La première saison des gilets jaunes s’achève. Nous entrons dans la seconde avec appréhension : le mouvement tiendra-t-il ? Le pouvoir macronien, de son côté, a montré sa capacité d’adaptation et de résistance. Pour l’instant, lui aussi, bien qu’amoché, tient. Mais cette confrontation avec le petit César est aussi une forme d’illusion. Nous n’y remporterons aucune victoire définitive, ce n’est qu’un méchant de fin de niveau, comme dans un jeu-vidéo.
Sous la surface de ce gouvernement, des forces bien plus grandes que le mauvais duo comique Macron-Benalla sont à l’œuvre. La puissance des possédants, les capitalistes, nous n’avons fait que l’effleurer. C’est déjà énorme. Le capital est un système immense et fragile. L’effleurer suffit presque à l’enrhumer tant il craint les courants d’air.
Et la bourrasque approche : nous ne sommes pas des experts en économie, mais tout indique qu’une nouvelle crise économique couve. Gardons nous de faire des prévisions précises. Mais disons que la fébrilité qui règne aujourd’hui chez les boursicoteurs pue l’accès de fièvre. Le système claque des dents. Les États bandent des muscles bien faiblards, se préparent au choc comme ils en ont l’habitude depuis dix ans, en essayant de grappiller encore un peu de nos retraites, notre chômage, nos salaires. Ils font du teasing pour leur prochain film et leur saga commence franchement à nous lasser parce qu’on perd toujours à la fin.
Macron ne veut rien lâcher pour une raison simple : il a dans son dos le mur des riches. Un mur de film d’horreur, bourré de dents, de mâchoires acérées qui claquent … Car un peu partout sur ce globe, c’est leur place que les bourges défendent. S’en prendre à leur profit, c’est accélérer encore l’arrivée de la crise économique, dans laquelle toutes les ruines sont possibles y compris celles des plus gros. Mais le capitalisme, c’est une bête qu’on ne peut pas se contenter de blesser. Si on ne l’achève pas, elle viendra nous le faire comprendre. Pensons à la crise mondiale de 2008 et la cure d’austérité qui l’a suivie … Ironiquement, c’est grâce à elle qu’on est ensemble dans la rue aujourd’hui ! Pour y mettre fin.
Allons jusqu’au bout de nos ambitions, elles sont belles, elles sont à la hauteur des efforts que nous déployons. Nous voulons en finir avec ce qui nous exploite et nous opprime. Nous voulons rire le cœur léger. Ne plus nous gâcher l’existence dans le chagrin d’un boulot sans horizon. Ne plus enchaîner ces petits matins gris, seuls devant BFM, avant de partir à l’usine ou au bureau ou rester entre des murs trop proches – car où peut aller un chômeur désargenté, un retraité isolé ? Nous voulons VIVRE.
Notre mouvement est condamné à sortir de l’enfance. A s’endurcir, tenir sur la durée. Ce n’est pas nous qui le décidons, c’est l’ogre en face qui attend un faux pas pour nous bouffer tout crus. Ce numéro de JAUNE, à la différence du premier, aura donc un ton un peu plus sombre. Nous y parlons de prison, de répression, de nos difficultés aussi, et du deuil nécessaire de nos illusions. Le combat continue comme nous le rappellent les lettres de nos camarades emprisonnés aux quatre coins de la France. Libérons-les, libérons-nous. Nous sommes déterminés. Les Gilets Jaunes triompheront.
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