C’est le mardi 12 juin 2007 que la Cour de Cassation se prononcera dans l’affaire qui oppose le ministère de l’Intérieur à Hamé (un des chanteurs du groupe). L’arrêt de la plus haute juridiction, qui sera rendu le lendemain de l’audience, marquera ainsi, soit la fin définitive d’un long duel procédural, soit l’ouverture d’un nouveau chapitre.
C’est en effet après la diffusion gratuite du fanzine « La Rumeur le Magazine » (gratuit de 16 pages, distribué le 29 avril 2002, dans le cadre de la promotion de l’album L’ombre sur la mesure) que le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, avait déposé plainte contre Hamé pour diffamation envers la police nationale, dans son article intitulé : « Insécurité sous la plume d’un barbare ».
Cette accusation vise trois passages écrits en gras :
« Les rapports du ministère de l’intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété. ».
« Aux humiliés l’humilité et la honte, aux puissants le soin de bâtir des grilles de lecture. A l’exacte opposée des manipulations affleure la dure réalité. Et elle a le cuir épais. La réalité est que vivre aujourd’hui dans nos quartiers c’est avoir plus de chance de vivre des situations d’abandon économique, de fragilisation psychologique, de discrimination à l’embauche, de précarité du logement, d’humiliations policières régulières, d’instruction bâclée, d’expérience carcérale, d’absence d’horizon, de repli individualiste cadenassé, de tentation à la débrouille illicite… c’est se rapprocher de la prison ou de la mort un peu plus vite que les autres… ».
« (…) au travers d’organisations comme SOS racisme, crée de toutes pièces par le pouvoir PS de l’époque pour contribuer à désamorcer le radicalisme des revendications de la Marche des beurs : l’égalité des droits devient l’égalité devant l’entrée des boîtes de nuit. La justice pour les jeunes assassinés par la police disparaît sous le colosse slogan médiatique »Touche pas à mon pote !« ou »Vive le métissage des couleurs !« , etc. »
En décembre 2004, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris relaxe Hamé. Le ministère de l’Intérieur interjette appel de cette décision dans la foulée. Enfin, en juin 2006, la Cour d’appel confirme la relaxe. Nicolas Sarkozy se pourvoie alors en cassation.
Cinq ans de procédure et 15 000 euros de frais de justice plus loin, l’affaire reste à suivre (l’audiance n’est pas publique) on ne sait pas encore pourquoi (?).
Dix ans que La Rumeur torture des membranes de micro sur scène, comme en studio. Nous héritons de cette tradition, d’activistes Hip-Hop qui consacrent le verbe au service d’une poésie vandale et massacrent cette conception désormais consensuelle d’un rap dressé sur ces pattes arrières à qui l’on jette des morceaux de sucre. La Rumeur n’a jamais eu pour vocation de se conduire en chef de file, elle s’efforce juste d’élever cette musique à un niveau où on ne l’attend plus. Le ministère de l’intérieur nous le fait clairement comprendre par ailleurs, et ce, depuis avril 2002. Cinq ans de procédure et sûrement plus encore... Il en va du bon vouloir des jurés de la Cour de Cassation. Dans un pays, aujourd’hui, toujours tenté par un retour à une censure d’état digne des pages les plus honteuses de son histoire, on vous laisse imaginer le pire. Une chose est sûre, l’envie de pousser la rime aussi loin que ce troisième opus nous le permettra, résonne dans nos rangs et avec « Du coeur à l’outrage », cela va sans dire !
Des compléments d’infos sur : http://resistons.lautre.net
Dernières news :
C’est le mardi 12 juin que la Cour de Cassation devait se prononcer dans l’affaire qui oppose Sarkozy à Hamé. Le procès a été ajourné au 26 juin. Le verdict est donné le 11 juillet.
Acharnement de Sarkozy contre la Rumeur ! Le 11/07/07, La cour de cassation casse le jugement en appel à Paris et renvoie Hamé de nouveau devant le juge. Cette décision suscite beaucoup d’émoi, et d’effroi par rapport à la liberté d’expression.
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