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Publié le 21 septembre 2005 | Maj le 13 décembre 2020

Mapuches : lutte indigène au Chili et en Argentine


Certains peuples n’en finissent pas de souffrir. Les Mapuches sont de ceux-là  : depuis les Incas jusqu’aux États modernes, ils ont subi guerres et génocide. Et ils se battent encore !

Mapuche signifie gens (che) de la terre (mapu). Les Mapuches vivent dans les territoires actuels de la Patagonie argentine et chilienne. Ils sont plus de 300 000 en Argentine, particulièrement présents dans les provinces de Buenos Aires, La Pampa, Neuquén, Rio Negro et Chubut. C’est dans la province de Neuquén qu’ils sont les plus nombreux. Au Chili, ils sont plus d’un million, parmi eux 300000 vivent encore dans les campagnes. Ils sont nombreux à vivre dans les périphéries des grandes villes, dans une situation d’extrême pauvreté, voire victimes de l’alcoolisme. Chasseurs-cueilleurs, ils pratiquaient le nomadisme. C’est la raison pour laquelle il ne reste rien de leurs maisons.

Bien avant la « conquête », ils eurent à se défendre de l’invasion des Incas ; ils disent avec orgueil qu’ils furent le seul peuple capable d’empêcher l’expansion de leur empire. Avec l’arrivée des Espagnols, la résistance fut très dure. Celui qui passe pour être le conquérant du Chili, Pedro de Valdivia, fut tué par Lautaro, un jeune Mapuche. Santiago del Chile fut détruite deux fois par les Mapuches. Leurs actions de guerre typiques passaient pour les Argentins et les Chiliens pour des vols sauvages, alors que pour eux il s’agissait d’actions de revendication de leur droit territorial. Ils prétendent qu’une de leurs dernières actions (« malones ») se fit autour de 1920. De fait, les Espagnols n’arrivèrent pas à les mettre en déroute, et durent signer un pacte, en 1641, selon lequel tout le territoire au sud de la rivière Biobio (Chili) était aux Mapuches. Et cette situation perdura jusqu’à la fin du XIXe siècle.

À peu près à la même période (1870-1880) deux expéditions génocidaires fûrent menés par les armées argentines (« Conquête du désert ») et chilienne (« Pacification de l’Araucanie »). Les Mapuches fûrent alors privés de leur terre et 800 000 d’entre eux fûrent tués. Par la suite, les propriétaires terriens se répartirent ces terres. Le siècle dernier fut caractérisé par de nombreuses dictature. Il n’y eut qu’une période brève d’espoir au cours de la présidence de Salvador Allende, avec le projet de répartition des terres. Mais tout échoua avec Pinochet. Ce dernier s’opposa au concept de propriété communautaire des terres, créant de forts conflits qui existent aujourd’hui au sein des Mapuches.

Les organisations

Bon nombre des Mapuches qui vivent dans la périphérie de Buenos Aires sont manipulés par la classe politique au pouvoir. La plus grande organisation Mapuche, dénommée Coordinadora Mapuche Neuquina, représente plus de quarante communautés. Son discours est un peu ambigu. Elle prône la négociation et mène simultanément des actions directes. Des jeunes de Neuquen ont constitué un groupe de soutien au peuple Mapuche, appellé Werken Kvrvf (messager du vent). La Coordination fait en sorte de les contrôler étroitement.

Il y a d’autres organisations mapuches en Argentine. Elles sont divisées et ne mènent pas une lutte unique. Par exemple, l’organisation Mapuche-Tehuelche du 11 octobre à Esquel. De même, la communauté Pillan Mahuiza se situe à Corcovado (à 80km d’Esquel et à 25 km de la frontière avec le Chili). La zone situé au alentour d’Esquel (province de Chubut) est une des plus intéressantes pour les propriétés des Benetton. Les organisations au Chili (Gulu Mapu, terre de l’ouest) sont nombreuses. On peut dire que la plus importante est le Conseil de toutes les terres de Temuco (capitale de la ix ème région) et dont le chef est Aucan Huilcaman, leader de diverses luttes. On peut citer aussi les communautés en conflit de Collipulli.

Une seule organisation refuse tout dialogue avec les institutions et affronte durement l’État chilien. Il s’agit de

En réaction à une rpression beaucoup plus forte au Chili, la Coordination des communautés en conflit de Arauco-Malleco refuse tout dialogue avec les institutions. Les prisonniers sont nombreux. Dans les régions où la présence de Mapuches est plsu forte (VIII ème et IX ème région) sont en quasi état de siège. Les mass-média dénonce - à tort - des relations entre Mapuches et ex-guérilleros. Les actions directes contre les entreprises forestières sont criminalisées et de nombreux politiques parlent de « cagoulés aux yeux bleus », pour dénoncer la présence d’étrangers.

Vers la radicalisation ?

Il s’agit d’une lutte qui d’un certain côté répond à nos critères : libertaire, anti-autoritaire (on peut discuter sur les autorités traditionnelles, mais il semble que le concept d’autorité est distinct de celui qui existe dans nos sociétés occidentales), écologiste et communautaire. Toutefois, le risque de dérive nationaliste, et ethniciste subsiste, du moins dans les discours des politiciens mapuches...

Les racines

La structure sociale typique du peuple Mapuche est le « lof » (communauté). Chaque « lof » a son « lonko » (maladroitement traduit par « personnage influent ») qui est l’autorité reconnue par toute la communauté. Le lonko peut aussi bien être une femme qu’un homme, et peut être destitué par la communauté si elle se rend compte qu’il ne représente pas les intérêts de toutes les personnes ; en même temps, il est possible de se transmettre cette fonction de père en fils. Certains disent qu’avant l’arrivée des Espagnols, il n’y avait jamais eu de lonko. Avec le lonko, il y a les « werken » (messagers) qui représentent la communauté et qui se réunissent avec d’autres werken d’autres communautés. Ensuite vient la « machi », autorité spirituelle, qui a la capacité de pratiquer la médecine naturelle.

Les anciens bénéficient d’une grande considération, à tel point qu’il y a des conseils des anciens. Il faut dire qu’il ne reste plus grand-chose de tout cela dans les communautés. Par exemple, il n’y a plus de machi en Argentine ; et il y en a peu au Chili. Les lonkos sont parfois ceux qui touchent des subsides des agences de l’État (INAI en Argentine, CONADI au Chili).

Comme toujours, les multinationales..

Les principales multinationales, côté argentin (Puel Mapu, terre de l’est en mapuche) sont : les compagnies pétrolières (Chevron), les exploitation de mines, les grandes propriétés (notamment Benetton qui possèdent près de 1000000 d’hectares en Patagonie). De plus, bon nombre de petits commerçants qui sont en train d’exploiter le territoire avec l’éco-etno-tourisme. Côté chilien, les problèmes les plus forts sont liés aux entreprises forestières, qui sont en train de détruire l’araucaria [1] pour la remplacer par des pins alpins et des eucalyptus.

Les Mapuches, comme d’autres peuples originaires de la région, rejettent le concept de propriété individuelle, et luttent pour obtenir la propriété communautaire. Les Mapuches ne peuvent pas invoqués le traité 169 de l’OIT auquel le Chili n’adhère pas..

traduit du québecois
source :
Fédération des Communistes Libertaires du Nord-Est
Northeastern Federation of Anarchist Communists
http://www.nefac.net/node/950

Notes

[1L’araucaria a une valeur sacré pour les Mapuches


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