On marche
Sans rien se dire
C’est vrai
On sait pas bien
Ce qu’on demande
On demande tout
Et rien
Juste de pouvoir vivre
Sans se rogner les dents
Et on se parle pas
On a rien à crier
On sait bien toutes et tous
Que si on se parlait
On se comprendrait pas
On sait bien
Que si tout ça
Ça tient
C’est parce qu’on ne dit rien
On marche
Et c’est peut-être ce qu’il faut faire au fond
Ne rien se dire
Et laisser
Tout brûler
Ne surtout pas s’arrêter
Nous sommes les zombies silencieux
D’un vieux monde
Qui n’en finit plus de s’écrouler
Et si l’on ne se parle pas
C’est parce qu’on sait bien
Que tout tient là -dessus
Il n’y a qu’à sourire et hurler de colère
Et petit à petit
Se mouiller toutes et tous
Et puis de plus en plus
S’enfoncer dans ce qui
Ces temps-ci
Surgit
Jusqu’à ne plus pouvoir revenir en arrière
Devant
Devant ça court et ça caillasse
Ca rigole
Samedi Sainté n’était plus verte
Mais jaune
Et noire
Et rouge
Du feu qui fait chauffer les joues et le cœur
On sent bien que quelque chose se passe
Il y a deux ans à peine
Une voiture de police qui brûle en pleine rue
C’était une affaire d’état
Aujourd’hui
C’est une affaire de joie
C’est l’affaire de tout le monde
Et un selfie devant
C’est la plus belle image du calendrier de l’avant
Après
Tous les samedis
Et après
Tous les jours
S’ouvrira une fenêtre
Une porte plus grande
On apprendra bien mieux
À prendre soin
Les un.e.s des autres
Un plus beau trou s’ouvrira
Dans la ville qui s’essouffle
Dans ces fêtes de fin d’année
Qui seront peut-être
Les fêtes
De la fin de leur règne
Alors on se tait
Et on fonce
Et celles et ceux qui cassent
Celles et ceux qui brûlent
Et courent et jettent et hurlent
Sont celles et ceux qui font vivre tout ça
Alors il faut en être
Chacun.e avec sa peur
Chacun.e avec ses bras
Quand tout aura brûlé
Que tout sera tombé
Qu’il n’y aura plus personne
Pour nous faire croire à nous que c’est nous les méchant.e.s
Et qu’il faut travailler
Se taire et emprunter et se laisser crever
Et qu’il n’y a que ça
Que ça ou les prisons
Qui sont déjà toutes pleines
Où nous enverront-ils quand tout le monde viendra ?
Quand plus personne n’en voudra
De cette vie infecte qu’on se force à survivre
Et des coups de matraque
Et du gaz
Tant de gaz
À croire qu’il tombe du ciel
Quand tout le monde sera dehors
Quand les parents devront mettre eux-mêmes
Leurs propres enfants en tôle
On pourra se parler
Se dire
On était là
Toutes et tous à la fois
Ce qu’il faut espérer c’est que tout ce qu’on fait là
Ces marches
Ce silence
Ces sourires
Cette violence
Et l’incompréhension hurlante qui nous fait se serrer les coudes
Ce qu’il faut espérer
C’est qu’on finisse ensemble
Ensuite
Par se comprendre
Comprendre qu’on a tou.te.s peur
Qu’on a tou.te.s mal
Partout
Et certain.e.s pire que d’autre
Et qu’on saura se serrer les un.e.s contre les autres
Ce qu’on espère c’est que
Tout ce silence hagard
Avec dans les yeux
Le feu
Des poubelles et du monde
Nous laissera le temps de bien se réfléchir
De bien se demander
De quoi on a envie
Quand on aura gagné
Compléments d'info à l'article