Actualité et mémoire des luttes à Saint-Étienne et ailleurs
ACTUALITÉS RÉPRESSION - PRISON
Publié le 16 septembre 2013 | Maj le 12 avril 2020

Retour sur les révoltes de l’été dans les prisons françaises


Des prisonniers se sont mutinés dans différentes prisons cet été. « S’ils ont souhaité s’exprimer » l’administration pénitentiaire et le ministère ont tenté à chaque fois de minimiser ces révoltes en parlant « de phénomènes d’émulation ». Quant aux syndicats de matons, source d’informations numéro 1 des médias pour tout ce qui concerne la prison et les détentions, ils ont tout intérêt à décrire bout à bout des « camps de vacances » et des « scènes de guerre ». Ces temps de révoltes servent à l’expression de leurs revendications corporatistes1 et à la stigmatisation des prisonniers.

Ainsi, de source médiatique nous apprenons que le mardi 20 août une vingtaine de détenus du centre de détention de Châteaudun se sont révoltés, auraient fait tomber du grillage, tenter d’incendier un poste de surveillance et réussissent à gagner les toits. Mais ce sont les prisonniers qui ramassent : outre l’usage des flash-ball par les surveillants, il y a l’intervention des Equipes Régionales d’Intervention et de Sécurité (ERIS) venus en renfort de Paris et Dijon avec leur matos (balles en caoutchouc, gaz lacrymogènes et grenades de désencerclement. Malgré leur présence, une trentaine de détenus se révoltent une nouvelle fois, font tomber un grillage et caillassent des surveillant... La répression continue : plusieurs placements au mitard, une vingtaine de transferts et des prisonniers placés en garde à vue avec une comparution immédiate refusée par certains et on l’espère par tous. Il y a déjà eu deux audiences où 6 prisonniers ont pris des peines de 12 à 18 mois. Cinq autres seront jugés « pour des faits de rebellions en réunion et de dégradation au préjudice de l’administration pénitentiaire » ce jeudi 19 septembre au tribunal de Chartres, à 13h30. Ils encourent jusqu’à sept ans. Cela participe au processus d’allongement des peines par le fait même d’être enfermé.

On sait que l’AP durcit alors la détention. La seule information que nous avons à ce propos provient d’une radio locale et date du 23 août « le jeudi 22 août, les détenus ont été interdits de sortie ». Monsieur David Daems, secrétaire national de FO-Pénitentiaire, ne ment-il pas quand il estime « qu’il aurait dû y avoir des sanctions. Au lieu de ça, ils ont réintégré leur cellule comme si de rien n’était. » ? Un détenu réussira à parler dans le journal télévisé de France 3. Mais deux poids deux mesures, l’interview ne dure qu’une minute. En comparaison, le décompte du temps de parole se voit en faveur des matons dans tout les médias confondus est de plusieurs heures. Le prisonnier dit « qui sème le vent récolte la tempête ».

La veille ces deux mutineries, il y a celle de la maison d’arrêt de Blois qui donne lieu à un transfert massif d’une quarantaine de prisonniers vers Fresnes et Châteaudun (tiens !). Au détour d’un article, on apprend très succinctement qu’il y a eu un renforcement de la discipline ces derniers mois comme s’il ne s’agissait que d’un détail. Là encore des prisonniers désarmés face à des surveillants et des ERIS surarmés morflent pour s’être révoltés suite à la mort d’un jeune de 24 ans en cellule, Mounir Benlhoussine. Ça, on le sait parce qu’un prisonnier fera son possible pour le faire savoir à l’extérieur et réussira à prendre contact avec un journaliste du quotidien local. « Allô, La NR ? Dites-le dans le journal qu’ils ont tué Mounir. Il était malade. Toute la nuit, son copain de cellule a tapé à la porte pour demander du secours. On a tous entendu cogner. C’est pour çà qu’on est en colère. Personne n’est venu, je te jure ! On l’a trouvé mort ce matin. Non, ce n’était pas un gars d’ici. Il venait de Dreux. On l’avait transféré voici deux mois ». La famille de Mounir a pris un avocat et a porté plainte contre X pour « homicide involontaire », « traitement inhumain et dégradant » et « non-assistance à personne en péril ». On apprend aussi que le codétenu de Mounir a crié toute la nuit pour obtenir de l’aide...
Avant même que la famille ait les résultats de l’autopsie, David Daems (encore lui) affirme le jour même de la mutinerie soit quelques heurs après le décès que « le détenu est décédé de mort naturelle, mais ils (les prisonniers) contestent le diagnostic ».

Cette histoire n’est pas sans rappeler celles de Gordana 37 ans et Papi 33 ans morts respectivement à la MAF de Fleury-Mérogis et au CD de Bourg-en-Bresse suite à une absence délibérée de soins, ignorés par l’AP et le service médical. Morts comme des chiens pendant que leurs codétenus respectifs appellent à l’aide pendant des heures, en vain. Bien souvent dans ce genre d’histoire, déposer plainte contre l’AP apparaît comme la seule forme de lutte. Avec la mort de Mounir, la mutinerie des prisonniers de Blois ont réagi autrement, par rage, par colère, pour hurler eux-mêmes ce qu’ils vivent et le faire savoir.

A Bourg-en Bresse, là où le 1er août des prisonniers se sont retranchés dans une aile et ont détruits du mobilier et du matériel de vidéo-surveillance. Les ERIS de Dijon sont intervenus. L’administration pénitentiaire occulte les vrais causes de la révolte. Si elle parle d’une anodine interdiction du port du short pendant le sport -mesure infantilisante- des détenus réussissent à se faire entendre et à donner leur version. Un courrier est alors publié sur Indymedia, ils racontent le ras-le-bol des décisions sévères prises par le juge d’application locale des peines (tiens ça nous rappelle les événements du centre de détention de Roanne en 2012 !), la complicité Matonnerie-AP-Tribunal quand il s’agit de casser les détenus et les pressions quotidiennes endurées.
Ces événements auraient donné lieu à un mouvement de solidarité à la MA de la Talaudière. Mais nous n’en savons pas plus pour le moment.

Enfin à la MA de Bois d’Arcy dont on ne sait que très peu de chose malheureusement : le malaise d’un détenu pendant le sport, des équipes médicales qui tardent à intervenir et un début de mutinerie. Gordana, Papi, Mounir, etc. Et l’administration pénitentiaire, à l’AFP, qui prétend encore que les détenus prétextent, s’émulent... Et puis l’intervention des ERIS, un prisonnier au mitard. « Sans casse » dit la matonnerie...

Alors non, les prisonniers ne reçoivent pas des messages d’impunité de la part de Christiane Taubira contrairement au l’affirmation mensongère du Snepap. La nouvelle loi pénitentiaire qui se dessine ne va pas moins réprimer ni enfermer.


Proposé par papillon
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