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ESPAGNE  
Publié le 4 octobre 2005 | Maj le 13 décembre 2020

Les lois sur l’immigration assassinent à Ceuta et Melilla


Voilà quelques traductions d’informations à propos de ce qui s’est passé récemment à la frontière hispano-marocaine : tandis qu’un sommet Hispano-marocain se déroulait, alors que la répression se durcit contre les migrant-e-s « irrégulier-e-s », de nombreuses personnes ont tenté de passer la frontière, certaines sont mortes et d’autres ont été blessées. Face à la répression, la solidarité et la résistance s’organisent.

Dans la matinée du 29 septembre, six immigrants subsahariens sont morts (le gouvernements n’ayant reconnu que quatre décès), sur la palissade frontière qui sépare Ceuta du Maroc. Ces morts sont la conséquence de la répression que l’on ne pouvait qu’attendre de la part des forces de sécurité marocaines et espagnoles, face aux tentatives répétées de centaines et de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants pour traverser la frontière européenne, avec pour tout bagage leur volonté de fuir la misère, la faim, et les guerres qui ravagent leur pays d’origine.

A ces personnes tuées, il faut aussi ajouter les quatre immigrants subsahariens qui sont morts récemment à Melilla. Ils/elles ne sont rien de plus que la partie immergée de l’iceberg, la violation des droits de l’homme. La police marocaine poursuit « le subsaharien » dans une authentique chasse à l’homme. Le « subsaharien » joue sa vie, prenant d’assaut une palissade d’épine plus haute et plus moderne de ce que fut le mur de Berlin, pour qu’au final la garde civile espagnole frappe et « réduise » les immigrants, les expulse illégalement, et nie dans les faits leurs droits d’asile ou de défense.
Les personnes qui prennent d’assaut les palissades ne le font pas pour le plaisir et encore moins parce que la soit disant mafia les a bien eues. Elles le font car poussées par le désir de survie, le plus humain et le plus élémentaire. Ce sont des réfugiéEs et exiléEs de l’inégalité, de la faim, des guerres et de la persécution policière dans leurs pays respectifs. Personne ne reconnaît leurs droits.

A côté de cela, les gouvernements du Maroc et de l’Espagne sont responsables de manière égale des cadavres trouvés en territoire marocain ou à Ceuta et à Melilla, puisqu’ accords économiques, politiques et policiers pour la répression de l’immigration il y a. Le gouvernement du Maroc est à vue d’œil une dictature couronnée qui refuse à son peuple les droits démocratiques. Mais le gouvernement espagnol qui se réclame démocratique, nie ces mêmes droits à un pourcentage élevée de la population, soit les personnes immigrées avec ou sans papiers, discriminées par la loi actuelle sur l’immigration. Pas de doute, les morts de Ceuta et Melilla sont un fait de plus, sanguinaire et dramatique, dans la vie des immigrants/tes, dans les mal dénommés pays d’accueil : esclaviséEs par le travail, privéEs de droits sociaux et politiques, impossibilité d’acquérir un endroit digne pour vivre et finalement être assassinéEs impunément, sans mériter ne serait-ce qu’une investigation publique des faits.

Le gouvernement espagnol affirme que l’armée agira conjointement avec la garde civile sur les frontières de Ceuta et Melilla. Leur présence ne réduira sûrement pas le nombre de morts, et encore moins les souffrances sur cette frontière. L’accroissement en millions d’euros, des moyens financiers alloués à la détention dans le détroit n’ont fait qu’augmenter la souffrance, la hauteur (encore plus grande) de la palissade et les forces répressives : de part et d’autre de celle-ci, les résultats seront les mêmes. Ces polities de contention de flux migratoires se montrent tragiquement inefficaces.

En ce sens une politique réaliste, qui établit les droits et les nécessités des personnes en premier lieu et non les intérêts économiques ou de main d’oeuvre de l’état espagnol devrait s’imposer.
Si aucune palissade ne sera capable de freiner la faim, elles doivent être abattues ne pouvant continuer d’avaler l’argent publique pour sa construction.
Si les expulsions des immigrantEs sont inacceptables/ inapplicables, elles doivent être supprimées et donner à ces personnes une résidence qui leur permette d’accéder à un travail pour gagner dignement leur vie.
Si la politique de régularisation extraordinaire est subordonnée aux intérêts capitalistes, c’est insuffisant et scandaleux . Elle doit alors opter pour un processus de régularisation permanente sans la preuve d’un contrat de travail préalable.
En définitif, si la Loi sur l’Immigration et la législation l’accompagnant (règlement) se montrent injustes et génératrices de souffrance, elles doivent être abolies.

Face au sommet Hispano-marocain : Alliance pour la Mort de la Frontière

Version des faits par les migrantEs et leurs réseaux de soutien

Il est 3h50 du matin, le 29 septembre, quelques heures avant que commence le sommet hispano-marocain. Le téléphone sonne. Les copains de Côte d’ Ivoire, du Congo et du Cameroun qui attendent l’opportunité de traverser la frontière, nous appellent pour nous demander de l’aide. Cela fait à peine 50 minutes que 200 immigrantEs tentent de passer la frontière avec des échelles. Beaucoup d’entre eux/ elles y sont arrivéEs. Entre les bruits et les nerfs tendus, ils/elles nous assurent qu’il y a une quarantaine de blessés à des degrés divers et deux personnes mortes à la frontière. La communication est coupée. Nous commençons à appeler tout le monde à Ceuta, à tous ceux qui peuvent faire en sorte que les blesséEs soient reçus immédiatement et qui peuvent témoigner de tout ce qui c’est passé. Nous n’arrêtons pas d’appeler. Les petits groupes qui se préoccupent de l’accomplissement des droits humains et de la tragédie inhérente à cette frontière, commencent à s’organiser. A 4h30 nous contactons quelques journalistes appartenant à différents médias et engagéEs sur le problème, ils/elles nous assurent qu’ils commenceront à en parler dès le lendemain matin. Nous descendons dans la rue ...

C’est la première fois qu’une tragédie d’une telle ampleur à lieu à Ceuta. Peut-être que cette tactique de court-circuit est due aux derniers évènements de Melilla. De retour à la maison, les immigrantEs nous appellent sans arrêt, suppliant que l’on face quelque chose pour eux/elles, que quelqu’un les aident, les reçoivent et les protègent : ils sont entourés par la garde civile . Ils ont peur... et ça continue.

Plus tard, la désobéissance civile s’est étendue à Ceuta contre la frontière. 4 morts et des dizaines de blessés/ 2 nouveaux morts à Melilla.
Face au sommet hispano-marocain (27, 28, 29 septembre), une coordination d’organisations sociales andalouses réunies en importance au sujet de l’Espagne et du Maroc : Alliance pour la Mort à la Frontière. La coordination propose d’attirer l’attention du sommet, des mouvements sociaux et du public, sur des questions centrales dans les relations hispano-marocaines, comme la situation dans le Sahara occidentale, la violation de droits humains, sociaux et politiques, les migrations, la militarisation de la frontière et la politique économique.
Participent à la convocation : APDHA, Indymedia Estrecho, Andalucia Acoge, Elin (Ceuta), Red Dos Orillas, Izquierda Unida, PCA, JCA, Plataforma pro Palestina, CGT-A, Atrapasueños, Mujeres de Negro, Asoc. Amigos Pueblo Saharaui, Casa de la Paz, Foro Social de Sevilla.

Le président du gouvernement, José Luis Rodriuez Zapatero, a ordonné au ministre de la défense qu’à partir de ce jour, l’armée appuie la garde civile aux douanes des frontières avec le Maroc à Ceuta et Melilla. L’ordre a été lancé quelques heures après qu’il y ait eu 4 morts et plusieurs dizaines de blesséEs ce matin dans un assaut massif de 500 manifestantEs sur la palissade qui sépare Ceuta du Maroc. Cette nouvelle révolte à la frontière avec le Maroc a eu lieu le même jour que le sommet hispano marocain de Cordoba et de Séville.
Le ministre de la défense, José Bono, interpellé sur les marches du Congrès sur la situation à la frontière avec le Maroc , a expliqué que Zapatero lui avait donné « l’ordre qu’à partir d’aujourd’hui la garde civile pouvait compter sur l’appui de l’armée » pour faire face aux tentatives d’assauts massives qui se sont produites dans les derniers jours à Ceuta et Melilla, ajoutant que « cela sera fait »

Selon Géronimo Nieto, délégué du gouvernement à Ceuta, deux immigrants qui sont restés en territoire espagnol durant les affrontements sont morts. Un hôpital de Tétouan, du côté marocains affirme avoir reçu deux autres cadavres.
De plus, Nieto affirme que quelques 50 immigrantEs ont été reçus pour des lésions graves par les services de santé espagnole, pendant que 15 autres étaient soignées du côté marocain. Selon le délégué, une des deux personnes tuées a eu une blessure dans le cou affectant une artère et le vidant ainsi de son sang ; l’autre personne a eu une blessure profonde dans le thorax qui s’est produite probablement durant l’assaut sur la palissade métallique ou un autre élément. Les morts au Maroc, selon l’hôpital de Tétouan, ont été touché par des balles en caoutchouc.
Nieto a expliqué que l’assaut a été donné par environ 400/500 manifestantEs vers 3h30 du matin, dans la zone proche du peuplement de Berrocal. Les forces de l’ordre ont utilisé le matériel anti-émeutes pour repousser les assaillantEs. Ils ont nié que ce matériel pouvait provoquer des blessures entraînant la mort des deux immigrants.

Les immigrants ont tenté de franchir la palissade de manière coordonnée, à travers différentes zones et dans la majorité des cas en utilisant des échelles rudimentaires. Nieto n’a pas pu préciser combien de personnes ont réussi à arriver jusqu’à la ville. Même s’il a pu dire que 50 personnes ont été soignées dans la ville et que 20 autres ont été dirigées vers les autorités, les estimations avanceraient le nombre de 80 personnes ayant réussi à passer la frontière.
C’est une véritable avalanche qui s’est produit dans le périmètre frontalier de Ceuta, après toutes celles que la ville autonome de Melilla a essuyé. Nieto est apparue cette semaine dans une conférence de presse pour rendre compte de la situation migratoire à Ceuta. Selon lui, elle n’est pas comparable à celle de Melilla, même s’il a avertit que l’on ne pouvait écarter que de tels évènements ne se reproduisent. Le passage terrestre qui sépare la ville du Maroc possède une extension de 8,2km et est protégé par un double barbelé similaire à celui de Melilla.
Après l’assaut, Nieto a déclaré qu’il demanderait « un renforcement » pour empêcher ce type d’évènement, en même temps qu’il annonçait une enquête pour éclairer les circonstances des deux morts. Pour sa part le président de Ceuta, Juan Jesus Vivas a demandé une modification légale permettant que « les immigrants qui violent les frontières puissent être renvoyés immédiatement au Maroc ».

P.-S.

A bas l’Europe Carcérale ! A bas toutes les frontières !
Toutes et tous uniEs à la désobéissance, faisons de l’insoumission notre forme de résistance !


Proposé par michus or die
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