Nous appelons tous les travailleurs précaires, les intérimaires en colère, les intermittents du spectacle et de l’emploi, les saisonniers, les stagiaires démotivés, les étudiants désorientés, les retraités en mal de revenu, les sans-papiers, les licenciés preneur d’otages, les travailleurs forcés... à inventer ensemble une grève des chômeurs, une grève de tous les précaires. ”¨Ce n’est pas parce que nous n’avons pas d’usine où nous retrouver qu’on ne va pas s’organiser. Mais ce serait quoi une grève des chômeurs ?
Déjà le refus de nous laisser harceler, mobiliser, culpabiliser, insérer...
C’est le système qui crée le chômage
Une entreprise va mal ? On licencie. Une entreprise va bien ? On investit sur les marchés financiers, et on licencie.
Les relations sociales n’ont pas évolué aussi vite que la technique et si les machines travaillent à notre place ce n’est pas pour nous libérer du travail mais pour nous priver de ressources. De plus, là où du travail “humain” est encore indispensable, on le délocalise vers les pays aux bas salaires, ou on importe des immigrés sous-payés pour le faire, dans une spirale descendante infernale.
La lutte contre les chômeurs
Tout le monde le sait. Mais officiellement, c’est toujours “la lutte contre le chômage”, en fait contre les chômeurs.
On trafique les statistiques, on “occupe” les chômeurs , on multiplie les contrôles. On ajoute de la morale, on culpabilise, en affirmant que les chômeurs seraient responsables de leur sort, en exigeant des preuves de “recherche active d’ emploi”. Aujourd’hui, on ne conteste plus les conditions de travail, on doit se sentir heureux du seul fait de ne pas être au chômage. Et les chômeurs doivent se dire malheureux pour la seule raison qu’ils n’ont pas de travail.
Le chômage c’est la santé du marché
C’est justement parce que l’argent, et non l’utilité sociale, est le but, que le chômage existe. Que se passe-t-il, dès qu’une entreprise annonce une charrette de licenciements ? Les actionnaires sautent de joie, les spéculateurs la félicitent pour sa stratégie d’assainissement, les actions grimpent, et le prochain bilan témoignera des bénéfices ainsi engrangés.
Le chômeur ça rapporte...
De la sorte, on peut dire que les chômeurs créent plus de profits que leurs ex-collègues. Il serait donc logique de les récompenser pour leur contribution sans égal à la croissance. Au lieu de cela, ils touchent des miettes.
Par contre la gestion du chômage ça coûte
En 2003, chaque chômeur revient à 26 555 euros par an et s’il les touchait directement ? Si le chômeur est malheureux, ce n’est pas parce qu’il n’a pas de travail, mais parce qu’il n’a pas d’argent. Ne disons donc plus “demandeur d’emploi” mais : “demandeur d’argent”, plus : “recherche active d’un emploi” , mais : “recherche active d’argent”. Les choses seront plus claires.
Notre première proposition est immédiatement applicable : suppression de toutes les mesures de contrôle contre les chômeurs, fermeture de toutes les agences et officines de flicage, manipulation statistique et propagande (ce serait notre contribution aux restrictions budgétaires en cours), et versement automatique et inconditionnel des allocations augmentées des sommes ainsi épargnées.
Le nouveau délire ultra-libéral reproche aux chômeurs de se complaire dans l’assistance, de vivre aux crochets de l’État, c’est pour la solidarité que nous avons bâti l’état sinon on peut s’organiser sans lui.
Et notre seconde proposition est que tout ce qui concerne les précaires et les chômeurs soit géré par eux mêmes.
Exclusion ? insertion ?
Mais qui aujourd’hui voudrait vivre comme un cadre sup stressé, qui aurait envie de se bourrer le crâne de ses rangées de chiffres sans esprit, de crever de son infarctus, de vivre une vie qui n’a aucun sens ? C’est de bon cœur que nous nous excluons de l’abstraction dominante ; c’est une autre sorte d’intégration que nous recherchons. Nous pratiquons et nous voulons développer des activités sociales utiles pour tous.
La question classique, combien d’argent me faudrait-il pour bien vivre, est mal posée. Qui vit complètement isolé, en état d’apesanteur sociale, n’aura jamais assez de fric pour combler sa misère existentielle. Le sentiment d’être utile à la communauté a disparu de 95% des jobs. La question n’est plus : à quoi ça sert, mais, combien ça rapporte.
Nous ne voulons pas de ce travail là .
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Nous appelons tous les sans emploi, précaires ou autres exclus, à prendre le droit d’être heureux ensemble, pour au moins un moment.
Venez à l’assemblée du collectif des Feignasses pour préparer
La fête des chômeurs
Musiciens, bavardages, rencontres, discussions, informations, et tout ce que vous voudrez proposer...
Le mercredi 15 mai à 18 h au local SUD
20 rue Descours à Saint-Étienne
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Feignasse, le papier des sans emploi, précaires, et tous ceux qui sont privés de moyen d’existence / Outre Furan, mai 2013 / N° 0
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