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ACTUALITÉS ANARCHISME / RÉPRESSION - PRISON
CHILI  
Publié le 3 avril 2021 | Maj le 19 avril 2021

Communiqué des anarchistes emprisonné.e.s au Chili


Depuis le 22 mars, à Santiago du Chili, les prisonniers et prisonnières anarchistes ont entamé une grève de la faim. Il s’agit de Mónica Caballero Sepúlveda (section pour femmes de la prison de San Miguel) ; Marcelo Villarroel Sepúlveda, Joaquín García Chanks, Juan Flores Riquelme, Juan Aliste Vega (qui adhère à la lutte mais ne fera pas la grève à cause de sa situation de santé), détenu.es dans la prison de haute sécurité, à Santiago ; Francisco Solar Domínguez (section de sécurité maximale), Pablo Bahamondes Ortiz, José Ignacio Duran Sanhueza, Tomas González Quezada, Gonzalo Farias Barrientos (sections 2 et 3 de la prison-entreprise de Santiago 1). Les revendications de la grève sont l’abrogation de l’article 9 et le retour à l’article 1 du décret-loi 321, et la libération de Marcelo Villarroel et de tou.te.s les prisonnier.es subversifs, anarchistes, de celles et ceux de la libération mapuche. Et un appel à l’insurrection contre toutes les dominations.

Texte issu de contrainfo : Comunicado público de inicio de Huelga de Hambre
Site de suivi : https://buscandolakalle.wordpress.com/, informativo de prisionerxs subversivxs y anarquistas

Communiqué public sur le début de notre grève de la faim

Aux peuples, aux individus, aux communautés et territoires en lutte et en résistance.
À celles et ceux qui se rebellent contre ce présent d’oppression et de misère.
À nos bandes, nos familles, ami.e.s, complices, compas et amours, à travers le monde. À tout le monde !

Aujourd’hui, lundi 22 mars, à minuit, heure de Santiago, nous, prisonnier.e.s de la guerre sociale :

– Mónica Caballero Sepúlveda, depuis la section pour femmes de la prison de San Miguel,
– Marcelo Villarroel Sepúlveda,
– Joaquín García Chanks,
– Juan Flores Riquelme,
– Juan Aliste Vega (il y adhère mais n’y participa pas, à cause de sa situation de santé),
enfermé.es dans le CAS (la Prison de haute sécurité, à Santiago).
– Francisco Solar Domínguez, depuis la Section de sécurité maximale,
– Pablo Bahamondes Ortiz,
– José Ignacio Duran Sanhueza,
– Tomas González Quezada
– Gonzalo Farias Barrientos
depuis les sections 2 et 3 de la prison-entreprise de Santiago 1

Nous commençons une mobilisation, sous forme d’une grève de la faim, tout en continuant à ingérer des liquides, pour une durée indéfinie pour :
– L’abrogation de l’art. 9 et le rétablissement de l’art. 1 du décret-loi 321 !
– La libération du camarade Marcelo Villarroel et de tou.te.s les prisonnier.e.s subversif.ve.s, anarchistes, de celles et ceux qui luttent pour la liberté du peuple Mapuche, ainsi que des prisonnier.e.s et de la révolte de 2019 !

D’une manière simple, il n’y a pas de rétroactivité dans la modification de la loi qui régit la « libération conditionnelle ». Et que ce soit encore une fois un droit acquis de la personne incarcérée et non un avantage tel que stipulé aujourd’hui par la loi, transformé en permanence selon la raison d’État pour garder kidnappé ceux et celles qui luttent contre la normalité de l’existant. Cette modification complique considérablement la possibilité d’accéder à la soi-disant libération conditionnelle, s’étendant dans certains cas sur des décennies - affectant un grand nombre de détenu.e.s qui voient leur peine devenir permanente. D’autre part, par son caractère rétroactif, ce remaniement enfreint leur légalité, la légalité des propriétaires de ce monde malade, et cela montre l’utilisation constante d’aberrations politico-juridiques par lesquelles ils enterrent sous des tonnes de béton et de métal les pauvres, les rebelles et les réfractaires.

Aujourd’hui, cette imposition politico-juridique néfaste touche et affecte directement, et avec acharnement, notre camarade Marcelo Villarroel Sepúlveda, qui, pendant deux longues périodes d’emprisonnement, a purgé plus de 25 ans de prison, pour des actions contre l’État et le Capital qui remontent à la fin des années 80, aux années 90 et aux années 2000. Mais ces longues peines n’ont pas été suffisantes pour l’État ; cette fois, il a légiféré et renforcé le système juridique, en donnant son aval aux sentences de l’ancienne, pourrie, justice militaire, pour modifier les termes de la demande de Marcelo, qui aurait dû avoir lieu en 2019, pour ne lui permettre de postuler à sa libération conditionnelle qu’en 2036. Il subit une peine de perpétuité déguisée, avec l’intention de le garder en prison pendant plus de 40 ans (compte tenu de l’ensemble du temps qu’il a passé enfermé).

Depuis un enfermement qui dure depuis des décennies, des années ou des mois, hier et aujourd’hui, différentes générations de compas ont rompu avec toute notion victimiste qui associe le/la prisonnier.e à un sujet passif, constamment soumis.e à la volonté de celui qui l’enferme ; nous nous positionnons en combattante.e.s, en utilisant nos corps comme des champs de bataille et à partir de là, nous combattons à l’extérieur et à l’intérieur du quotidien imposé par l’enfermement.

Le passage par la case prison est une possibilité, étant donné nos choix de vie, où l’action consciente pour la libération totale cherche à concrétiser nos idées, qui se reflètent dans des actions, des luttes et des résistances comme pratique anti-autoritaires ; des décisions façonnées dans des faits subversifs, c’est là que nous mettons le meilleur de chacun.e : individualités, cellules, bandes, collectifs et toute initiative antagoniste visant à affronter l’État et toute sa machinerie de répression, de contrôle et de mort comme engrenage d’articulation du contrôle et de la soumission systématique des vies.

C’est ici, entre vos murs, que nous sommes infiniment loin de la défaite, encore moins seul.e.s, comme vous le voudriez. Nous restons insubordonné.e.s, libres et dignes.

Aujourd’hui, nous luttons à nouveau, avec nos corps comme armes, contre celles et ceux qui veulent mettre en cage et enterrer dans du béton la rébellion, la dignité, l’amour et la solidarité. La société policière autoritaire a créé le panoptique carcéral où, tout au long de l’histoire, elle a emprisonné ceux et celles qui se rebellent contre sa soi-disant paix sociale ; elle a créé des structures de punition qui visent au contrôle physique et mental, à l’amoindrissement des personnes, par la peur de la violence brutale de l’isolement et des geôliers ; mais aucune prison avec ses murs clôturés, ses barreaux, sa sécurité maximale, ni ses laquais armés ne pourront soumettre celles et ceux qui ont donné leur vie entière à la cause de la libération totale.

Ces murs ne parviendront jamais à faire taire nos rêves, ni notre essence rebelle, et encore moins à arrêter la marée incontrôlable des existences insoumises qui s’unissent en frères et sœurs et se lancent contre toute forme de gouvernement.

De même, nous proposons comme urgence immédiate la fin de la détention préventive en tant qu’outil punitif contre ceux et celles qui sont accusé.e.s d’action dans le contexte d’une révolte permanente, niant la présomption d’innocence pendant les périodes d’enquête et les traitant ainsi comme coupables, leur imposant de vastes prisons préventives même jusqu’au moment de la condamnation ou de la fin de la peine.

Nous récusons également la validité, aujourd’hui, des condamnations de la justice militaire chilienne, fasciste et pourrie, lors de procès tenus à l’aide de la torture et sans droit à la défense, largement condamnés au niveau international, et cela depuis des décennies, dans lesquelles Marcelo Villarroel et Juan Aliste ont été jugés et condamnés. Bien qu’en 2010 le Chili, sous la pression internationale, ait supprimé la possibilité que des civils soient poursuivis par des procureurs militaires, les condamnations antérieures, en particulier celles des années 1990, restent en vigueur, malgré les nombreuses critiques et l’opposition internationale.

De même, nous n’ignorons pas et nous soutenons la demande des Mapuches d’appliquer la Convention 169 de l’OIT à la situation des Peñi et Lamngen (frères et sœurs, dans la langue mapuche) emprisonné.e.s pour leur lutte.

Cette mobilisation unitaire est la convergence de différentes pratiques et tendances informelles que l’on trouve en prison, en tant que continuité vivante d’une longue résistance collective et aussi comme appel ouvert à tous les milieux solidaires et à toutes les personnes qui prennent position contre la prison et contre l’oppression, afin qu’elles deviennent une partie active de cette lutte qui appartient à tout le monde ; à partir de là, nous encourageons toutes sortes d’initiatives avec les moyens dont chacun.e dispose et là où chacun.e se trouve, pour obtenir des progrès concrets dans cette nouvelle mobilisation que nous entreprenons, en tant qu’une étape nécessaire et urgente de la lutte anti-carcérale.

Au milieu de cette avalanche de restrictions justifiées par la pandémie au niveau international, nous appelons également toutes les expressions apparentées à travers le monde à s’exprimer comme chacun.e le peut et le veut, en utilisant l’imagination comme seule limite.

Nos accolades à tou.te.s les fugitifs et fugitives, aux prisonnier.e.s dignes qui luttent, aux familles qui résistent, avec une mémoire subversive, autonome, libertaire, anarchiste et insurrectionnelle.
Avec tou.te.s nos frères et sœurs et nos compas tombé.e.s au combat.

Tant qu’il y aura de la misère, il y aura de la rébellion !
Mort à l’État et vive l’anarchie !
Tissons des réseaux, multiplions les complicités, faisons avancer les offensives insurrectionnelles et subversives !
Ni coupables ni innocent.e.s, insurrection permanente !
Contre toute autorité, autodéfense et solidarité !
Pour l’extension de la solidarité avec les prisonnier.e.s de la guerre sociale, de la révolte et de la lutte de libération Mapuche !
Que les prisons explosent !

Pour l’abrogation de l’art.9 et le rétablissement de l’art.1 du décret-loi 321 !
Liberté pour Marcelo Villarroel et tou.te.s les prisonnier.e.s subversif.ve.s et anarchistes, pour la révolte et la libération Mapuche : tou.te.s dans la rue !!

Mónica Caballero Sepúlveda
Marcelo Villarroel Sepúlveda
Joaquín García Chanks
Juan Flores Riquelme
Juan Aliste Vega
Francisco Solar Domínguez
Pablo Bahamondes Ortiz
José Duran Sanhueza
Tomas González Quezada
Gonzalo Farias Barrientos

Jusqu’à la destruction du dernier bastion de la société carcérale !
Jusqu’à la libération totale !

https://buscandolakalle.wordpress.com/
buscandolakalle chez riseup.net

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