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ACTUALITÉS RÉPRESSION - PRISON
Publié le 8 décembre 2005 | Maj le 19 avril 2020 | 1 complément

Antony, 17 ans, apprenti, sera jugé ce jeudi 8 décembre - Rendez-vous à 13h30 devant le Palais de Justice de St-Etienne.


Est-ce qu’Antony, jeune apprenti de 17 ans habitant du quartier de Tarentaize-Beaubrun à St-Etienne, va être une nouvelle victime de l’emballement sécuritaire et de restriction des libertés utilisés pour mater l’explosion de révolte que vient d’exprimer toute une partie de la jeunesse des quartiers populaires ?

Il a été arrêté par la police le soir du dimanche 6 novembre, frappé et accusé de "Détention non autorisé de substances ou d’engins explosifs". Les policiers prétendent qu’il a fabriqué un cocktail molotov. Antony crie son innocence et il semble bien que les policiers n’ont pas de preuves. Il passe au tribunal jeudi 8 décembre, il risque une lourde peine et une forte amende. Sa vie peut basculer.

Antony n’a pourtant rien fait, il n’a brûlé aucune voiture. Il travaille en apprentissage dans un garage et va passer son CAP cette année. Il a eu le tort d’avoir voulu discuter avec ses copains, ce dimanche soir après leur match de foot.

Est-ce que nous allons laisser faire, ou bien est-ce que la solidarité autour d’Antony et de sa famille va permettre d’éviter une grave injustice ?

Lors de plusieurs réunions d’habitants du quartier, il a été décidé de se retrouver le jeudi 8 décembre à 13H30 devant le tribunal de St Etienne, pour accompagner Antony et sa famille.

Que s’est-il passé ce dimanche soir 6 novembre ?

Ce jour là Antony avait travaillé tout le matin à repeindre le magasin que ses parents vont ouvrir dans le quartier. A midi il était rentré manger chez lui, et s’était reposé l’après midi.

Vers les 16H il est allé rejoindre ses copains pour disputer un match de foot sur le mini-terrain de Tarentaize. Après le match, il était environ 20H30, Antony et trois autres de ses amis sont rentrés chez eux en passant comme d’habitude par la rue Jo Gouttebarge.

Alors qu’ils descendaient en discutant, une voiture de police remonte la rue à vive allure. Les policiers descendent, les mettent contre le mur et les fouillent au corps. Ils trouvent deux briquets dont un ne fonctionne pas et un étui vide dans une des poches d’Antony. Il semble qu’un policier soit alors parti en direction de l’école Tarentaize et soit revenu avec un cocktail molotov. Il accuse Antony de l’avoir fabriqué. Ils décident d’emmener tout le monde et essayent de menotter Antony. Il refuse, il n’a rien fait il ne voit pas pourquoi on lui met les menottes. Tout s’accélère, les policiers le mettent à terre, le frappent à coup de pieds et de matraques, lui mettent un flash ball dans le dos sur la colonne vertébrale en appuyant très très fort. "S’ils tirent ils me brisent la colonne" pense Antony, qui est menotté, embarqué avec ses 3 autres copains au commissariat de Fauriel. Des voisins ont été témoins de la scène.

Au commissariat les policiers les font se déshabiller. Ils restent en caleçon et en tee shirt. Les insultent pleuvent : "Vous êtes cuits, bande de vauriens...". Toujours en caleçon et en chemise, ils ont été enfermés à trois dans des cellules avec une seule couverture, les policiers laissant les fenêtres du couloir grandes ouvertes. Antony a vu un médecin. Il lui a expliqué qu’il a été frappé, qu’il a mal au dos à cause du flash ball, il lui a fait voir les bleus qu’il a sur les cuisses. Le médecin lui a dit qu’il va mettre ça sur le procès verbal. Il a vu également un avocat. (...)

Vers 21H15, la mère d’Antony, ne voyant pas rentrer son fils à l’heure habituelle, l’appelle sur son téléphone portable. Elle tombe sur sa messagerie. Ce n’est que vers 4 heures du matin qu’en appelant le commissariat Fauriel, les parents d’Antony apprendront qu’il est en garde à vue. Antony est mineur mais les policiers n’ont pas prévenu sa famille. Antony leur avait pourtant donné le numéro de téléphone en leur demandant de prévenir.

Au téléphone la mère d’Antony demande des explications, refus des policiers.

Le lundi matin deux policiers sont venus perquisitionner au domicile de la famille. Ils n’ont présenté aucun mandat. Ils cherchaient des produits inflammables et des bouteilles de la marque de bière qu’ils avaient trouvé. « Ils ont fouillé partout, même dans le frigo, dans le local à poubelles devant la porte d’entrée de l’immeuble. Ils n’ont rien trouvé. » explique la mère d’Antony. Ils ont aussi perquisitionné dans le magasin en cours de travaux, et au garage où travaille Antony. Là non plus rien.

Dès qu’ils ont pu, lundi vers 14H30, les parents d’Antony sont montés au commissariat pour demander à voir leur fils... Refus des policiers. Le soir quand Antony a appris que ses parents avaient été empêchés de le voir, il a de rage donné un coup de poing dans une vitre et s’est cassé un doigt. Les policiers ont attendu un très long moment avant d’appeler un médecin et d’emmener Antony au pavillon d’urgence, toujours sans prévenir ses parents. Il a été plâtré et devra à nouveau être examiné pour une intervention chirurgicale éventuelle. Un médecin du pavillon d’urgence lui a aussi délivré un certificat médical qui mentionne « un hématome d’environ 6 centimètres de diamètre sur la face extérieure de la cuisse droite et un hématome d’environ 7 centimètres de diamètre sur la face extérieure de la cuisse gauche."

Ce n’est que le mardi matin, que le commissariat a appelé les parents d’Antony pour les prévenir qu’il allait être présenté devant un juge à 8H30. Il est finalement passé à 14H. La mère d’Antony n’a toujours pas pu parler à son fils. Un policier lui a dit "Tant qu’il est chez nous vous ne pouvez pas le voir. Ne vous inquiétez pas on ne l’a pas tapé."

Le procureur a demandé un mandat de dépôt, c’est-à-dire de mettre Antony en prison, dans l’attente du jugement. Le juge a refusé : Antony est mineur, il a un travail, il bénéficie d’un encadrement familial, il poursuit une formation en apprentissage dans le cadre de laquelle il donne toute satisfaction. Il est mis sous contrôle judiciaire, accusé de "Détention non autorisé de substance ou d’engins explosifs, infraction prévue et réprimée par les articles L.2353-41°C.DEFENSE L.2353-4 al.1C.DEFENSE". Il ne doit s’absenter de son domicile ou de sa résidence que dans les conditions et pour les motifs suivants : pour se rendre sur son lieu de formation (le CFA), ou sur son lieu de travail.

Madame Borges et son mari on pris une avocate.

Voilà comment les choses se passent.

Comment ne pas être révolté par ces méthodes qui humilient et criminalisent les jeunes, qui ne peuvent qu’aboutir à briser des personnes et des familles modestes. La police doit respecter les personnes, respecter la loi.

Antony va donc maintenant être jugé jeudi 8 décembre. Il passe devant le juge des enfants. Il risque très gros. La machine pour lui fabriquer un casier judiciaire est en route. Son patron lui a clairement dit que le maintien dans son emploi dépendrait du jugement.

Ne rien faire devant une telle injustice c’est laisser s’approfondir les fractures dans la société, entre la société et la jeunesse, laisser s’aggraver une politique ultra sécuritaire comme réponse aux injustices quotidiennes et à la misère.

Antony et sa famille doivent pouvoir sentir notre solidarité, notre soutien.

Retrouvons nous pour les entourer et le accompagner, jeudi 8 décembre à 13H30 devant le tribunal de St Etienne.

P.-S.

source : Réseaux citoyens de St-Etienne
http://www.reseauxcitoyens-st-etien...


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1 complément

  • Une autre personne, mais majeure celle-ci, sera jugée (apparemment pour la même histoire, en tous cas sous prétexte des « émeutes ») en février.
    Des gens essaient de prévoir un travail collectif pour soutenir les gens inculpés en lien avec les « émeutes », et pour réagir aux politiques sécuritaires en général... peut-être dans le style du collectif Etat d’Urgence crée à lyon (vous trouverez un article dans ces pages).

    A suivre donc.

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