Féministes tant qu’il le faudra !
Laurent Wauquiez, sur son compte Twitter, a profité du 8 mars pour instrumentaliser les luttes féministes. Agitant, en filigrane, l’habituelle stigmatisation des religions d’une religion, ainsi que le torchon de l’intranquillité publique. Il écrit ainsi : « En 2021, en France, les droits des femmes et leurs libertés sont régulièrement menacés par l’intégrisme et l’insécurité. Nous devons être intransigeants avec l’obscurantisme : l’égalité entre les femmes et les hommes ne se négocie pas ». Des soutiens comme ça, on n’en veut pas. Le patriarcat au feu, la parka rouge au milieu.
Quatre-cents-millions-d’euros
C’est le montant du nouveau plan montagne régional. On se souvient qu’un an après son arrivée à la région, Wauquiez n’avait pas manqué d’arranger son copain Gilles Chabert [1] – alors conseiller régional spécial montagne et président de la commission montagne de l’AuRA et administrateur de l’association Montanea et président du Syndicat des Écoles de Ski et moniteur au sein de l’ESF de Villard-de-Lans-Corrençon-en-Vercors et ex-membre du conseil d’administration de la Compagnie des Alpes (après les révélations des dessous du « Plan Blanc » Gillou avait démissionné) – avec le vote d’une subvention de 8 millions d’euros. La commission d’instruction et de départage d’une telle somme été présidée par Monsieur Chabert. Et, hasard démocratique, 1,6 millions s’étaient retrouvés, selon nos camarades journalistes d’investigation [2], directement ou indirectement dans les poches dudit Chabert. Le conflit d’intérêt avait été lu, vu, su et connu, les prises illégales d’intérêt reconnues mais non condamnées. Cette fois le plan montagne façon 2021, c’est 400 millions d’euros annoncés le 24 février sur le compte Twitter du président de l’AuRA. Le soutien est vaste et en partie déclaratif. Pour info et pour comparer, les lycées – compétence régionale « de base » – bénéficient de 800 millions d’euros par an pour le fonctionnement, l’entretien et l’investissement (très coûteux) en portiques et divers éléments de sécurisation. Un acte II du plan montagne en fin de non-saison hivernale et, hasard du calendrier, à quatre mois des élections régionales. En jouant la carte de la proximité provinciale, Wauquiez invoque les « oubliés des aides de l’État » mais suit la tendance : le prêt à taux zéro pour les acteurs économiques des montagnes régionales. La dette au feu, les stations au milieu.
Cinq-millions-d’euros
50 000 billets verts, c’est le montant régional exceptionnellement alloué à la grande lutte contre l’insécurité dans le grand Lyon. Attribués à « l’élargissement de la vidéosurveillance et l’armement des polices municipales ». Annoncée après plusieurs nuits d’émeutes urbaines dans la métropole lyonnaise, nuits agitées faisant suite à l’accident impliquant une voiture de police banalisée dans le 9e arrondissement [3], l’aide d’urgence ne s’inscrit aucunement dans un opportunisme électoral à quelques mois des régionales. Si nos meilleur·e·s ennemi·e·s lyonnai·e·s veulent des témoignages quant à l’employé-communal-sur-armé, nous sommes en mesure de leur fournir : la mumu de Sainté est équipée d’armes létales et d’armes dites à létalité atténuée depuis 2014. Flash-ball – pour la préférence locale, taser, tonfa, revolver 9mm... La loi de Sécurité Globale le permet, Wauquiez le finance, Perdriau l’avait fait.

Une wauquiezerie en appelle une autre
200 000€ sur la table pour l’éducation prioritaire. Ah non, ces euros tirés de l’enveloppe globale allouée aux lycées régionaux (800 millions d’euros) semble surtout stigmatiser un « quartier sensible » et son ultra-dangerosité plutôt qu’œuvrer à la réussite de tou·te·s. Le 24 mars, Wauquiez relaie la mesure régionale sur son compte Twitter. 40 caméras et 4 portiques, dits de sécurité, installés au lycée La Martinière-La Duchère pendant les vacances de printemps. La presse s’empresse de relier l’investissement aux événements récents, à savoir l’expression du ras-le-bol populaire contre l’impunité policière. ActuLyon, média mainstream s’il en est, écrit [4] : « Alors que des émeutes ont éclaté aux abords de l’établissement il y a quelques semaines, la région joue la carte de la sécurité, à tel point que le lycée prend peu à peu des allures de fort inviolable ». Sauf qu’il s’agit là d’un coup de la real politique, de la médiatisation, de la communication : Wauquiez avait déjà commencé son bazar défensif et sécuritaire en février, suite à sa visite dans l’établissement. Peu importe le prétexte médiatique et l’instrumentalisation sociale, la fibre de papier low-tech du Couac ne peut que dénoncer, s’opposer, lutter contre ce genre d’équipements. La techno-sécurité au feu, ceux qui parlent d’ensauvagement au milieu.
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