Qu’est ce que l’antispécisme ?
Pour le définir, il faut d’abord revenir à ce qu’est le spécisme.
Le spécisme est le fait de considérer que le critère de l’espèce est pertinent pour discriminer les animaux.
Les antispécistes s’opposent à cette vision, iels considèrent que l’espèce est un critère de discrimination arbitraire et qui n’est donc pas valable pour définir la considération morale que nous devrions avoir envers des individus.
Le terme spécisme a été inventé au début des années 70 par Richard D. Ryder, il l’a créé pour décrire l’exclusion de la sphère morale et juridique dont faisait l’objet les animaux.
Quelques années plus tard, le philosophe Peter Singer écrit un livre intitulé « libération animale », qui connaît un grand succès et permet de faire connaître plus largement ce que sont le spécisme et son antagoniste, l’antispécisme.
Quelles seraient les raisons de penser que l’espèce n’est pas un critère pertinent pour définir notre considération morale envers des individus ?
Le concept d’espèce permet de distinguer les organismes vivants, notamment sur le critère d’une reproductibilité viable au sein d’une même population.
Les critères de ressemblance et de morphologie peuvent aussi être pris en compte.
Le concept d’espèce ne prend pas en compte la capacité de ressentir des émotions, du plaisir, de vouloir éviter la souffrance et la mort.
Ces notions devraient être à la base d’un système moral le plus juste possible qui prendrait en compte autant que faire se peut les intérêts de toutes et tous.
Le fait que le critère de l’espèce ne prenne pas compte la sentience fait qu’il n’est pas pertinent pour discriminer un individu, il est un critère de discrimination arbitraire comme il en existe plein d’autres ; la nation, le sexe, la couleur de peau, l’argent, la religion.
Quel serait le critère pertinent pour définir notre système moral ?
Pour la première fois, en cette année 2020, figurera dans le dictionnaire Larousse français le mot sentience.
Sentience : Pour un être vivant, capacité à ressentir les émotions, la douleur, le bien-être et à percevoir de façon subjective son environnement et ses expériences de vie.
Nous savons que les individus sentients ont pour intérêt à ressentir du plaisir, à rester en vie, à éviter la souffrance ; ce qui leur arrive leur importe.
Puisque ces individus sont des êtres doués de sentience, alors on pourrait leur accorder le titre de patient moral, c’est-à-dire un individu à qui il est mal de faire du mal, comme par exemple le faire souffrir et empêcher son bonheur.
Aujourd’hui, l’étude scientifique du comportement des espèces animales évolue encore, c’est ce qu’on appelle l’éthologie.
Les vertébrés ainsi que certains mollusques et de nombreux arthropodes sont doués de sentience.
Nous savons par ailleurs que les végétaux, bactéries, champignons ne sont pas doués de sentience.
Le cri de la carotte n’existe pas.
Et quand bien même on découvrirait dans l’avenir leur sentience, alors il ne serait pas conseillé dans un but de justice de se nourrir d’organismes vivants hétérotrophes comme les animaux.
Évidemment la sentience n’est pas une donnée fixe. Il existe un continuum de l’expérimentation de la vie subjective, ainsi que de la souffrance de tous ces individus.
Il est alors possible de considérer qu’il est moins grave de faire souffrir un ver de terre plutôt qu’un chien*, un humain* ou une vache*.
*en général ce sont des espèces qui ont une population avec un degré de sentience beaucoup plus élevé que celui du ver de terre.
Cela ne veut pas dire qu’il faut encourager ou ne rien faire pour lutter contre la souffrance que peuvent ressentir des vers de terre.
Si nous choisissions le critère de la sentience pour définir notre système moral, alors il faudrait remettre en cause beaucoup de nos agissements.
Nous devrions remettre en cause nos rapports d’exploitation et de domination avec les autres animaux, la notion de travail, nos systèmes agricoles et industriels.
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