Voici quelques-unes de leurs paroles (source France Bleue Loire) :
On livre des restaurants dont on ne peut même pas se payer le menu, c’est de plus en plus insupportable à vivre.
Les salaires ont baissé de 40% depuis le premier confinement. Ce qu’on faisait en 8 heures, il faut maintenant 15 heures pour avoir le même chiffre d’affaires. Tout le monde en a ras-le-bol.
Par solidarité, je vais arrêter les commandes après celle-ci, explique un non-gréviste. Je viens de commencer à faire coursier, alors je gagne bien ma vie, mais je comprends leur colère.
En un an, on a changé trois fois de contrat. On est passé de 1,60 euro le kilomètre à 90 centimes. Et si on tombe malade, on n’est pas pris en charge. On n’a pas le droit au chômage, on doit payer notre mutuelle, on ne cotise pas pour notre retraite. C’est de l’esclavage moderne.
On n’a pas les moyens de se payer des formations pour avoir l’attestation, et d’y passer 160 heures ! tacle Jérémy. « La police de Saint-Étienne contrôle plus avec les confinements, ce qui a donné lieu à des assignations au tribunal pour défaut d’ »attestation de capacité professionnelle en transport routier léger de marchandises.
On apprend également que des piquets de grève et des blocages de repas des grandes enseignes (Mac Donalds, KFC, O’Tacos, etc.) ont été mis en œuvre, notamment à Steel.
Au niveau national, les livreurs s’organisent depuis plusieurs années ; on citera le Collectif des livreurs autonomes de Paris (CLAP), Lyon, Strasbourg, Bordeaux, etc.
Des combats juridiques sont engagés et en mars dernier, la cour de cassation a confirmé un jugement de la cour d’appel de Paris reconnaissant l’existence d’un « lien de subordination » entre un chauffeur travaillant avec la plate forme Uber et cette dernière. Pour la justice, le lien entre ces deux parties doit prendre la forme d’un « contrat de travail » [1]. En 2018, la Cour de cassation avait déjà établi un lien de subordination entre la défunte société de livraison de repas Take Eat Easy et l’un de ses coursiers à vélo… Un effet boule de neige sur le long terme et une jurisprudence favorable aux livreurs.
Mais la riposte du côté des plate formes est déjà « en marche » : Édouard Philippe commande en janvier 2020 un rapport sur les travailleurs des plate formes et c’est la mission Frouin - du nom de l’ancien président de la chambre sociale de la Cour de cassation - qui en a la charge. Elle « entend sécuriser les travailleurs sans remettre en cause la flexibilité du statut d’indépendant » comme le souhaite Macron.
La solution ? Salarier les travailleurs de plate formes par le biais d’un tiers, via des coopératives d’emploi ou des sociétés de portage. Sauf que le rattachement n’est pas gratuit : les livreurs VTC (et les moniteurs d’auto-école) devront mettre la main à la poche et verser entre 7 et 10% du chiffre d’affaires, fruit de la force du coup de pédales, pour avoir une couverture sociale, de l’assurance chômage et des droits.
Pour le Clap, « le plus simple serait de salarier ces travailleurs, mais comme le gouvernement ne veut pas, faut inventer une usine à gaz. »
Avec une telle proposition, le système d’uberisation du salariat reste bel et bien victorieux.
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