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Publié le 16 septembre 2020 | Maj le 22 octobre 2020

Les parloirs ? Toujours confinés !


Le 17 mars 2020, pour cause d’épidémie, la ministre des prisons suspendait les parloirs dans les prisons de France… initialement pour quinze jours. Six mois plus tard, malgré les mobilisations dedans comme dehors, les prisonniers, prisonnières et leurs proches sont loin d’avoir retrouvé les conditions d’avant. Sous prétexte de sécurité sanitaire, ils et elles subissent des mesures punitives, arbitraires et infantilisantes. Petit tour d’horizon non exhaustif de prises de parole et de mobilisations.

Article publié par L’Envolée.

Après deux mois de suspension totale, les parloirs ont rouvert après le « déconfinement » général du 11 mai. Mais à quelles conditions ! Sous prétexte de limiter l’entrée du virus en prison, les enfermé.e.s et leurs visiteurs n’ont, en septembre 2020, toujours pas le droit au contact physique. Et la surveillance est souvent pointilleuse et intrusive. Toucher ses enfants, parents, amoureux, etc., c’est prendre le risque de partir en quatorzaine (= isolement total) et de se faire suspendre son permis de visite !

Double punition : les prisonniers et leurs visiteurs sont très souvent séparés par des plexiglas afin d’éviter tout contact. De nombreux témoignages racontent à quel point ces vitres, infâmes, empêchent aussi de s’entendre, de se comprendre, obligent à crier, créant un climat de stress lors de ce moment si précieux. Suite aux nombreuses protestations, parfois même devant la justice, les vitres ont progressivement été remplacées, rapetissées, aménagées… mais elles existent toujours ! Et l’interdiction des contacts aussi !

En plus, le port du masque, strictement interdit en détention, est pourtant souvent obligatoire au parloir, même avec une vitre de séparation. On suffoque, on se comprend encore moins, on se voit mal. Mais baisser le masque peut être prétexte à une suspension de permis de visite, au bon vouloir des matons… comme d’hab’ !

Dans un texte (du 22 juin, mais toujours d’actu !), des proches dénoncent : « Un enfant doit retourner à l’école, mais n’a pas pu embrasser son parent depuis 3 mois… il doit se contenter de le regarder derrière une vitre, comme au zoo. (…) C’est leur habitude de nous traiter comme des moins que rien, et on sait bien que ce qui les préoccupe, ce n’est pas la santé des détenus. »

Dans certaines prisons, les prisonniers doivent même signer une charte d’engagement pour aller au parloir : promettre qu’ils vont « respecter les gestes barrières » et surtout ne pas toucher leurs proches, sous peine de sanctions graves, pour éviter les contaminations, car « la situation est l’affaire de tous ». Sans blague ? Oblige-t-on les parents d’élèves, les profs, les policiers, les surveillants, les clients de supermarché, etc., à signer ce genre de document ?

Charte que les prisonniers et prisonnières de Fresnes doivent signer avant les parloirs

Cerise sur le gâteau : les bornes pour prendre les rendez-vous parloirs sont mises hors service. Elles transmettraient le virus ?! (Pourtant, docteur, on dirait que celles du MacDo et du Géant Casino ne le transmettent pas ?) Donc, la seule solution est de téléphoner pour réserver des parloirs : dans de nombreuses prisons, le service est saturé, chaque prise de rendez-vous devient un exploit qui peut vous prendre des heures.

Pour toutes ces raisons, beaucoup ont renoncé au parloir, ne peuvent plus maintenir leurs seuls liens affectifs, ce qui les maintient souvent debout en prison.

De nombreux récits rappellent que ces mesures ne sont réservées qu’aux prisonniers et leurs proches : les surveillants entrent et sortent de prison et touchent leurs proches. Puis ils palpent et fouillent les prisonniers, sans appliquer toujours les fameux gestes barrières : beaucoup rapportent que des surveillants ne portent pas de masques ni de gants, etc. « Imaginez-vous si depuis quatre mois on vous disait que vous n’avez pas le droit de toucher les gens que vous aimez. Mais par contre les autres qui bossent avec vous ils peuvent vous toucher, eux ils ont le droit. » (en juillet sur France Bleu)

Dans le gymnase de la prison de la Santé, les surveillants se sont même offert un petit gala de boxe avec leurs compagnons policiers le 1er septembre. Alors que pour une caresse au parloir, tu prends 14 jours d’isolement et un droit de visite suspendu. Ouais, y a de quoi suffoquer.

Bien sûr, ces mesures sont hypocrites : les prisonniers n’ont toujours pas le droit de porter de masques en détention. L’hygiène minimale y est souvent inaccessible. L’unique traitement en cas de symptômes, de risques, ou de doutes, c’est la mise en quatorzaine, c’est-à-dire la mise à l’isolement dans des conditions souvent très dures (voir la lettre de Carla).

Là où des cas de covid sont repérés, c’est parfois toute une prison qui est confinée en cellule, comme début août à la prison de Nancy : 120 prisonniers à l’isolement.

En plus, « les détenus qui ont une permission doivent être isolés à leur retour pendant 14 jours, ce qui peut décourager certains. Pourquoi le contact avec le monde extérieur requiert un isolement de 14 jours pour un détenu, alors que le personnel de la maison d’arrêt va et vient tous les jours ? » (interview d’un prisonnier sorti de la maison d’arrêt La Talaudière) Donc, pour éviter cette quatorzaine, des prisonnier.e.s renoncent aux permissions de sortie. Mais le juge n’accordera pas d’aménagement de peine à celui ou celle qui n’aura jamais eu de permission de sortie. Donc toute perspective de respirer est repoussée…

A l’extérieur, divers messages et pétitions ont circulé sur les réseaux sociaux. Par exemple :

  • « APPEL À TOUS LES DÉTENU(E)S ET LEURS PROCHES. Il est inadmissible que les parloirs, les salons et les unités de vie familiale ne soient pas redevenus à la normale. (…) Si nous nous battons tous ensemble nos dirigeants n’auront d’autres choix que de nous entendre. » (le 15 juillet sur la page Au delà des murs des prisons)
  • Dans les prisons pour étrangers (Centres de rétention administrative), c’est la même merde. Les frontières sont fermées, il n’y a presque pas d’expulsions, mais l’état continue d’enfermer les personnes sans papier. La moindre suspicion de covid est prétexte à la fermeture des bâtiments, et surtout des parloirs, alors même que c’est le seul espace où on peut obtenir des cigarettes et de la nourriture mangeable. Alors les prisonniers des CRA aussi se mobilisent : à Marseille, Lyon, Toulouse, Nîmes…
  • Dedans comme dehors, espérons que l’organisation collective des protestations permettra de déconfiner un peu.
  • N’hésitez pas en tous cas à nous faire partager récits, protestations, initiatives et à échanger avec nous.

Proposé par kounéli
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