Avec Jonathan Keller, chercheur à Télécom Paris qui travaille sur le futur règlement européen sur l’intelligence artificielle.
La migration est présentée uniquement comme une menace et un problème de sécurité par l’UE et la plupart des États européens. Leur recours à des dispositifs technologiques pour contrôler et réprimer les migrations est devenue dominant via des investissements massifs dans la technologie, principalement numérique.
Les autorités de l’UE et des pays membres imposent des restrictions de plus en plus fortes, faites de surveillance, de harcèlement et d’empêchement physique, qui les conduisent à prendre de plus en plus de risques, jusqu’à la mort. Bien que parfaitement informée des tentatives de traversées par différents dispositifs (satellites, drones, etc.), elles laissent mourir en mer un nombre toujours plus important de personnes migrantes.
En 2021, 3 231 ont été déclarées décédées ou portées disparues en mer en Méditerranée et dans le Nord-Ouest de l’Atlantique, contre 1 881 en 2020, 1 510 en 2019... Un nombre plus important encore pourrait avoir perdu la vie sur la route à travers le désert du Sahara et dans les zones frontalières éloignées.
En 1991, on démantelait le « mur de Berlin »... En 2020, on comptait à nouveau 63 murs frontaliers dans le monde, 60 % de la population mondiale vivant dans un pays qui en a construit au moins un. L’Union européenne en est ainsi à 1 000 kilomètres de murs ! Ces murs « intelligents » sont désormais tous équipés de dispositifs numériques (radars, équipements de vision nocturne, drones...).
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