Maître Chaudon, avocat de Pierre, exprime sa difficulté à explorer et analyser sérieusement le dossier de plusieurs centaines de pages (contenant entre autre fadaises : relevés gps et tutti quanti…) alors qu’il ne l’a reçu que le 27 décembre. Il ajoute qu’il détient des pièces capitales à joindre au dossier : les rushs du film tourné par les journalistes qui accompagnaient Pierre ce soir-là que l’instruction ne s’est même pas préoccupée de demander.
Que nenni, rien n’y fera, le film ne sera même pas visionné à l’audience.
Pour Maître Binimelis, avocate de Kévin, la demande de renvoi se justifiait tout simplement parce qu’elle n’avait pas reçu le dossier de son client. La procureure d’expliquer que oui ce dossier avait bien été envoyé par lettre recommandée tardivement parce que le fax du tribunal, malgré 4 essais, ne marchait pas, et que même par mail, c’était impossible, “vous savez les moyens de la justice” … Nous ne savons pas où est passé le soi-disant recommandé puisque Maître Binimélis ne l’a jamais reçu…
Qu’à cela ne tienne, le parquet de Gap a décidé que ce procès devait se tenir, il se tiendra.
Droit de la défense bafouée, on se croirait dans un film de Costa Gavras…
Pierre est appelé à la barre. La juge nous fait la lecture du rapport de la police qui est en parfaite inadéquation avec les images de la 7 (télé italienne qui était présente ce soir-là ) et que vous pouvez voir ici : http://www.la7.it.
Regardez ces images, on y voit Pierre à partir de la 6e minute distribuer du thé, des gâteaux, des gants. La police arrive. Contrôle d’identité. Lorsqu’une exilée fait un malaise, Pierre la transporte dans la voiture de la police et demande aux agents des force de l’ordre d’appeler les secours.
Pour justifier interpellation de Pierre, et sa convocation devant le tribunal, la police ment et l’accuse d’avoir fait fuir deux autres personnes. Ainsi donc la police mentirait… alors en plus de malmener les exilés, de les mettre en danger à la frontière, de les frapper de les voler, la police est aussi coupable de faux témoignages ?
Et voilà pourquoi Pierre se retrouve à la barre : parce qu’il a porté assistance à une personne en danger !
Fermez le ban et vive la République…
Devant cette mascarade, Kévin va user de son droit au silence, et son avocat ne plaidera pas un dossier qu’elle n’a pas pu étudier.
Plusieurs personnes présentes dans la salle expriment alors leur colère, un médecin très connu dans le Briançonnais part en claquant la porte du tribunal.
Nous sommes atterrés, révoltés, nous savons ce qu’il se passe à la frontière, nous avons signalé à Mr le Procureur de Gap les maltraitances, les tabassages, les vols, les propos racistes et xénophobes, les dénis de droit et d’humanité, la mise en danger quotidienne subis par les exilé-e-s, la traque dans la montagne avec des chiens…
NOUS SOMMES ATTERRÉS PARCE QUE NOUS SAVONS QUE PIERRE, KEVIN ET TOUS LES AUTRES MARAUDEURS SAUVENT DES VIES, ET QUE CES VIES ONT UNE VALEUR INFINIMENT PLUS IMPORTANTE QU’UNE QUELCONQUE FRONTIÈRE !
Le verdict tombe dans l’après midi.
Pierre est condamné à trois de prison avec sursis.
Kévin est condamné à quatre mois de prison avec sursis.
Pendant ce temps là , deux ministres, M. Blanquer et Lecornu se baladaient dans les Hautes-Alpes en compagnie des élus et du député Joël Giraud, dans la plus parfaite indifférence du drame qui se joue à Montgenèvre, à la frontière franco italienne.
Agnès Antoine
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