Le dossier : Le monde deux fois à l’envers ?
Mais qui a peur de Carnaval ? Au goût des autorités, cette tradition ne serait plus qu’un défilé d’enfants des écoles à admirer de derrière les barrières ou un corso fleuri pour attirer le touriste. Ou, au mieux, un folklore désuet que l’ethnographie épingle dans les musées comme des astres morts. En vérité, c’est tout le contraire : Carnaval est un « jour des fous » où la vie est vécue pleinement, où le monde est renversé, où les gouvernés sont au gouvernail.
Mais quoi, la foule inventerait et célébrerait ses propres rituels en s’enivrant sur la voie publique ? Intolérable ! Le « sentiment d’insécurité » par lequel est géré ce pays, doublé d’une politique culturelle qui institutionnalise et mercantilise le moindre pet d’artiste et jusqu’aux fêtes votives, ne laisse que peu de marge à la spontanéité populaire. Une fête de quartier, si elle ne sollicite ni subventions ni permission, est vite traitée en ennemi public. Grossière tentative de criminalisation qui révèle des enjeux insoupçonnés : cette démocratie craint exagérément le peuple et ses passions souveraines.
Marseille : ne fête rien dans la rue ! > En plein cirque électoral, le carnaval de La Plaine et de Noailles est soudain passé de fête indépendante de quartier au statut peu enviable d’affaire d’État. Pompiers, flics, presse et juges se sont acharnés, pendant que le MuCEM prétend le taxidermiser.
MuCEM > A l’endroit de l’envers. Par Professeur Proutskaïa, ethnographe pétomane.
Plus que jamais, Carnaval est une hérésie > Dans notre société si bien policée, le carnaval et ses intensités païennes font figure de fête martienne. Connaître son histoire et ses résurgences contemporaines aide à en saisir toute la richesse, ainsi que les promesses… La parole est à Alèssi dell’Umbria, un des initiateurs du carnaval de La Plaine-Noailles.
Montpellier : Comment interdire ce qui l’est déjà ? > Chaque mardi gras depuis 20 ans, un simple rendez-vous est donné à 19 h sur la place emblématique du vieux-centre de Montpellier, le Peyrou.
À Dunkerque, les masqueloures n’ont pas vu le Bronx > Veille des Trois Joyeuses 2014, dans un bar branchouille de la plage de Malo-les-Bains, à Dunkerque. Un copiste de La Voix du Nord, joyau du Parti local de la Presse et de l’Argent (PLPA), sirote une bière en terrasse. Et prédit une apocalypse carnavalesque.
Cadix > ¡ Viva el Carnaval chiquito !
Les articles
Social : Un havre de luttes > Le 31 mars 2014 au Havre, quatre militants CGT, accompagnés par quelque 5000 personnes, étaient attendus au tribunal pour prendre connaissance d’un verdict qui s’annonçait sévère. Six mois de prison ferme suite à un chahut lors d’un conflit dans une boîte en grève. La relaxe a été finalement prononcée, mais la lutte continue…
Intermittents > « Des enfants gâtés qui pleurent la bouche pleine ».
Toulouse > Decaux nous flique, fritons Decaux !
Sans-papiers en lutte : Jusqu’au bout des ongles > Le cosmopolite 10e arrondissement de Paris a été témoin d’une grève inédite et emblématique : des manucures chinoises et des coiffeuses ivoiriennes ont fait tourner la boutique après la fuite de leur patron mauvais payeur et vont sans doute réussir à arracher leur régularisation.
Uruguay : Les contrats fantômes de Montes del Plata > D’un côté, un chef d’État urugayen, Pepe Mujica, le « président des gens », qui dénonce la « civilisation contre la simplicité, contre la sobriété, contre tous les cycles naturels ». De l’autre, un pays livré aux mégaprojets industriels menés par des multinationales peu scrupuleuses qui presse comme du citron sa main-d’œuvre « détachée ». Exemple de travailleurs serbes pris dans les filets de la mondialisation.
Algérie : Le changement… c’est jamais ! > Le 17 avril, les Algériens sont invités à « élire » leur président dans un exercice de démocratie orientée à la Poutine. Le gagnant sera probablement le vieillard malade Bouteflika. Pour un éclairage plein cœur, CQFD a discuté à bâtons rompus avec Kamar Idir, photographe algérien et animateur de l’émission Harragas sur Radio Galère, qui vit depuis une quinzaine d’années dans la cité phocéenne.
Théorie : « Il serait vain de croire qu’on peut construire sans résister et stérile de résister sans construire » > Avec Adieux au capitalisme – Autonomie, société du bien-vivre et multiplicité des mondes (La Découverte, 2014), Jérôme Baschet concentre un état des lieux très stimulant de la critique sociale actuelle. L’auteur, connu comme chroniqueur de l’épopée zapatiste du Chiapas (voir CQFD n°119), est aussi historien du Moyen à‚ge. On pourrait chercher un lien entre ces deux activités en reprenant ce que disait Gustav Landauer : « La forme du Moyen à‚ge, ce n’était pas l’État, mais la société, une société de sociétés » à quoi fait écho le « monde où de nombreux mondes aient leur place » de l’aspiration zapatiste.
Plutôt que de rester dans la sidération devant l’avalanche du pire ou dans l’attente d’un effondrement qui est peut-être déjà là , Jérôme Baschet pense que « tant que la croyance (ou simplement la sensation) qu’il n’y a pas d’autre forme sociale viable demeurera inébranlée, tant que n’aura pas commencé à prendre consistance la possibilité d’une organisation non capitaliste de la vie, la plupart d’entre nous continueront de se résigner à l’état de fait ou de promouvoir des arrangements limités au sein du désastre. » Entretien.
Alternative : AureaSocial, fleur de tous les possibles > L’Espagne à terre économiquement, quelques centaines d’utopistes occupent un immeuble à Barcelone espérant en faire le point de déploiement de structures autogérées : les coopératives intégrales. Conjuguant imagination et lucidité politique, ils expérimentent et posent les jalons de nouveaux rapports humains.
Les chroniques
Mais qu’est-ce qu’on va faire du… Traité transatlantique ?
Queen Kong Kronik > Érosion.
Les vieux dossiers de France > Marronnage en Amazonie
Je vous écris de l’usine > Un homme en colère
Cap sur l’utopie > À la reconquête des usages interdits
le site de CQFD : ici
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