Projection du film « La cité de l’ordre » (2021 – 51min – VF) suivie d’une discussion avec le producteur Jean Baptiste Fribourg (La Société des Apaches) et le réalisateur (Antoine Dubos - sous réserve)
Dans le cadre du mouvement social contre la réforme des retraites, tout le monde ne peut pas faire grève : certains ne travaillent pas ou plus, d’autres n’en ont pas la possibilité (indépendants, trop petite entreprise, statut précaire), d’autres encore occupent un poste dont l’arrêt n’aurait aucun véritable impact sur l’économie et le rapport de force actuel… L’un des moyens de participer au mouvement est de donner aux caisses de grève, pour permettre à ceux qui la font de tenir le plus longtemps possible et ainsi, de faire plier le gouvernement pour plus de justice sociale !
La cité de l’ordre
Un centre-ville la nuit. Des cris dans un appartement. Un groupe de trois policiers force la porte et fait irruption dans la pièce. Un homme est maîtrisé, menotté, interpellé. En sortant, la patrouille se retrouve dans une rue en lino bordée par les décors de devantures de commerces et d’un faux commissariat. Sur le site de simulation de l’école de police de Oissel, les élèves gardiens de la paix s’entraînent dans une ville recréée de toutes pièces. Par ses mises en scène de situations de la vie ordinaire, la police y révèle sa vision de l’ordre social.
L’avis de Sophie Dufau (MEDIAPART)
Comment sont formées les forces de l’ordre ? Que leur apprend-on ? La question est éminemment d’actualité.
Ici, comme dans un décor de cinéma, il y a les néons de la pharmacie, le guichet automatique de la banque, la mairie, l’école, le commissariat. Des appartements, aussi, où se jouent des scènes de violences conjugales. Tout est fictif mais l’on joue pour de bon. Au fil des semaines, les élèves-policiers de Oissel se transforment et révèlent la vision qu’a la police de la cité et de ses dangers.
Antoine Dubos a tourné alors que les Gilets jaunes commençaient à s’installer sur les ronds-points. Au fil de son documentaire, la formation prend alors une toute autre tournure : gestion des foules en colère, casques, boucliers, Flash-Ball sont de la partie. Et l’on découvre combien est peu fait cas, en ces situations, du cadre légal de l’utilisation de ces armes. Ce qui compte, c’est réprimer, dominer, à défaut de maîtriser. Après une entrée en matière où les scènes peuvent faire penser à du théâtre amateur dans un décor de carton pâte, le documentaire parvient à saisir des tensions qui ne font plus du tout rire. Une prouesse.
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