de voies cyclables au sein de la ville, et d’infrastructures simples, mais nombreuses, pour le stationnement des vélos. Tout l’inverse d’une politique basée sur la communication outrancière et les réalisations tapageuses !
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