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LYON & ALENTOURS  
Publié le 1er novembre 2021 | Maj le 10 novembre 2021

Soutien aux 7 inculpés du 23 septembre


Depuis le 23 septembre 2021, sept militants antifascistes lyonnais sont poursuivis par le parquet de Lyon pour une altercation avec des membres du groupe Civitas, alors que les militants de l’organisation catholique intégriste n’ont été ni convoqués, ni auditionnés. « Le parquet de Lyon semble engagé dans une politique du “deux poids, deux mesures” qui conforte l’impunité des militants d’extrême-droite » s’insurgent de nombreux intellectuels et avocats. Tribune signée par 123 personnes et publiée dans Mediapart, et appel à un rassemblement de soutien, jeudi 4 novembre au Tribunal judiciaire de Lyon, à partir de 14h.

« Depuis le 23 septembre 2021, sept militants antifascistes lyonnais sont poursuivis par le parquet de Lyon pour une altercation avec des membres du groupe Civitas. Cette organisation catholique intégriste combat notamment le droit à l’avortement et s’inscrit dans la galaxie de l’extrême-droite française qui prend part aux marches contre le pass sanitaire pour y diffuser des discours antisémites et de haine. C’est lors d’une de ces manifestations, le 28 août dernier, que l’altercation a eu lieu.

Le parquet, requérant le placement en détention provisoire de l’ensemble des sept militants antifascistes, a obtenu du juge des libertés et de la détention l’incarcération de quatre d’entre eux immédiatement après leur garde-à-vue, les trois autres étant soumis à un strict contrôle judiciaire.

Dans le cadre de cette affaire, il nous paraît important de souligner plusieurs points :

- Le parquet s’est auto-saisi de ces faits et a mené une procédure entièrement à charge contre les militants antifascistes, alors même qu’aucune plainte des supposées « victimes » (pour lesquelles aucune ITT n’aura été constatée) n’a été enregistrée. Les militants de CIVITAS n’ont quant à eux été ni convoqués, ni auditionnés pour s’expliquer sur les faits de violence. Par contre, la police les a bien contactés, sans que l’on puisse comprendre les liens entre les enquêteurs et Civitas, ni même qui a été contacté. Le parquet de Lyon, pourtant soumis au principe d’impartialité et devant veiller à ce que les investigations soient menées à charge et à décharge, apparaît n’orienter les services d’enquête que dans un sens.

- Les interpellations sont intervenues après 3 semaines d’enquête et ont donné lieu à des gardes-à- vue d’une durée de 48 heures. Au terme de ces délais, le parquet a utilisé le retard pris par les services de police dans l’exploitation des données téléphoniques pour saisir le tribunal selon la procédure de « comparution immédiate à délai différé » [1]. L’utilisation de cette procédure, dont la création récente a largement été analysée comme visant à faciliter l’incarcération, relève d’une volonté répressive explicite et a permis de balayer les observations des conseils des mis en cause.

Le parquet s’engage ainsi dans un choix politique : apporter la réponse forte et répressive de la comparution immédiate, sans présenter un dossier d’enquête complet permettant à un juge de se prononcer au fond. Et ce, aux dépens de la liberté des mis en cause.

Le traitement judiciaire de cette affaire illustre une politique pénale du parquet de Lyon toute particulière dans ce type d’affaires. Il accumule les poursuites à l’encontre des militants antifascistes, tout en brillant par son absence dans le traitement des violences commises par l’extrême-droite à Lyon, pourtant nombreuses et documentées.

Les nombreux groupes néo-fascistes de Lyon forment une véritable nébuleuse et disposent de locaux ayant pignon sur rue. Au cours des dernières années, ces militants tentent d’imposer un véritable climat de terreur sur la ville.

Lors de la finale de la Coupe d’Afrique des Nations le 14 juillet 2019, ils agressent des supporters algériens aux cris de « sales bougnoules ».

Le 28 juin 2021, en marge du match de football entre l’équipe de France et celle de Suisse, ils agressent de jeunes supporters de l’équipe de France, pas assez blancs à leur goût, utilisant une arme blanche contre un jeune qui devra se faire recoudre la lèvre. Lors de ce dernier événement des militants d’extrême-droite ont été filmés et reconnus par de nombreux témoins. Pourtant, la Préfecture démentira le caractère raciste de l’agression et qualifiera l’événement de « bagarres entre supporters ».

Le 12 décembre 2020, deux militants syndicalistes qui participent à une collecte de jouets sont passés a tabac par ces mêmes personnages devant la librairie La plume noire, dans les pentes de la Croix-Rousse.

Le 20 mars 2021, une quarantaine de militants d’extrême-droite attaquent cette même librairie et brisent ses vitrines puis traversent plusieurs quartiers de la ville avec des barres de fer, cagoulés, sans être inquiétés. Le groupe « Ouest Casual » diffuse avec fierté les vidéos de ces violences en septembre 2021. Mais ne semble pas attirer l’attention du parquet.

Lors de la marche des fiertés lesbiennes du 24 avril 2021 une quarantaine de néo-fascistes tente d’attaquer, sans succès, la manifestation. Le 29 septembre 2021 des militants d’un groupe antifasciste, la Jeune Garde, sont agressés dans la gare de Perrache par des individus armés de cutter et de barres de fer à la sortie d’une conférence sur l’extrême droite.

Cette liste n’est malheureusement pas exhaustive. Elle ne détaille pas l’ensemble des bris de verre et des tags menaçants à l’encontre de locaux d’organisations de gauche et de syndicats comme le PCF, la CNT ou la CGT, visés a de nombreuses reprises. La radio libertaire Radio Canut a ainsi subi trois attaques de l’extrême-droite au cours de la seule année 2017 .

Comment expliquer l’absence de poursuites suite à ces violences multiples de la part de l’extrême droite lyonnaise, documentées, parfois filmées et même revendiquées ? Comment expliquer que trois militants antifascistes dorment en prison pour une altercation n’ayant pas entraîné d’ITT, dont tous les protagonistes n’ont pas été entendus, alors que des agressions à l’arme blanche restent impunies ? Comment expliquer que des groupes dissous par décision gouvernementale, tels que « Bastion social » et « Génération identitaire », puissent encore se réunir et disposer de salles ayant pignon sur rue ?

Le parquet de Lyon semble engagé dans une politique du « deux poids, deux mesures » qui conforte l’impunité des militants d’extrême-droite.

Nous dénonçons les orientations politiques du parquet de Lyon dans ce type d’affaires et nous nous questionnons quant à la mise en œuvre de procédures gravement attentatoires aux libertés dans le cadre de la procédure initiée le 28 août 2021.

Nous demandons la relaxe des 7 militants antifascistes et la liberté pour les 3 militants encore en détention provisoire, et nous tiendrons à leurs côtés à leur procès du 4 novembre prochain. »

Liste des premiers signataires :

Sonia AKUE, avocate (barreau de Lyon)
Arié ALIMI, avocat (barreau de Paris)
Jean-Christophe ANGAUT, maître de conférences en philosophie (ENS Lyon)
Dimitra ANTONOPOULOU, militante antifasciste et travailleuse sociale
Daniel APTEKIER-GIELIBTER, membre du bureau du RAAR (Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes)
Eric AUNOBLE, historien (Université de Genève)
Ludivine BANTIGNY, historienne (Université de Rouen)
Arnaud BEAL, maître de conférences en psychologie (Ecole de Psychologues Praticiens, Lyon)
Miguel BENASSAYAG, philosophe, psychanalyste et écrivain
Geneviève BERNANOS, Collectif des Mères solidaires, Réseau international des mères antifascistes (RIMAF)
Pierre BERNAT, observateur des pratiques policières à Toulouse.
Sophie BEROUD, maîtresse de conférences en science politique (Université Lumière Lyon 2)
Saïd BOUAMAMA,sociologue et militant du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires - FUIQP
Paul BOINO, professeur en urbanisme et aménagement (Université Lumière Lyon 2)
Taha BOUHAFS, journaliste
Ahmed BOUBEKER, professeur de sociologie (Université Jean Monnet Saint-Étienne)
Agnès BOUQUIN, avocate (barreau de Lyon)
Vincent BRENGARTH, avocat (barreau de Paris)
Anne-Sophie CHAMBOST, professeure en histoire du droit (Sciences Po Lyon)
Philippe CORCUFF, maître de conférences en science politique (SciencesPo Lyon)
Enzo CORMANN, écrivain
Adrien CORNET, raffineur, militant à la CGT Total
Sylvain CREUZEVAULT, metteur en scène
Nicolas DA SILVA, économiste (Université Paris 13)
Mireille DAMIANO, avocate (barreau de Nice)
Emmanuel DAOUD, avocat associé inscrit sur la liste des Conseils de la Cour Pénale Internationale
Sonia DAYAN-HERZBRUN, professeure émérite (Université de Paris-Diderot)
Sylvain DEBRAY, avocat (barreau de Lyon)
Laurence DE COCK, historienne
Alexandre DERKSEN, avocat (barreau de Lyon)
Virginie DESPENTES, romancière
Sophie DESROSIERS, maîtresse de conférences en histoire (EHESS)
Nicolas DESSAUX, conservateur du patrimoine
Alessandro DI GIUSEPPE, comédien (alias PAP40 de l’Eglise de la Très Sainte Consommation)
Keith DIXON, professeur honoraire de civilisation britannique (Université Lumière Lyon 2)
Emmanuel DOCKES, professeur de droit privé (Université Lumière Lyon 2)
David DUFRESNE, écrivain cinéaste
Sylvain DUBRAY, avocat (barreau de Lyon)
Montserrat EMPERADOR BADIMON, maîtresse de conférences en science politique (Université Lumière Lyon 2)
Amandine FABREGUE, avocate (barreau de Lyon)
Jules FALQUET, professeure des universités (université Paris 8)
Nicolas FANGET, avocat (barreau de Lyon)
Eric FASSIN, sociologue (Université Paris 8)
Mathieu FERRÉ, vigneron et éditeur
Olivier FORRAY, avocat (barreau de Lyon)
Fanny GALLOT, historienne (Université Paris-Est Créteil)
Isabelle GARO, enseignante de philosophie
Franck GAUDICHAUD, professeur des universités, historien (Université Toulouse 2 Jean Jaurès)
Ariane GHIRARDELLO, économiste (université Paris 13)
Thierry GUILABERT, écrivain
Gunter GORHAN, philosophe
Dominique GRANGE, chanteuse engagée
Manuela GREVY, avocate au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation
Frédéric GRIMAUD, enseignant, militant et écrivain
Anis HARABI, avocat (Barreau de Paris)
Samuel HAYAT, chercheur en sciences politiques (CNRS)
Odile HELIER, anthropologue
Cédric HERROU, paysan et militant solidaire
Albert HERSZKOWICZ, président de Memorial 98
Tomás IBÁÑEZ, professeur retraité (Université Autonome de Barcelone)
Chantal JAQUET, philosophe, professeure (Université Paris1 Panthéon-Sorbonne)
Sarah JUST, avocate (barreau de Lyon)
Giorgos KALAITZIDIS, ouvrier et militant antifasciste
Anasse KAZIB, cheminot, candidat à la présidentielle pour Révolution Permanente
Raphaël KEMPF, avocat (barreau de Paris)
Pia KLEMP, navigatrice et militante solidaire
Aurore KOECHLIN, autrice
Michel KOKOREFF, professeur des universités en sociologie (Université Paris 8)
Stathis KOUVELAKIS, philosophe
Nicolas KRAMEYER, militant des droits humains
Memphis KRICKEBERG, sociologue
Eloise LEBOURG, réalisatrice et journaliste indépendante, coordination des médias libres
Geneviève LEGAY, militante et retraitée éducatrice spécialisée
Aracely LEON MEDINA, campaña #libertadparamateo, Colombie
Simon LE ROULLEY, chercheur en sociologie
Frédéric LORDON, philosophe
Lilian MATHIEU, directeur de recherche en sociologie (CNRS)
Maguy MARIN, chorégraphe
Pascale-Marie MILAN, anthropologue
Hugo MONTERO, doctorant en anthropologie et cinéaste (ENTPE)
Stéphane MERCURIO, réalisatrice
Carine MONZAT, avocate (barreau de Lyon)
Olivier NEVEUX, professeur des universités (ENS Lyon)
Julien O’MIEL, maître de conférences en sciences politiques (Université
de Lille)
Yves PAGES, écrivain et éditeur (Verticales)
Ugo PALHETA, sociologue, maître de conférences (Université de Lille)
Aïnoha PASCUAL, avocate (barreau de Paris)
Lisa PAGANI, élève-avocate
Willy PELLETIER, sociologue (université de Picardie)
Charles PENNEQUIN, écrivain
Marie PLASSART, maîtresse de conférences en études anglophones (Université Lumière Lyon 2)
Serge QUADRUPPANI, auteur et traducteur
Matthieu QUINQUIS, avocat (barreau de Paris)
Florian REGLEY, avocat (barreau de Lille)
Mathieu RIGOUSTE, militant et chercheur, descendant de victimes du fascisme
Thibaut RIOUFREYT, maître de conférences en science politique (Université Lumière Lyon 2)
Cécile RITOUET, avocate (barreau de Lyon)
Maud RIVIÈRE, militante et psychologue
Marcel ROELANDTS, chercheur en géographie appliqué
Karine ROUDIER, maîtresse de conférences en droit public (Sciences Po Lyon)
Jean-Jacques RUE, animateur et programmateur Cinémas Utopia
Muriel RUEF, avocate (barreau de Lille)
Rémi RUIZ, avocat (barreau de Lyon)
Bettina SACEPE, avocate (barreau de Lyon)
Max SANIER, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication (Sciences Po Lyon)
Serge SLAMA, juriste (université de Grenoble)
Alessandro STELLA, directeur de Recherche (CNRS)
Julien TALPIN, chercheur en science politique (CNRS)
TARDI, dessinateur
Julien THERY, historien, professeur des universités (Université Lumière Lyon 2)
Daniel THIN, professeur émérite de sociologie (Université Lumière Lyon 2)
Enzo TRAVERSO, historien
Sébastien TULLER, juriste et militant des droits humains
Vincent UBEDA, élève avocat
Patrick VASSORT, maître de conférence en sociologie (Université de Caen)
Françoise VERGES, actrice, militante féministe décoloniale antiraciste
Christiane VOLLAIRE, philosophe, chercheure associée au CNAM
Maud YOULOUNTAS, militante antifasciste et photographe
Yannis YOULOUNTAS, militant antifasciste et réalisateur
Jean-Claude ZANCARINI, professeur émérite (ENS Lyon)
Michelle ZANCARINI-FOURNEL, professeure émérite d’histoire contemporaine (Université Lyon 1)


Appel à un rassemblement de soutien le 4 novembre au Tribunal Judiciaire de Lyon, à partir de 14h

Appel à un rassemblement de soutien le 4 novembre au Tribunal Judiciaire de Lyon, à partir de 14h

Depuis le 23/09, sept militants antifascistes lyonnais sont poursuivis par le parquet de Lyon pour une altercation avec les intégristes catholiques du groupe Civitas, un groupe qui prône l’instauration d’un régime théocratique en France avec la reconnaissance du catholicisme comme seule « véritable religion ». Cette altercation a eu lieu lors d’une marche contre le pass sanitaire, manifestation que ces groupes d’extrême-droite tentent de récupérer afin de diffuser leur idées nauséabondes (racisme, antisémitisme, islamophobie, homophobie, transphobie)
Voir aussi 119 personnes signent la tribune de soutien aux inculpés du 23 septembre

Depuis le 23/09, sept militants antifascistes lyonnais sont poursuivis par le Parquet de Lyon pour une altercation avec les intégristes catholiques du groupe Civitas, un groupe qui prône l’instauration d’un régime théocratique en France avec la reconnaissance du catholicisme comme seule "véritable religion". Cette altercation a eu lieu lors d’une marche contre le pass sanitaire, manifestation que ces groupes d’extrême-droite tentent de récupérer afin de diffuser leur idées nauséabondes (racisme, antisémitisme, islamophobie, homophobie, transphobie).

Sur les sept inculpés, quatre ont été immédiatement incarcérés après leur garde-à-vue suite à leur passage devant le JLD et trois sont soumis à un strict contrôle judiciaire.

Plusieurs éléments dans l’attitude de la Justice et du Parquet nous interpellent :

Malgré l’absence de plainte et d’ITT de la part des militants de Civitas, et alors que ces derniers se situent plutôt du côté des habitués du coup de poing et des agressions que de celui des victimes (comme l’illustre le cas d’Alexandre Gabriac, ancien fondateur des Jeunesses Nationalistes, dissoutes par le gouvernement, condamné par la justice à plusieurs reprises, et actuellement cadre important de Civitas), le Parquet s’auto-saisit et mène une enquête entièrement à charge contre les militants antifascistes : aucun des militants de Civitas n’a été officiellement convoqué ni auditionné pour s’expliquer sur l’altercation. Par contre, la Police les a bien contactés, sans que l’on puisse comprendre les liens entre les enquêteurs et Civitas, ni même qui a été contacté.

Le caractère exceptionnel de la procédure : une comparution à délai différé. Créée en 2019, cette procédure rarement utilisée garantit une justice expéditive et un passage obligatoire devant le Juge des Libertés et de la Détention (JLD) à l’issue de la garde-à-vue, qui peut alors incarcérer ou placer sous contrôle judiciaire, sans preuve ni jugement.

Lors de son troisième passage devant une JLD le mardi 26 octobre pour demander une mise en liberté (refusée), l’un des camarades incarcéré a eu droit à des interventions étonnantes de la part du Procureur et de la Juge. Le Procureur a en effet apparenté un militant de Civitas à un représentant de l’autorité publique. Quant à la juge, pour justifier - entre autres choses - le maintien en détention, elle a considéré que notre camarade était l’auteur de violences discriminatoires liée à l’appartenance supposée du ou des militants de Civitas à la mouvance d’extrême-droite. Pour finir, ce même camarade s’est vu proposer en prison un stage de déradicalisation ! Le Parquet, les juges et l’administration pénitentiaire n’ont visiblement plus peur de rien.

Ces inculpations s’inscrivent dans un contexte local d’impunité pour les groupes d’extrême-droite au niveau judiciaire.

Les groupes néo-fascistes ou néo-nazis sur Lyon, relativement nombreux, forment une véritable nébuleuse : Audace Lyon et Lyon Populaire issus du Bastion social (dissous en avril 2019 par le gouvernement), Génération Identitaire (dissous en mars 2021), les royalistes de l’Action Française, Civitas, et les néo-nazis animant la page Telegram ultra-violente « Ouest Casual » (qui diffusent des vidéos d’agressions homophobes et racistes) forment ce milieu qui est capable de se fédérer à l’occasion. Ils disposent de salles ou se rassembler et s’organiser, notamment pour préparer leurs multiples agressions. Ces derniers temps, ces militants tentent d’organiser un véritable climat de terreur sur la ville. Les exemples sont malheureusement nombreux.

Comment expliquer l’absence de mise en examen pour ces multiples faits, documentés, parfois filmés ?
Comment expliquer que quatre militants antifascistes dorment en prison pour une altercation n’ayant pas entraîné d’ITT alors que des agressions à l’arme blanche restent impunies ?
Comment expliquer que des groupes dissous par décision gouvernementale puissent encore se réunir et disposer de salles ayant pignon sur rue ?

Dans le même temps, le Président de Région Laurent Wauquiez a décidé de couper les subventions d’une salle de spectacle, le CCO de Villeurbanne, dans lequel était organisé un festival de musique antifasciste (le Lyon Antifa Fest), prétextant des propos anti-policiers qui auraient été tenus par des membres d’un groupe de rap invité.

Il semble évident qu’une politique du deux poids deux mesures soit bien installée dans les réactions des autorités politiques et judiciaires lyonnaises. Ce sont les mêmes autorités qui expulsent de manière illégale des squats d’hébergements d’exilé·e·s, et qui organisent la répression violente de nombreuses manifestations progressistes sur la ville (comme par exemple le 1er mai 2021).

Ainsi, au-delà de la situation lyonnaise, nous nous inquiétons de la droitisation globale de la société française et particulièrement de l’appareil d’État.
Au niveau législatif, de nombreuses lois sont venues renforcer l’autoritarisme de l’État : la loi sur les « séparatismes », visant particulièrement les musulmans, la loi « sécurité globale », qui a suscité un vaste mouvement d’opposition l’an passé, la loi antiterroriste, qui renforce la surveillance numérique...
Au niveau de la répression judiciaire, l’arbitraire de la Justice est à l’œuvre. À titre d’exemple, à Bure, deux militants anti-nucléaires ont été récemment condamnés à des peines de prison ferme (neuf et douze mois) pour le simple motif de « participation à une manifestation non déclarée ». Les antifascistes d’autres villes comme Rennes et Paris ont déjà subi un véritable harcèlement de la part de la Justice, comme l’a illustré le cas d’Antonin Bernanos.

Le mandat Macron restera caractérisé par le nombre inédit de ce qu’il faut bien appeler des prisonniers politiques, incarcérés sous des motifs vagues comme « groupement en vue de commettre des violences », « participation ou organisation d’une manifestation non déclarée », motifs pouvant être utilisés de manière complètement arbitraire par le Parquet contre n’importe quel manifestant. Le mouvement des Gilets jaunes a ainsi fait face à une répression inédite dans l’histoire de la cinquième République : 10 000 gardes-à-vue, 3 100 condamnations et 400 incarcérations, répression condamnée par le Secrétariat aux Droits Humains de l’ONU et Amnesty International.
Les conditions de défense sont toujours plus précaires, comme l’illustre l’utilisation de cette nouvelle procédure qu’est la comparution à délai différé. C’est une machine judiciaire supplémentaire qui sert à envoyer les prévenu·es en détention provisoire. Au 1er août 2021, ce sont ainsi 18 641 personnes qui étaient détenues sans aucun jugement (soit 27,3% de la population carcérale), dans des prisons dont l’état provoque la condamnation régulière de la France par la Cour européenne des Droits de l’Homme : surpopulation carcérale, taux de suicide élevé, conditions sanitaires déplorables avec de nombreuses cellules sans sanitaires, présence de rats et de cafards, matelas au sol, etc.

Quant aux violences policières (qui ont toujours été importantes dans les quartiers habités par des populations issues de l’immigration postcoloniale), elles sont monnaie courante, malgré le déni gouvernemental et l’inaction de l’IGPN. De la résistance à Notre-Dame-des-Landes, en passant par le mouvement contre la loi travail en 2016, jusqu’au mouvement des Gilets jaunes ou celui des retraites, toute personne ayant manifesté a déjà été témoin de violences policières gratuites.
La police française reste l’une des seule d’Europe à utiliser des armes comme les grenades de désencerclement ou le LBD40, à l’origine de nombreuses mutilations, dans des contextes de maintien de l’ordre.

Ne nous y trompons pas : cette fébrilité répressive est la conséquence d’une peur de l’État face au réveil de la lutte des classes qui a eu lieu depuis le vaste mouvement des Gilets jaunes, conflictualité qui a continué à s’exprimer durant le mouvement d’opposition à la réforme des retraites, et depuis, lors de nombreuses manifestations de masse. Nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à refuser l’ordre capitaliste et son cortège d’injustice.

Pour finir, depuis plusieurs années, l’État utilise de nouvelles armes face à notre classe : le racisme et l’islamophobie.
Nous constatons que les immigré·e·s noir·es et arabes, les musulman·es, sont constamment montré·es du doigt sur les chaînes d’information continue aux mains de grands groupes capitalistes. Le gouvernement ne cesse d’alimenter ces fantasmes racistes en inventant ou en promouvant des concepts nébuleux issus de l’extrême droite, comme le « séparatisme » et « l’islamo-gauchisme ».

Les monopoles capitalistes, comme le groupe Bolloré, ont procédé à un vaste remaniement des médias pour promouvoir ces idées : licenciement de journalistes et d’humoristes hostiles à cette ligne, promotion des théories les plus radicales de l’extrême-droite comme l’illustre le cas de Zemmour, qui finit par devenir le candidat d’une extrême-droite qui n’hésite plus à réhabiliter Pétain et à faire du négationnisme sur le rôle de l’État français durant la Shoah, ce qui était impensable il y a quelques années.

La répression qui vise nos camarades antifascistes, et l’impunité dont bénéficient les groupes de nervis néo-fascistes dans notre ville, illustrent ce glissement de la société capitaliste française et de l’appareil d’État vers l’extrême-droite. Nous pensons qu’il est urgent de faire émerger une mobilisation exemplaire contre cette dérive fascisante. Il s’agit de défendre nos camarades, mais au-delà, l’ensemble de notre classe, contre le poison néo-fasciste. Il s’agit de défendre toutes les minorités qui sont menacées, insultées et diffamées.
L’antifascisme n’est pas un crime.
Le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, la transphobie, le sexisme sont des crimes, des crimes avec lesquels nous ne transigerons pas, ni aujourd’hui, ni demain.

Liberté pour nos camarades !
Relaxe pour les 7 inculpés !

Rendez-vous le 4 novembre au Tribunal Judiciaire de Lyon, à partir de 14h !!
(67 Rue Servient, 69003 Lyon)

P.-S.

Tribune publiée sur Mediapart

Notes

[1Instaurée par la loi n° 2019-222 de programmation 2018-2022 et de réforme de la Justice en date du 23 mars 2019.


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