Un homme de la soixantaine qui discutait reprenait mot pour mot la fin de l’article daté du vendredi 18 juillet 2008 paru dans Le Progrès de Saint-Étienne : « on leur avait donné des locaux tout neuf, mais ils ont tout cassé, alors bon… ». Il est vrai que la citation en question placée en fin d’article, laissait court à une certaine ambiguïté quant au pourquoi de l’expulsion des Roms. Idem pour la phrase de conclusion suivante : « Rappelons que c’est de plaintes de certains riverains qu’est venue l’expulsion ».
De quelle nature de plaintes est-il question ici ? Nuisances sonores ou racisme ? Dégradations ou haine et peur de l’étranger ?
Par ailleurs, d’où vient l’info du dépôt de plaintes ? Sachant que les policiers ont toujours pour habitude de se servir de cette excuse pour couvrir et légitimer leurs actions arbitraires. Dans tout les cas, des plaintes ne peuvent légitimer l’expulsion d’une personne de son logement, quand bien même ce dernier est squatté.
Rappelons surtout que l’expulsion est le fruit d’une politique xénophobe et libérale qui aboutie aujourd’hui sur une décision de justice qui permet l’expulsion des familles Roms et tchétchènes sur la ville de Saint-Étienne.
Le tract diffusé ce jour là place de l’hôtel de ville par les Roms et leurs ami-s-es solidaires donnait quand même quelques éclaircissements, notamment sur la soit disante détérioration qu’aurait opéré les Roms dans l’école de Montplaisir.
Le tract est rédigé ici dans sa totalité (voir paragraphe en gras) :
Titré : "Direction l’errance, le Maire de Saint-Étienne a fait expulser brutalement, jeudi matin 17 juillet, les familles et les enfants Roms de Montplaisir et maintenant qu’est-ce qu’il compte faire ?
Les familles et les enfants Roms installées dans l’école désaffectée de Montplaisir ont été brutalement expulsés sur décision du Maire, c’est-à -dire mises à la rue, par des forces de police considérables.
A l’intérieur des bâtiments, toutes les vitres ont été cassés par des employés municipaux et la police municipale, avec le concours des pompiers y ont brûlés des pneus pour tout dégrader et rendre inutilisable ce qui restait et rendre impossible tout retour.
Cette décision est indigne, écœurante. C’est une violence faite à des familles et à des enfants, c’est de la destruction non seulement du peu que ces personnes ont pour survivre, mais de liens crées depuis des années avec toutes les initiatives dur réseau solidarité et surtout du travail fait avec les enfants.
Mais la brutalité ne règle rien et donc le problème reste. Il est insupportable que des élus se comportent de cette façon, méprisent comme ça la dignité et les droits humains. Ceux qui ont pris cette décision et ceux qui la justifie se déshonorent. Ces familles, leurs enfants viennent de passer une première nuit dehors. Le maire va-t-il les laisser une deuxième nuit à la rue ?
80 personnes dont une quinzaine d’enfants sont concernés et les familles qui vivent Roger Salengro viennent de se voir annoncer leur expulsion pour dimanche (26 personnes dont 15 enfants).
Nous demandons que le maire ouvre en urgence dès ce soir un lieu d’hébergement et qu’il engage des discussions pour trouver une solution d’hébergement et d’accueil décente pour ces familles.
Signez la pétition.
Pour protester auprès du maire de Saint-Étienne et demander un hébergement et une solution décente : 04 77 48 77 48 – demander le cabinet du maire.
Le réseau de solidarité avec les Roms de Saint-Étienne".
fin du tract.
Suite à ces évènements, une polémique refait surface depuis quelques temps. Certaines personnes semblent encore s’étonner que de telles expulsions puissent avoir lieu à Saint-Étienne alors que la Mairie est à gauche.
Le parti socialiste expulse les étrangers, doit-on s’en étonner ? Ce parti de gauche a toujours su, parfois même mieux que la droite elle-même, adopter des comportements droitards et réactionnaires.
Un parti politique ne cherche pas le pouvoir pour remettre en cause l’ordre établi, ni même aller à l’encontre d’une décision de justice qui autorise la chasse aux « étrangers ». Un parti politique doit savoir s’adapter à l’air du temps. Il y a des libéraux de droite et des libéraux de gauche, l’UMP expulse, le PS expulse. Il est d’ailleurs assez « drôle » que le parti Socialiste n’ait pas élaboré sa propre rhétorique pour légitimer de telles expulsions et qu’il se contente, en général, de reprendre les arguments de Nicolas Sarkozy : « on ne peut pas régulariser toute la misère du monde », « il y avait des problèmes d’insalubrité dans les locaux que les Rroms occupaient », et autres arguments de mauvaise foi.
Par ailleurs, Monsieur Vincent Maurice, nouveau Maire de Saint-Étienne, maîtrise apparemment (voir sa récente lettre de mise au point) un des outils très efficaces pour se dédouaner de ses agissements : la technique du parapluie. Localement donc, entre la Mairie et la Préfecture, chacun se renvoie la balle des responsabilités. A écouter les uns et les autres, personne n’est réellement responsable de ce qui arrive aux Roms. Les enjeux seraient ailleurs, au niveau de la commission européenne comme nous le dit le nouveau maire de Saint-Étienne.
L’actuelle ébullition de solidarité envers les gens du voyage sur Saint-Étienne, est un moyen de rappeler à ce dernier, que les choses se jouent bel et bien dans son bureau et qu’il ne pourra pas fuir ses responsabilités d’un revers de manche.
Affaire à suivre.
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