Lettre de la cellule des prisonniers révoltés écrite par des prisonniers incarcérés au centre de détention de Rioms (Puy-de-Dôme) publiée par le site L’envolée.
Madame, Monsieur,
Nous, détenus, mais humains avant tout, sommes désolés de constater qu’en 2019, dans un pays comme la France, on continue de soumettre notre propre peuple à la détention bestiale, et dans des conditions que nous refusons.Nous subissons nombre de traitement inhumains et indignes de pays qui se disent civilisés. Les grilles que l’on impose aux fenêtres en plus des barreaux dans une prison neuve comme celle-là prouve que la France n’a que faire des réglementations, mais voudrait nous inculquer à nous le respect des lois, et ce par l’humiliation permanente, le rabaissement, la déshumanisation et des violences psychologiques. Je suis objecteur de conscience, et nous nous interrogeons : sommes-nous encore des humains, ou le détenu est-il encore un sous-genre qui ne mérite pas cette qualification ?
Blessés dans notre humanité et nos existences, nous pensons que tout pays qui continue de se servir de ces lieux, ces camps de la mort des idées et de la liberté – celles d’être et d’exister -, s’inscrit dans une longue lignée de barbares rétrogrades animés plus par la vengeance que par le désir de soigner et réinsérer une humanité blessée. Faire souffrir celui qui souffre n’est ni plus ni moins que de la cruauté, et le faire sur une masse, c’est une insulte aux fondements élémentaires de toute société moderne. Ils portent gravement atteinte à la déclaration des droits de l’homme. Et si nous sommes nés libres et égaux en droits et devoirs, nous ne le sommes pas restés longtemps.
Pour nous, c’est clair, cette séquestration, cette prise d’otage nous porte atteinte dans nos existences, dans nos vies et notre humanité, et elle est donc criminelle, puisque les violences énoncées plus haut, selon le code pénal, sont des crimes.
La France asservit son peuple, le soumet et le met à genou. Comment appelle-t-on un pays, un état qui muselle son peuple, et/ou l’enferme quand il donne son avis ? Tout ça avec la complicité de la police…
Nous accusons cet État, la France, de se rendre coupable de crime contre l’humanité, et vous appelons à nous suivre dans notre lutte pour la liberté par tous les outils que nous avons à disposition.
De notre côté, tout est fait pour que même en ce lieu, le mot « liberté » ait encore un sens, en nous organisant et en faisant tout pour préserver l’intégrité de nos droits civiques.
La lutte continue, rejoignez-nous et défendez vos droits et votre liberté…
Des « otages » libres : CPR (cellule des prisonniers révoltés)
Pour rappel, en avril deux prisonniers étaient montés sur les toits pour dénoncer leurs conditions de détention (même si le reportage ci-dessous donne la parole exclusivement aux matons et à leurs syndicats)
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