On prend le chaud devant la mairie...
On s’est retrouvé à midi sur la place de l’Hôtel de Ville pour un rassemblement appelé par les syndicats pro, où on a pu entendre des prises de paroles diverses. Notamment un inspecteur du travail qui a bien expliqué la gravité de la remise en question des protections des salarié-e-s, contenue dans la Loi Travail. Ou encore, quelque chose de marrant à ce moment, mais nécessaire, on a vu une petite mise à jour au micro d’un type de l’Unef venu expliquer que la presse avait déformé son propos au sujet de l’action « peinture-mur » ayant clôturé la manif’ du 31 mars... Et s’excuser devant tous d’avoir été mal repris et interprété. Allez les gens, on s’aime tous puisqu’on lutte ensemble, on va pas commencer à se tirer dans les pattes à propos des modes d’actions des uns et des autres hein... Le malentendu était dissipé.
Petit aparté, pour reparler de ce joyeux moment collectif de maçonnerie et peinture en bâtiment du 31 mars, on manque de photos / vidéos du résultat (à part ça), c’était quand même un beau geste d’action contre la Préf’, ce symbole tout moche de l’Etat en plein milieu de la ville. À bon entendeur... Evidemment il faut penser à flouter toute image qui montre des personnes dans l’action en elle-même (on en reparle ci-après).
Pour revenir à nos moutons de ce jeudi 14 avril, il avait été décidé de continuer l’aprem au même endroit pour une nouvelle « Nuit Debout ». On a donc mis en place un stand bouffe, un petit infokiosque, des affiches validées ensemble le 12/04 avaient été imprimées, et des gen-tes avaient réalisé la veille un super mur d’expression avec des cartons assemblés. On espère que les services de la Ville ne l’éjecteront pas trop vite ! Une petite vidéo a été faite qui montre bien l’ambiance de ce début d’après-midi : voir ici.
On a ensuite commencé à discuter en assemblée sur la poursuite de nos réflexions et des propositions d’actions. Notamment quelqu’un-e a proposé, après avoir expliqué à tou-te-s qu’un parti « citoyen » issu de Nuit Debout, à la Podemos, produirait chez nous le même résultat politique qu’en Espagne, c’est-à-dire par grand-chose pour l’instant (arriveront-ils jamais à quelque chose en restant dans le cadre sclérosé de ce système-là ?)… A proposé qu’on pourrait tou-te-s adhérer en masse au PS pour le changer de l’intérieur et proposer un vrai candidat de gauche pour les futures élections… Heu, y’a pas incohérence là ? Il m’a semblé à titre personnel que la personne ne prenait pas tout à fait la mesure de l’envie profonde de démocratie directe et de gestion de la chose politique par nous-mêmes, qui s’exprime chez une bonne part des personnes venant à « Nuit Debout », plutôt que de se confier à nouveau aux mains des partis nous « représentant ».
...Mais ça chauffe pour un copain de lutte !
Et surtout ces débuts de discussions fort intéressantes ont été l’occasion de tergiverser en groupe (là on est aux alentours de 15h), sur que faisait-on ou pas à propos de la nouvelle qui venait de nous être donnée… Un copain avait été le matin même perquisitionné puis arrêté par les flics, apparemment pour une histoire de peinture en lien avec l’action du 31 mars. Ça me permet de revenir un instant sur cette histoire de floutage, car ça doit nous redire l’importance de ne pas communiquer n’importe comment n’importe quelle image de nos mobilisations , même si je crois qu’il est important d’avoir des images pour donner à voir notre propre réalité de terrain sur nos auto-médias.
Bref, après quelques prises de bec en groupe sur l’envie ou non d’aller soutenir le copain devant le commissariat, 99 cours Fauriel (on peut se dire qu’on croit rêver : une personne arrêtée pour un prétexte politique dans le cadre d’une mobilisation, et on se demande si on a envie d’aller le soutenir ou pas ??), évidemment la solution retenue a été que chacun présent à cette « Nuit Debout » irait ou pas de son plein gré, ce qui est du bon sens, mais ne semblait pas a priori nécessiter un débat d’une heure. De fait, l’énorme majorité du groupe de personnes présentes place de l’Hôtel de Ville se met donc en marche pour rejoindre ce rassemblement spontané de soutien devant le commissariat.
On y arrive vers 16h et on retrouve sur place des camarades déjà présents, le mot a un peu circulé et continue à être relayé. Quelques slogans sont lancés pour essayer de se faire entendre du copain qui est actuellement auditionné. Des personnes s’assoient au sol sur la chaussée de la contre-allée devant le comico, avant de finalement décider de ne faire plutôt qu’un barrage filtrant d’info aux automobilistes, sur les conseils d’autres camarades présents, et sur la menace de l’officier flic venu dire qu’il n’avait pas envie « d’en mettre d’autres en cage et que ça se passe mal ». Leçon : comment fait-on alors dans ces cas pour pouvoir exercer un légitime moyen d’action, surtout dans ce cas non-violent et passif, si on veut essayer de mettre la pression pour obtenir ce qu’on veut ? Certain-e-s me répondront qu’il « faut de la préparation, une stratégie collective », ce que j’entends bien. Mais à réfléchir pour de futures actions en tout cas… On pourra peut-être parler consensus d’action, construction du rapport de force.
Concernant le copain arrêté, on nous apprend ensuite qu’il sera gardé à vue toute la nuit pour être entendu par le procureur seulement le lendemain matin. Du coup on se disperse peu après, le mot est donné qu’il faudra être au tribunal le lendemain pour soutenir le camarade lors de l’audition avec le procureur. Un enseignement de ça est qu’il nous faut sûrement réfléchir sur Sainté, à une « legale team », à un tract qui explique en manif / en action les mesures de prudence face à la répression policière… Et dans l’immédiat relayer et suivre les nouvelles du copain en question, les suites éventuelles pour organiser un soutien plus… soutenu.
Après toutes ces émotions, pfiou on se pose pour réfléchir
Le soir venu, nous étions un petit nombre à nous retrouver au Remue-méninges pour visionner le docu « le Dernier Continent », film de Sylvain Lapize à propos de l’expérience de vie des occupant-e-s de la ZAD de Notre Dame des Landes, qui était projeté à l’initiative du Collectif TrucMachin. L’occasion pour la 3e fois de la semaine de causer des luttes en cours et des idées qui traînent dans l’air, et semblent pousser pas mal de gen-tes à la réflexion en ce moment, sur l’autonomie vis-à-vis du système, la construction d’un autre modèle et la lutte concrète ici et maintenant contre ce qui nous opprime. Une discussion qui a été nourrie et super riche, et qui tombait donc à point nommé ! Pendant ce temps, certains continuaient aussi l’occupation de la place.
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