Amis GJ, je communique ici à l’écrit ce que certains d’entre nous pensent, en qualité de GJ mobilisés depuis le 17 novembre.
Sachant que le mouvement ne pourra indéfiniment se reposer ni sur « les 1% qui dirigent l’économie mondiale avec leurs grosses tentacules » ni sur un « Tous pourris ! » pourtant bien réel mais qui malheureusement ne nous apporte rien.
Sachant que l’auto-organisation a d’emblée été l’un des attributs du mouvement, nous devons nous demander pourquoi sa proclamation rituelle ne tend pas à grossir le mouvement comme nous l’aurions souhaité.
Le but de cette communication est de réhabiliter le mot « capitalisme ».
Il ressort des différents discours du mouvement deux tendances :
Les uns veulent démocratiser la république.
Les autres, humaniser le capitalisme.
Ou les deux.
La société capitaliste, qui est la forme de société dans laquelle nous vivons, quoi qu’on en dise, c’est l’exploitation des travailleurs par les dominants, financiers et autres fainéants qui vivent de l’activité productive des autres. Nous marquons « égalité » sur les banderoles. Or le capitalisme repose sur les inégalités. Et nous ne demandons pas tant l’égalité que la justice : le capital ne produit rien, c’est l’activité qui produit, quelle qu’elle soit. En l’état, cette justice tapine pour le capital.
La fonction de l’État, par le biais de la « République », est d’encadrer cette exploitation, de la permettre, de l’améliorer et de la reproduire. L’État capitaliste n’a qu’une chose à faire pour entretenir une telle domination politique : remplacer tous les cinq ans un régent de la république par un autre ; l’actuel président Macroûte, comme tous les autres, appelle ça un « pacte social ». Nous avons d’emblée ciblé le capitalisme en bloquant les centres-commerciaux ou les flux marchands. Nous avons d’emblée ciblé l’État et les préfectures qui le représentent. Nous avons d’emblée occupé l’espace public dont il se réserve l’administration. On nous a enseigné que l’État était le garant de « l’intérêt général » : il ne l’est pas. Il est dans sa nature de ne pas l’être !
Sachant que toutes les revendications portent en elles la remise en question profonde du régime actuel. Sachant que les déclarations de pouvoirs collectifs (« démocratie directe », assemblées) sont inacceptables pour l’ordre républicain. Sachant que toutes les revendications portant sur la répartition des richesses (encadrement des pratiques capitalistes, exemples : taxer les riches, hausser les salaires, services publics) sont inacceptables pour les financiers comme pour l’État, et sachant enfin que les mots « capitalisme, capitalistes, capital » ne conviennent pas à beaucoup d’entre nous parce qu’ils passent pour dépassés et ringards, nous insistons tout de même pour les remettre au coeur de nos questionnements.
À ce jour, le capitalisme est bien le dispositif essentiel du système dans lequel nous vivons, et l’avènement du capitalisme vert n’en est que le dernier rejeton. Le pouvoir n’emploie jamais le mot « capitalisme » ; Macroûte n’a à ce jour jamais prononcé publiquement l’item « gilets-jaunes »… Pourquoi ? Sans doute parce que la peur n’offre pas de prononcer sans souffrance le nom de ses ennemis ; ni Harry Potter ni Hermione Granger n’articulent sans souffrance le nom de Voldemort.
C’est bien la pratique capitaliste qui détruit les sols en les surexploitant pour produire plus et gagner plus. C’est bien la pratique capitaliste qui fait qu’en lieu et place du travail salarié de l’homme adulte pour nourrir un foyer en 1860 nous retrouvons aujourd’hui l’exploitation du couple entier homme-femme pour parvenir au même résultat (là où il y a cent ans un travailleur nourrissait un foyer il en faut aujourd’hui deux). C’est bien la pratique capitaliste qui a permis aux banquiers de dématérialiser la monnaie jusqu’à en faire une abstraction dont eux seuls ont la jouissance. Ainsi les cibles sont bien les capitalistes qui nous asservissent, et l’État qui en cautionne et encadre les pratiques.
En bref, amis GJ, le capitalisme ne s’humanise pas : il s’accomplit et s’épanouit toujours dans l’asservissement du plus grand nombre. Or, la plupart d’entre nous ayant le désir de vivre librement afin de s’épanouir en bonne compagnie, nous le disons clairement : nul ne prospère en régime capitaliste, pas même les dominants. Le capitalisme entrave nos chemins comme la police barre nos routes.
En bref encore, amis GJ, toute entreprise visant à réintroduire du citoyen dans la faune politique française est voué à un échec certain. Cette « récupération » que tous nous redoutons est bien une menace. Et les exemples abondent, dans l’histoire de ces quarante dernières années, de ces « résistances » qui ont accepté tous les renoncements pour bénéficier des quelques miettes que leur laissaient les exploiteurs - on avait dit toute la boulangerie non ?
Beaucoup d’entre nous s’interrogent sur la suite à donner à notre mouvement. Si nous avions quelque chose clé en main d’audacieux et de nouveau pour que l’épreuve débouche sur une victoire, nous nous empresserions d’en révéler la teneur. Ce genre de chose n’arrive pas, pas même dans les livres. Le neuf n’est pas une question. S’il y avait un autre nom, nous l’utiliserions, s’il existait un média supérieur aux textes et aux phrases pour exprimer l’intelligence, nous l’utiliserions. Dans la confrontation, notre rôle n’est pas d’écrire l’histoire, nôtre rôle est de la bouleverser. Les soulèvements populaires seuls renversent l’Histoire.
Aujourd’hui
Il faut utiliser les assemblées populaires pour y partager nos revendications, nos vues. Il faut s’efforcer un maximum d’abandonner le vocabulaire du Pouvoir pour éviter le mimétisme. Le but d’une assemblée étant évidemment de parler, il ne faut pas s’y présenter pour y fustiger l’absence d’action sans s’y retrouver pratiquement aussi inaudible que débile.
Le grand débat est fait pour niquer les ronds-points. Il nous apparaît nécessaire de continuer non seulement à occuper les ronds-points et cabanes, mais aussi tous les espaces publics. Nous pensons qu’il ne faut pas aller au grand débat. Ne pas collaborer et rester une force sociale indépendante. Comme le disent nos adversaires : « on ne négocie pas avec les terroristes ! ».
Nous invitons absolument à participer en masse à la prochaine assemblée des assemblées et saluons absolument l’initiative des gilets-jaunes de Commercy.
À la dernière assemblée de Misère-sur-canal, certains déploraient notre manque de solidarité et la stagnation du mouvement. C’est faux, nous sommes tous solidaires, et ce ne sont que les querelles de pseudo réseaux sociaux qui font que certains finissent par penser cela. À chacun de prendre ses responsabilités pour ne pas verser dans de telles gamineries stériles. Quant à ce qui est de la « stagnation » ; nous en sommes à l’acte XII et il y a toujours autant de monde dans les rues, toujours autant de soutiens.
Le pays bouillonne et nous ne lâchons rien.
MACROGNON → EXTINCTION
Nous aimerions et comptons faire tourner ce texte aux autres GJ de France rencontrés ici et là , à Commercy et ailleurs. Nous voulons savoir si les amis sont d’accord avec ce qui est exprimé. Que pensez-vous ?
MTH déchaînés le 2 février 2019
Voir le PDF ici : amis_gj__1_
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