Très rapidement, environ 150 personnes se retrouvent dans l’immeuble, du hall jusqu’aux environs du 4e étage, là ou se trouve le local de permanence de Gille Artigues (UDF - Membre de la commission des lois et professeur de mathématiques), adjoint au maire de Saint-Étienne. Les slogans habituels seront repris durant cette petite demi heure de présence symbolique : « on ne négocie pas un recul social, on le combat par la grève générale » ou encore « à ceux qui veulent précariser les jeunes, les jeunes répondent : résistance ! »,, quelques autocollants comportant des slogans anti-CPE seront collés dans le hall de l’immeuble.
Mais la journée d’action ne fait apparemment que commencer. Aussitôt sorties de l’immeuble, les personnes se dirigent sous les arcades, vers la porte d’entrée du garage de la mairie. Arrivé sur les lieux, une trentaine d’étudiants est déjà en conflit avec la police municipale qui tente de les empêcher de passer la porte, en faisant le forcing sur celle-ci, à l’aide de l’un de leurs véhicules.
Très vite, la police est débordée par plus de cent cinquante étudiants-lycéens, accompagnés de quelques syndicalistes, chômeurs et RMIstes, qui peuvent alors pénétrer dans les sous sols de la mairie. Tout le monde se retrouvera deux étages plus haut, dans la salle Aristide Briand, qui donne sur la place de l’Hôtel de ville. Le drapeau bleu blanc rouge sera retiré de la façade. Une assemblée générale sera improvisée, ainsi que des prises de paroles : « rien n’est encore gagné, le retrait du CPE n’est qu’une petite partie de nos revendications, nous devons continuer à nous mobiliser » dira un étudiant. Quand aux seuls syndicats présents sur les lieux, la CNT et Sud, leurs prises de parole seront tranchées et iront bien à l’encontre des positions des autres confédérations : « nous ne pouvons que constater une défaite aujourd’hui, puisque, n’en doutons pas, le CPE reviendra dans les mois à venir sous une autre forme et nous ne pouvons que regretter que les autres syndicats ne soient pas venus soutenir les étudiants pour cette action symbolique dans la mairie ».
Suite à cela, les étudiants demanderont à ce que le maire fasse l’effort de bien vouloir venir rencontrer sa jeunesse dans la salle, invitation non honorée que les étudiants ponctueront par le slogan : « Thiollière démission ! ». Au même moment, des officiers de la BAC, des Rg et des policiers municipaux, viendront se poster devant la porte d’entrée, alors qu’au dehors, du coté de la place J. Jaurès, environ 7 fourgons et un bus de CRS sont en attente pour une quelconque intervention.
Au bout de près d’une heure d’occupation, tout le monde décide, un peu à la va vite, de quitter les lieux par les portes vitrées de l’entrée principale. Un manifestant s’en va demander aux trois femmes du personnel d’accueil de la mairie d’ouvrir les portes, réponse sur un ton provocateur, sourires narquois à l’appui : « mais vous êtes bien ici, vous avez peur des CRS ? » (sans commentaire). Mais une fois le reste des manifestants arrivés dans le hall, le personnel d’accueil et la police ne pourront que céder en ouvrant les portes.
Le tout s’est déroulé sans incident, l’attitude des étudiants, lycéens et autres accompagnateurs solidaires a été exemplaire. D’autre actions étaient prévues dans l’après midi, ses dernières s’inscrivant dans un agenda d’actions à poursuivre durant la semaine. Pour preuve que si le CPE a été retiré, les étudiants et lycéens mobilisés, semblent déterminés à continuer leur combat face à une démocratie de plus en plus blindée.
- dans la salle aristide briand
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