Actualité et mémoire des luttes à Saint-Étienne et ailleurs
ACTUALITÉS MÉDIAS
Publié le 4 mai 2007 | Maj le 1er janvier 2019

« Colère ! » Avril-Mai 2007


« Colère ! » est un journal bi-mensuel mural d’expression libertaire. Il est régulièrement collé dans les rues de Saint-etienne. Voilà le numéro 40 (avril-mai), vous pouvez le télécharger avec le lien en bas de page ou alors le lire dans les rues de Saint-etienne.
Le texte qui suit est extrait du dernier numéro.

Le besoin de combler des manques…sans besoin.

Le manque d’informations. Sans vouloir pinailler sur se fameux manque, il me semble que l’on fait une terrible confusion avec l’envie de l’être. L’information, il y en a, cela ne manque pas, nous n’en avons jamais autant eu. Bien sur la désinformation ou la sous information en font parties. Là rentre en compte esprit critique, logique et réflexion... Bref, celui qui cherche l’information la trouve. Celui qui, demain, voudrait connaître les idées libertaires n’aurait pas la tache simplifiée par les institutions mais pourrait assez facilement découvrir des organisations, des journaux, des livres, des films, des librairies, des auteurs, compositeurs, tout un monde d’information sur « l’idéal anarchiste » avec ses mouvances, ses tendances, ses différences.
Je dis bien celui qui voudrait réellement s’informer. Si j’éprouve le besoin de connaître seconde par seconde, les phases d’un avortement par exemple, il me suffit de faire quelques démarches dérisoires pour obtenir les informations. Par contre, si le sujet ne m’intéresse pas spécialement, même si l’information m’est collée sur le nez, elle ne me servira à rien et en fin de compte, mon cerveau l’évacuera. Tout vient du désir ou de l’envie et donc du besoin.

Est-ce que ceux que l’on veut informer ressentent le besoin de l’être ? Qui nous dit que dans leurs vies, celle que l’on ne connaît que par supposition, apriorismes ou transferts, reste de la place pour une curiosité, un sujet et forcément un souci de plus ? Je ne sais pas si je suis très clair ?

Quelqu’un tente de me tuer, au moment ou je le vois, qu’est-ce qui se passe dans ma tête ? Vais-je me demander pourquoi il me fait cela ou alors comment m’en sortir ?
Personnellement je me demanderais certainement « pourquoi », mais après avoir répondu au « comment ». J’ai du mal à boucler mes fins de mois, pourtant je travaille, je fais des heures, je vie mal et à crédit.
Je cherche des solutions immédiates et pas des explications. Me dire pourquoi, comment et à cause de qui je suis dans cette situation ne m’intéressera pas de suite. Par contre comment m’en sortir, comment trouver de l’argent (en principe c’est un facteur dominant) motivera évidemment mes recherches... L’intellectuel me dira que sans explication je n’aurai pas de solutions, pourtant dans l’application, ma démarche sera instinctive et ensuite réfléchie. L’urgence de sauver sa peau, ensuite la réflexion pour que cela dure. Mon besoin d’information dépendra de mes priorités.

Est-ce que le souci premier d’un policier est de savoir si les lois qu’il est en charge de faire appliquer ne sont pas anti-démocratiques ou bien sera-t-il de calculer combien d’heures il a fait cette semaine ? Est-ce qu’il aura sa prime ? Est-ce qu’il pourra payer le crédit de la maison ? Est-ce qu’il pourra comme prévu financer les études de sa fille et dans quelles conditions ?
Ensuite la place qu’il reste, il l’occupera à compter s’il pourra changer la voiture cette année, combien de jours avant les prochaines vacances et ce qui va avec.
Je dis le policier mais j’aurai pu dire le boucher, le banquier, le chanteur, le chômeur, le rmiste (certains chômeurs et les rmistes n‘ont évidemment pas exactement les mêmes sujets d‘inquiétudes), l’assistant social, nous tous.

Nous avons plus souvent le besoin d’informer que d’informer des personnes qui en éprouvent le besoin. Je dit nous en pensant au nombres de personnes qui militent ou s’engagent dans des luttes, des résistances diverses, mais toujours pour une société plus juste et qui privilégient la brochure à la grève, la conférence au blocage, le débat à l’occupation, le concert à la manifestation. Le premier en apparence n’exclu pas forcement le second (brochure et grève, conférence et blocage, débat et occupation, concert et manifestation). Oui, seulement si le premier a pour but d’amener le second, de préparer le terrain comme on dit. Alors que dans la plus part des cas, le premier ne sert qu’a amener un autre premier (brochure-brochure, conférence- conférence, réunion-réunion) de même nature mais approfondi. Pour le second, il est déjà trop tard, les sérieusement intéressés sont déjà partis.

Pour beaucoup, faire passer l’information est un acte de résistance en soit, ce qui est faux pour un pays qui reconnaît la liberté d’expression (même relative). Pour d’autres, informer le peuple (ou les collègues) est un moyen comme un autre de se mettre en avant, de faire parti d’une forme d’élite, ceux qui ont compris. Je trouve une certaine similitude entre ces personnes qui sont persuadés d’être meilleurs que leurs collègues ou amis parce qu’ils osent publiquement la critique de leurs hiérarchie, des derniers décrets à appliquer, de la passivité voir de la soumission des autres et ces jeunes socialistes fustigeant l’électorat de droite sans se rendre compte du peu de différence qu’il ont avec eux (pas de quoi en faire plusieurs partis en tout cas).

Il y a bien entendu les sincères, les naïfs, persuadé qu’en pays démocratique, la solidarité et la justice allaient de paire. Prêts a étudier chaque éléments, chaque détails, chaque loi et décrets de loi pour l’expliquer le plus précisément. Sur que la crédibilité est la clef qui ouvre les portes de l’écoute et de la confiance. Ces derniers sont souvent baignés dans l’illusion démocratique que l’on affirme réelle quand l’on est adolescent. Pensant pouvoir faire confiance aux détenteurs de l’autorité, aux législateurs, (comme beaucoup d’autres avant eux) ils ne peuvent admettre, rien qu’une fois, que les lois sont avant tout faites pour asservir plutôt que protéger. Mais ça part d’un bon sentiment, comme dirait l’autre.

Seulement les bons sentiments ce n’est pas ce qui fait que les choses s’améliorent. Si le libéralisme est devenu incontournable et la xénophobie légitime pour une grande partie de la population de ce pays, c’est que ceux qui défendaient les idées inverses ne l’on pas fait avec la même intensité, avec autant d’envie de réussir. Il me semble que ce qui devrait générer chez chacun colère et révolte, n’attise que quelques indignations éphémères pour cause d’indignations à venir.
La désobéissance reste verbale et le besoin d’agir fugace. Pendant que tout s’installe, nous informons, pendant que tout ce passe nous « nous réunion sur réunion », quand tout est normalisé et que pire arrive, nous baissons les bras avant de recommencer.

Combien sont-ils ceux qui souhaitent réellement lutter, résister, se battre ? Combien se disent au fond d’eux même que c’est de leurs vies qu’il s’agit et non pas d’une démarche altruiste, une forme d’humanitaire à la portée de chacun et à coté de chez soi.
Je me bats pour les sans-papiers, ou pour les sans domicile fixe parce que cela me fait de la peine et que certains ne méritent pas la situation dans laquelle ils se trouvent. Ou alors je me bats parce que je reconnais en tous, ce qu’en d’autre temps, en d’autres lieux, en d’autres situations, je serai moi-même.
Aussi ce que je serai peut être appelé à devenir. Je refuse cette mentalité individualiste et supérieure qui ne voit dans la misère de l’autre, dans son échec, que le révélateur de sa propre réussite. Cela permet peu être un engagement presque désintéressé mais à l’efficacité nulle. Dans certain cas c’est même contre productif comme disent les « hommes d’affaires ».

Il y a quelques années, je surprenais un bon camarade syndicaliste révolutionnaire en pleine discution avec de jeunes esprits. Au bout d’un chapelet d’arguments incontestables, mon ami finit par lancer l’indémodable « ça vas péter ». Le sachant ardant pacifiste (c’est pas une tare) et non violent (là , ça dépend) de sa personne et disons le nettement, pas très batailleur, je lui demandai qui et comment et quand ?
Parce que s’il y avait possibilité que cela pète, je pense qu’en tant que révolutionnaire, on aurait du être au courant, ce qui n’était et n’est toujours pas le cas.
Chez les révolutionnaires aussi, quoi qu’on en dise, il y a ceux qui pense que tout pourra se faire sans que cela bouscule leurs habitudes. Ceci pour dire que la résistance, la lutte ne se fait pas d’un peu de temps offert et gaspillé en palabres abstraits.

La répression s’intensifie mais les protocoles, les « façons de faire », les us et coutumes des contestataires n’évoluent pas.
Il y a juste un an, les jeunes anti- CPE démontraient dans les faits ce que nous cessons de répéter : nous devons accepter tout ce que nous avons pas voulu ou pas su refuser et c’était dans la rue que le pouvoir d’une volonté populaire s’exprimait avec le plus de réussite.

Alors si on arrêtait de se prendre pour des « porteurs de bonnes paroles » et qu’on se retrousse les manches pour de bon. Blocage, occupation, sabotage, désobéissance civique... on est prêt !

F. AL CHOVAR
mars 2007

Télécharger le dernier numéro en cliquant ici :
http://www.sendspace.com/file/w36s9g
une fois sur la page, cliquez sur : « Download Link : colère 40 - Avril-Mai 2007.pdf ».


Proposé par mario
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