Il s’est passé quoi ?
Acte IX
Gilets Jaunes
De Jean-Jaurès
À Fourneyron
Il s’est passé quoi ?
Actes neufs
Mots plus chauds
Coudes plus serrés
Il fait bon
Il s’est passé quoi
On sait pas
On s’en fout
On s’est trouvé.e.s
On s’est plus lâché.e.s
Acte IX
C’est beau
De voir la rue pas pareille
La rue dérangée
Secouée
Le rouge et le blanc des barrières qui s’empilent devant la gare
Ça surprend l’oeil
Il en peut plus l’oeil de voir tous les jours les mêmes lignes droites et la vie toujours droite dans les mêmes rues propres et le cerveau qui fond
On s’est trouvé.e.s
On s’est tenu.e.s
On s’est souri
On s’est surpris.e.s
À sauter de joie
À crier de rire
Sans pouvoir retenir
Un truc joli qui sort
Sans prévenir
Ça court
La musique devant
Les monstres derrière
La musique nous tient ensemble
Des étoiles naissent sur les vitres
Tout ce qui donne envie de hurler
Toute la journée
Reçoit un peu de ce qu’il mérite
Banques
Assurances
Agences
Immobilières
Immobiles
Ce qui te tient plié en quatre toute la vie
Ce qui te fait tenir bien sage
Bien assis
Et sur place
Reçoit un peu de ce qu’il mérite
Et on se sourie
De ce moment de liberté
Qu’on est en train de s’offrir
La rue à qui
À nous
Pour de vrai
Actes neufs
Les corps et les esprits
Se prennent par la main
Prennent soin
Prennent vie
Tout est
Woah
Plus chaud
Plus doux
Il fait moins froid
Sous la cagoule
Les yeux se plissent
Quand on croise le regard d’un.e ami.e
Ou quand un.e inconnu.e nous attrape le bras
Pour ne pas qu’on trébuche
Et que dans ce contact
Il y a toute la chaleur qui manque tout le temps
Nos samedis sont de plus en plus beaux
Et on se sent de moins en moins seul.e.s
Qui sait combien de temps on se serait tenu.e.s
Sans plus se lâcher
Sans l’arrivée en trombe des monstres
Agacés
Vexés
Humiliés
De s’être faits balader
Gazs
Matraques
Flash-balls
Vengeance froide
Brutale
Crises de panique
Coups
Hurlements
Aveuglement
Vomissements
Sortir les mains en l’air
Parce qu’on a cru crever
Dans ce tas de nous qui ne respirait plus
Et se faire tirer dessus
À bout portant
Les monstres sont payées par vos impôts pour faire régner l’ordre et la loi en arrachant les yeux des enfants de treize ans.
On sort du brouillard
Redescente
On compte ses doigts et ses ami.e.s
On se retrouve
On se sert
Et si c’est peut-être la première fois
Que ça se passe comme ça
C’est sûrement pas la dernière
Et tandis qu’on apprend à se libérer
À s’armer
À s’aimer
Et à se protéger
Ce qu’on espère très fort
C’est que le soir les monstres dans leurs terriers
S’étouffent dans l’ennui de leur monde de mort
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