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ACTUALITÉS RÉPRESSION - PRISON / RÉSISTANCES ET SOLIDARITÉS INTERNATIONALES
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Publié le 8 décembre 2008 | Maj le 24 octobre 2020 | 6 compléments

Faire état de ce qui se passe en Grèce


L’assassinat d’Alexandros Grigoropoulos par un policier lui ayant tiré dessus à trois reprises le samedi 6 décembre 2008, a provoqué une vague de manifestations et de multiples représailles envers la police, dans les principales villes de Grèce depuis samedi soir.

Celui que ses proches appelaient « Gregory » venait d’une famille prospère. Sa mère était bijoutière et son père directeur de banque. Il étudiait dans un établissement scolaire privé de la banlieue nord d’Athènes.

Selon des amis et connaissances de l’adolescent, c’était un garçon réservé qui passait beaucoup de temps à lire. Fan de musique punk et de hip hop, il adorait aussi le skateboard.

« C’était un très gentil gamin », dit Josef Gavlinsky, gardien de l’immeuble qu’il habitait dans le faubourg de Palio Faliro. « Il me saluait toujours, il était très poli, il n’avait jamais d’ennuis », a-t-il ajouté, selon le journal Ethnos (« Le Peuple » est un journal populaire créé en 1980. Les thèmes de société et surtout le sport sont ses points forts).

Le policier en question aurait évoqué des tirs de sommation, ce que contredisent des témoins de la scène. Il a été mis en examen pour meurtre prémédité, ainsi que son collègue pour complicité de meurtre. Ce n’est pas leur mise en examen et leur éventuelle condamnation qui suffira à calmer les esprits. En effet, le climat social et politique grec est, indépendamment de ce récent meurtre, assez tendu depuis plusieurs mois.

L’info qui suit nous vient d’un habitant grec. Il recoupe ici différentes infos qui lui arrivent par téléphone.

Dans le quartier « anar » Exarchia,

exarchia

les flics sont toujours en nombre le weekend pour protéger les bâtiments sensibles. Les gamins ont l’habitude de leur balancer des cailloux. Hier, un flic a tiré trois coups et a tué un jeune homme de 15 ans.

Vidéo ici :

http://www.enet.gr/online/online_text/c=112,id=25113860

Très peu de temps après, plus d’un millier de personnes ont commencés à attaquer les banques, tous les magasins, et quelques voitures. Cela a duré toute la nuit, avec des affrontements contre la police. De mémoire de jeune grec, c’est du jamais vu.

Aujourd’hui il y a des manifestations spontanées, où l’on retrouvait des partis de gauche (socialiste, nouveau communiste, et communiste). Des cagoulés, pas seulement anar ou bachalas, ont profités de cette manifestation pour attaquer les vitrines et affronter la police.

La police utilise des gazes lacrymo mais aussi des gazes paralysants. A Exarchia la population prend à parti les policiers pour qu’ils cessent de lancer ces gazes car les effets sont puissants. C’est autour de ce quartier qu’est partie la manif et après des affrontements devant le quartier de la police c’est à l’université polytechnique que tout le monde s’est retrouvé.

Le président d’université n’a pas cassé, par peur d’envenimer la situation, l’asylum (l’asile) qui interdit à la police d’entrer dans les universités. L’université de Salonique par exemple, occupées par les étudiants, a été fermée pour au moins deux jours par le rectorat. Donc les différents groupes en profite pour attaquer à proximité et rentrer se protéger dans l’université.

C’est le chaos. Les policiers ne savent pas quoi faire, ils n’ont pas d’ordre. Ils essaient seulement de contenir et n’y arrivent pas, mais n’opèrent quasiment aucunes arrestation. Le gouvernement a très peur et ne dit rien. Alors que des groupes attaquent, certains en profitent pour piller, créant par la même quelques tensions, certains préférant brûler que piller. A cette heure, et d’après ce qui m’est rapporté, il n’y a plus rien à détruire ou à bruler aux alentours de l’université.

Toutes les grandes villes sont concernées (Athènes, Thessalonique, Patras, Héraklion, Hania, ...). Beaucoup, beaucoup de monde dans les rues, pas seulement des anars. Des personnes qui avaient cessé d’être actives, sont redescendues dans la rue.

Au niveau du contexte général, il y a une grève des travailleurs, mais d’un autre côté les syndicats et les partis n’ont plus aucun échos.

Demain une manifestation est prévue. Cette nuit les émeutes vont continuer, d’après les contacts, il n’y aucune raison pour que cela s’arrête. La population soutient le mouvement en grande majorité.

« D’habitude on agit, et on pense après, la on est obligé de faire les deux en même temps ». C’est à l’université que des groupes commencent à discuter de stratégies et à cette heure, ça continue à brûler.

D’autres infos ici :
http://www.info-grece.com/modules.php?name=News&file=article&sid=4616

vidéo :
[http://www.in.gr/video/default.aspx?videoID=76189]

rappel historique : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dictature_des_colonels

P.-S.

Des manifestations sont à nouveau prévues aujourd’hui lundi 8 décembre en fin d’après-midi.

D’autres part, une grève générale de 24 heures est prévue mercredi pour protester contre les privatisations, la réforme des retraites, la baisse du pouvoir d’achat et aussi, nombreuses revendications en rupture complète avec le capitalisme et les institutions grecques passéistes.


Proposé par mario
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6 compléments

  • Paris solidaires des manifestants de Grèce : 5 camarades toujours en garde a vue.

    Message transféré du compte rendu d’un camarade :

    "salut,
    Nous étions presque une centaine rassemblés devant le commissariat du 7e arrondissement où sont retenus nos camarades arrêtes pendant la manifestation de soutien au mouvement social grec de vendredi soir. La famille de Othman nous a indiqué que les policiers envisageaient de maintenir nos camarades en garde à vue jusqu’à lundi soir, soit plus de 48 heures, en application des lois perben.

    Cela signifierait que nos camarades constituent, au choix, une entreprise terroriste ou une bande organisée !

    UNE FOIS DE PLUS ON CRIMINALISE DES MANIFESTANT-ES SOLIDAIRES DE LA REVOLTE DE LA JEUNESSE GRECQUE

    Comme vous le savez ce vendredi 12 décembre il y a eus une manifestation a paris devant l’ambassade de Grèce en solidarité avec ce qui se passe là bas, en solidarité aussi avec notre camarade Alexandros Grigoropoulos lâchement assassiné par la police grecque.

    Comme à sa triste habitude, les forces de répressions de la préfecture de police parisienne ont multipliées les provocations durant ce rassemblement et on eu, pour finir effectués sans raisons de violentes charges policières contre les manifestantEs qu’ils trouvaient trop remuantEs.

    5 camarades ont été-es arrété-es, ils risquent gros car la préfecture, la Dcri et ses agents qui étaient sur place devant l’ambassade de Grèce, ainsi que les Gm ont décidés de les « charger » un maximum dans leur « dépositions ».

    Ce soir dimanche 14 a 19 heures il y a eu un rassemblement de solidarité près du commissariat de la place des invalides ou nous avons appris que nos camarades ont étés transférés au Dépôt de la préfecture de police de paris et qu’ils risquaient jusqu’à 96 heures de garde a vue avant de passer devant un juge ou un procureur (rappel c’est grave car en France si vous faites plus de 72 heures de garde a vue c’est que la justice vous considère comme un terroriste potentiel).

    Un nouveau rassemblement de Solidarité devrait avoir lieu demain mais nous n’avons encore ni le lieu ni l’heure.
    Merci de relayer si vous avez d’autres précisions

    AUSSI NOUS LANCONS CET APPEL PAR TELEPHONE DE PARIS, DE PROVINCE, DE PARTOUT EN EUROPE ET DANS LE MONDE.
    EXIGEONS LA LIBERATION IMMEDIATE ET SANS AUCUNE CONDITION DE NOS 5 CAMARADES.

    N’HESITONS PAS À TELEPHONER A LA PREFECTURE DE POLICE DE PARIS AU NUMEROS CI-DESSOUS
    (DE PREFERENCE, FAITES LE DANS DES CABINES DE TELEPHONE PUBLIQUES SURTOUT PAS A PARTIR DE VOS TEL PORTABLES OU DE VOS NUMEROS PERSONNELS DE TEL FIXES)

    Adresses et téléphones de la Préfecture de Police
    4 bld du Palais 75195 PARIS RP
    tel : 0153715371
    tel : 0153735373

  • Ci joint une liste(tenu a jour) des actions de solidarité
    internationale a nos compagnons(es) Grecs.

    http://non-fides.fr/spip.php?article132

    Image hébergée par servimg.com

  • L’assassinat d’Alexandros Grigoropoulos âgé de 16 ans par les assassins errants de la Police grecque n’est un incident ni hasardeux ni isolé. Pour les seuls derniers mois il y a eu des d’autres morts : Toni Onoua (à Kalamaria), Mohamed Asraf (à St Panteleimonas) et Maria Koulouri (à Leukimi), tous ont été victimes de l’action policière.

    L’assassinat d’Alexandros Grigoropoulos âgé de 16 ans par les assassins errants de la Police grecque n’est un incident ni hasardeux ni isolé. Pour les seuls derniers mois il y a eu des d’autres morts : Toni Onoua (à Kalamaria), Mohamed Asraf (à St Panteleimonas) et Maria Koulouri (à Leukimi), tous ont été victimes de l’action policière.
    Tout cela n’est pas le résultat d’un comportement de quelques flics qui seraient « chauds » mais le résultat d’une tactique globale des forces répressives. Ceux qui continuent de parler de faits hasardeux ne sont pas seulement ridicules mais complices du système.

    Ces assassinats de la part de l’Etat dressent la scène de la répression globale.

    Ces derniers mois, la plupart de ceux qui sont sortis dans la rue, qui ont lutté, qui ont revendiqué et qui ont contesté la paix sociale ont été traités avec la violence de la part de l’Etat. Les bombes lacrymogènes et les armes chimiques ont été le type de répression le plus doux. Le plus souvent on a eu à faire aux passages à tabac, aux arrestations, et même aux tortures pour ceux qui se sont retrouvés dans les commissariats.

    La croyance dans le faux bien-être que le capitalisme a promis est en train d’être détruit avec la crise économique que nous vivons.
    Depuis des années, les travailleurs subissent des attaques de la part de l’Etat et du patronat, depuis les lois contre le monde du travail jusqu’à la répression barbare de toute protestation..
    La démocratie du patronat, des industriels et des autoritaires ne ressemble pas à une dictature, c’est la dictature.

    Les réactions de la classe ouvrière à l’assassinat du jeune lycéen ont été directes et nous ont amenés à nous retrouver tous ensemble dans les rues.
    Toutes les réactions sociales de ces derniers jours sont justifiées. Elles sont l’expression de la violence accumulée que nous sommes contraints d’accepter quotidiennement. Aujourd’hui elle est retournée contre ceux qui la pratiquent tous les jours.

    Notre réponse est une réponse de classe contre l’Etat et le patronat parce que c’est la seul voie qu’il nous reste, la seule voie que nous connaissons.

    QUE NOTRE RAGE DEVIENNE INSURRECTION POPULAIRE.

    ESE- Eleftheriaki Sindikalistiki Enosi (Union Syndicaliste Libertaire)

  • Merci de ne pas publier les articles de la presse aux ordres à la suite de cet article.

    SInon, des actions de solidarité sont en cours à Lyon, à Paris...d’autres ont eu lieu en Allemagne, en Hollande...

  • texte traduit d’un communiqué de l’école polytechnique d’Athène - Lundi 8 décembre 2008 au soir.

    "L’État tue !

    Le samedi Décembre 6, 2008, Alexandros Grigoropoulos, 15 ans, camarade, a été assassiné de sang-froid, avec une balle dans la poitrine par un flic dans le quartier Exarchia.

    Contrairement aux affirmations de politiciens et de journalistes qui sont
    complices de l’assassinat, ce n’était pas un "incident isolé", mais une
    manifestation de la répression étatique qui systématiquement et de manière organisée cibles ceux qui résistent, ceux qui se révoltent, les
    anarchistes et les antiautoritaires.

    C’est le point culminant du terrorisme d’État qui s’est exprimé avec
    l’amélioration du rôle des mécanismes de répression, leur armement
    continue, l’augmentation du niveau de la violence utilisée, avec la
    doctrine de la "tolérance zéro", avec la diffamation des médias de
    propagande, qui incrimine ceux qui se battent contre l’autorité. Ce sont
    ces conditions qui préparent le terrain pour l’intensification de la
    répression, en essayant de créer un consensus social, puis l’armement par
    l’état des assassins en uniforme !

    La violence exercée à l’égard des personnes dans le secteur social et de
    la lutte de classe est exemplaire en vue de la soumission, en tant que
    châtiment exemplaire, destinée à semer la peur. Il fait partie de
    l’ensemble de l’attaque de l’État et les patrons contre l’ensemble de la
    société, afin d’imposer des conditions plus strictes d’exploitation et
    d’oppression, de consolider le contrôle et la répression.

    De l’école et les universités à l’esclavage entraînant avec la mort de
    centaines de travailleurs dans de soi-disant « accidents de travail" et à 
    la pauvreté englobant un grand nombre de la population ... À partir du
    champs de mines dans les frontières, les pogroms et les meurtres des
    immigrants et des réfugiés aux nombreux "suicides" dans les prisons et les
    commissariats de police des coups de feu" de la police à la répression
    violente des résistances locales, la démocratie montre ses dents !

    Dès le premier moment après le meurtre d’Alexandre, des manifestations
    spontanées et des émeutes ont éclaté au cour d’Athènes, l’École
    Polytechnique, le Conseil économique et les écoles de droit sont occupés
    et les attaques contre l’Etat capitaliste et les objectifs ont lieu dans
    différents quartiers et dans le centre ville. Manifestations, attaques et
    des affrontements éclatent à Thessalonique, Patras, Volos, Héraklion et La
    Canée en Crète, en Giannena, à Komotini et de nombreuses autres villes. À
    Athènes, dans la rue Patission - près de l’école polytechnique et l’école-
    économique des affrontements toute la nuit dernière. En dehors de l’école
    polytechnique la police anti-émeute faire usage de balles en plastique.

    Le dimanche la 7e Décembre, des milliers de personnes en vue de démontrer le siège de la police à Athènes, en attaquant la police anti-émeute. Les affrontements de la propagation des tensions sans précédent dans les rues de la ville, jusqu’à tard dans la nuit. De nombreux manifestants sont blessés et un certain nombre d’entre eux sont arrêtés.

    Nous continuons l’occupation de l’école Polytechnique qui a débuté le
    samedi soir, la création d’un espace pour tous ceux qui luttent pour
    rassembler, et un accent plus permanent de la résistance dans la ville.

    Dans les barricades, les occupations de l’université, les manifestations
    et les assemblées nous gardons vivante la mémoire d’Alexandre, mais aussi
    celle de Michalis Kaltezas et de tous les camarades qui ont été assassinés
    par l’État, pour le renforcement de la lutte pour un monde sans maîtres sans esclaves, sans police ni armées, sans prisons ni frontières.

    Les balles des assassins en uniforme, les arrestations et les passages à 
    tabac de manifestants, les gaz chimiques guerre lancée par les forces de
    police, non seulement ne parvient pas à imposer la peur et de silence,
    mais ils deviennent pour la population la raison de soulever le terrorisme
    d’État contre les cris de la lutte pour la liberté, à abandonner la peur
    et à répondre de plus en plus et de plus chaque jour dans les rues de la
    révolte.

    Le terrorisme d’État ne doit pas passer !

    Libération immédiate de tous les arrêtés dans les événements du samedi et
    du dimanche (7-8 décembre 2008).

    Nous envoyons notre solidarité à tous d’occupation des universités, la
    démonstration et des affrontements avec les assassins de l’état dans tout
    le pays.

    L’occupation de l’Université Polytechnique d’Athènes".

  • comment témoigner notre solidarité ? ou plutot admiration !!?

Comment publier sur lenumerozero.info?

Le Numéro Zéro n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez.
La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Voila quelques infos rapides pour comprendre la publication. Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir via notre mail lenumerozero [at] riseup.net

 

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