L’assassinat d’Alexandros Grigoropoulos par un policier lui ayant tiré dessus à trois reprises le samedi 6 décembre 2008, a provoqué une vague de manifestations et de multiples représailles envers la police, dans les principales villes de Grèce depuis samedi soir.
Celui que ses proches appelaient « Gregory » venait d’une famille prospère. Sa mère était bijoutière et son père directeur de banque. Il étudiait dans un établissement scolaire privé de la banlieue nord d’Athènes.
Selon des amis et connaissances de l’adolescent, c’était un garçon réservé qui passait beaucoup de temps à lire. Fan de musique punk et de hip hop, il adorait aussi le skateboard.
« C’était un très gentil gamin », dit Josef Gavlinsky, gardien de l’immeuble qu’il habitait dans le faubourg de Palio Faliro. « Il me saluait toujours, il était très poli, il n’avait jamais d’ennuis », a-t-il ajouté, selon le journal Ethnos (« Le Peuple » est un journal populaire créé en 1980. Les thèmes de société et surtout le sport sont ses points forts).
Le policier en question aurait évoqué des tirs de sommation, ce que contredisent des témoins de la scène. Il a été mis en examen pour meurtre prémédité, ainsi que son collègue pour complicité de meurtre. Ce n’est pas leur mise en examen et leur éventuelle condamnation qui suffira à calmer les esprits. En effet, le climat social et politique grec est, indépendamment de ce récent meurtre, assez tendu depuis plusieurs mois.
L’info qui suit nous vient d’un habitant grec. Il recoupe ici différentes infos qui lui arrivent par téléphone.
Dans le quartier « anar » Exarchia,
les flics sont toujours en nombre le weekend pour protéger les bâtiments sensibles. Les gamins ont l’habitude de leur balancer des cailloux. Hier, un flic a tiré trois coups et a tué un jeune homme de 15 ans.
Vidéo ici :
http://www.enet.gr/online/online_text/c=112,id=25113860
Très peu de temps après, plus d’un millier de personnes ont commencés à attaquer les banques, tous les magasins, et quelques voitures. Cela a duré toute la nuit, avec des affrontements contre la police. De mémoire de jeune grec, c’est du jamais vu.
Aujourd’hui il y a des manifestations spontanées, où l’on retrouvait des partis de gauche (socialiste, nouveau communiste, et communiste). Des cagoulés, pas seulement anar ou bachalas, ont profités de cette manifestation pour attaquer les vitrines et affronter la police.
La police utilise des gazes lacrymo mais aussi des gazes paralysants. A Exarchia la population prend à parti les policiers pour qu’ils cessent de lancer ces gazes car les effets sont puissants. C’est autour de ce quartier qu’est partie la manif et après des affrontements devant le quartier de la police c’est à l’université polytechnique que tout le monde s’est retrouvé.
Le président d’université n’a pas cassé, par peur d’envenimer la situation, l’asylum (l’asile) qui interdit à la police d’entrer dans les universités. L’université de Salonique par exemple, occupées par les étudiants, a été fermée pour au moins deux jours par le rectorat. Donc les différents groupes en profite pour attaquer à proximité et rentrer se protéger dans l’université.
C’est le chaos. Les policiers ne savent pas quoi faire, ils n’ont pas d’ordre. Ils essaient seulement de contenir et n’y arrivent pas, mais n’opèrent quasiment aucunes arrestation. Le gouvernement a très peur et ne dit rien. Alors que des groupes attaquent, certains en profitent pour piller, créant par la même quelques tensions, certains préférant brûler que piller. A cette heure, et d’après ce qui m’est rapporté, il n’y a plus rien à détruire ou à bruler aux alentours de l’université.
Toutes les grandes villes sont concernées (Athènes, Thessalonique, Patras, Héraklion, Hania, ...). Beaucoup, beaucoup de monde dans les rues, pas seulement des anars. Des personnes qui avaient cessé d’être actives, sont redescendues dans la rue.
Au niveau du contexte général, il y a une grève des travailleurs, mais d’un autre côté les syndicats et les partis n’ont plus aucun échos.
Demain une manifestation est prévue. Cette nuit les émeutes vont continuer, d’après les contacts, il n’y aucune raison pour que cela s’arrête. La population soutient le mouvement en grande majorité.
« D’habitude on agit, et on pense après, la on est obligé de faire les deux en même temps ». C’est à l’université que des groupes commencent à discuter de stratégies et à cette heure, ça continue à brûler.
D’autres infos ici :
http://www.info-grece.com/modules.php?name=News&file=article&sid=4616
vidéo :
[http://www.in.gr/video/default.aspx?videoID=76189]
rappel historique : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dictature_des_colonels
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